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GHG Protocol : outil de calcul des émissions de GES en entreprise

  • Temps de lecture: 7 - 8 min
GHG protocol
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Le réchauffement climatique est une affaire mondiale. Entreprises, gouvernements et autres organisations ont un rôle à jouer dans la réduction des émissions carbone à l’échelle planétaire. Mais encore faut-il savoir comment s’y prendre !

La comptabilisation des émissions carbone à l’échelle mondiale est un enjeu de taille pour lutter contre le réchauffement climatique. Le GHG Protocol a été développé par plusieurs organisations internationales afin de combler le manque d’une méthode universelle pour calculer les émissions de GES, les comparer et les réduire. 

Créé pour permettre une harmonisation dans tous les secteurs, il repose sur des standards précis et couvre tous les scopes d’émissions carbone. Comment fonctionne le GHG Protocol ? Pourquoi l’appliquer en entreprise, et quelle est la différence avec le bilan carbone que vous connaissez déjà ? Éléments de réponse avec Big média.

Qu’est-ce que le GHG Protocol ?

Mesurer l’impact d’une entreprise sur l’environnement est la première étape d’une démarche de réduction de l’empreinte carbone. En France, le Bilan Carbone® de l’ADEME et le bilan GES (BEGES) rendent ce calcul obligatoire afin de mettre les entreprises sur la voie de la neutralité carbone. Au niveau international, le GHG Protocol établit un référentiel harmonisé facilement applicable.

Définition du GHG Protocol

Le Greenhouse Gas (GHG) Protocol (ou protocole de gaz à effet de serre) est un système de comptabilité et de déclaration des émissions de gaz à effet de serre (GES) carbone à l’échelle mondiale. 

Il a été élaboré en 1997 par le WBCSD (World Business Council for Sustainable Development) et le WRI (World Resources Institute), deux institutions américaines œuvrant pour le développement durable. Le GHG Protocol est né d’une volonté de créer une norme de comptabilité et de reporting des émissions de GES, grâce à un partenariat entre ONG et entreprises. Publiée pour la première fois en 2001, la norme du GHG protocol est régulièrement mise à jour pour inclure des conseils de calcul des émissions pour les entreprises. Le protocole de gaz à effet de serre concerne les entreprises, les villes, les gouvernements et d’autres types d'organisations souhaitant mesurer leurs émissions de GES et agir pour les réduire.

Quels sont les principaux gaz à effet de serre concernés par le GHG protocol ?

Le GHG Protocol concerne la mesure et la déclaration de 6 GES, déjà listés dans le Protocole de Kyoto. Il s’agit des principaux gaz à effet de serre émis par les activités humaines : 

  • dioxyde de carbone (énergies fossiles, élevage intensif, agriculture, déforestation) ;
  • méthane (élevage bovin) ;
  • hydrofluorocarbure (mines, pétroles, déchets) ;
  • protoxyde d’azote (industrie du froid et industrie de l’automobile) ;
  • perfluorocarbure (climatisation, systèmes de refroidissement) ;
  • hexafluorure de soufre (industrie pharmaceutique).

Quels sont les objectifs du GHG Protocol ?

S’il existe déjà des normes et des bilans pour mesurer son empreinte carbone, pourquoi se tourner vers le GHG Protocol ? Comme tous les systèmes existant pour comptabiliser les émissions de GES, le GHG Protocol a des objectifs précis et s’applique sur un périmètre défini.

Proposer un référentiel de comptabilité carbone international

Le fondement du GHG Protocol est d’instaurer un référentiel international de comptabilité et de déclaration des émissions de gaz à effet de serre international. 

Cette normalisation des bilans carbone permet de simplifier la comptabilité liés aux émissions de GES en proposant un encadrement adapté aux différents secteurs (industries, municipalités, etc.), grâce à une méthodologie et des standards spécifiques au GHG protocol. Une fois les bilans réalisés, le protocole offre aux organisations une comparaison de leurs émissions de GES.

Améliorer la pertinence, la complétude, l’exactitude et la transparence des bilans GES

Le protocole de gaz à effet de serre repose sur 5 principes pour assurer la bonne réalisation d’un bilan carbone. Ces principes sont similaires à ceux fréquemment utilisés dans la comptabilité et la déclaration des émissions carbone, et doivent être respectés par les organisations qui s’engagent à effectuer leur bilan : 

  • pertinence : s’assurer que la définition des paramètres qui reflètent les émissions de GES pour les entreprises et les besoins des utilisateurs soit appropriée ;
  • exhaustivité : inclure toutes les activités et sources d’émissions dans les périmètres choisis et justifier toute exclusion potentielle ; 
  • permanence : maintenir la méthode de présentation dans le temps afin de permettre une comparaison des variations, ou justifier tout changement effectué afin que les comparaisons restent valables ;
  • transparence : divulguer les options fondamentales et les méthodes de calcul utilisées afin de présenter des informations factuelles et cohérentes faisant l’objet d’un suivi clair ; 
  • exactitude : assurer la précision des mesures de GES selon leur usage et garantir l’intégrité de l’information publique diffusée les concernant.

Comment fonctionne le GHG protocol ?

Comment fonctionne le GHG Protocol ? Standards, étapes, outils, tout dans cette norme a été pensé pour permettre aux entreprises et autres organisations publiques ou privées de réaliser leur bilan d’émissions GES dans un cadre précis. 

Les 3 catégories d’émissions GES  dans le GHG Protocol : scopes 1, 2 et 3

Comme les autres bilans carbone disponibles pour les entreprises, le GHG Protocol définit des scopes d’émissions de GES (scopes 1, 2 et 3). Ils correspondent aux champs d’émissions des activités des organisations qui effectuent le bilan :

  • scope 1 : émissions directes (véhicules d’entreprise, activités de production) ;
  • scope 2 : émissions indirectes (énergie, électricité, chaleur ou système de refroidissement) ;
  • scope 3 : autres émissions indirectes (déchets, transport de marchandises, déplacements dans le cadre du travail, usage des produits vendus).

 

---Bon à savoir - GHG Protocol vs norme ISO 14064 - 1---

Publiée en 2006, la norme ISO 14064 instaure un cadre de comptabilisation et vérification des GES pour les gouvernements et les entreprises. La partie 1 de la norme détaille les standards qui permettent d’effectuer le calcul et la déclaration des émissions de GES.

La différence majeure entre la norme ISO 14064-1 et le GHG Protocol tient dans le fait que la norme ISO ne définit pas de champs d’application ou de lignes directrices strictes pour catégoriser les émissions, et impose des obligations différentes pour la présentation du rapport. 

Les standards du GHG Protocol

Villes, gouvernements, entreprises… Le GHG Protocol s’applique à des acteurs divers et doit leur permettre de mesurer leurs émissions de GES selon leurs opérations et leurs spécificités. Le protocole propose plusieurs standards afin que chaque entité puisse trouver ce qui lui correspond et effectuer sa comptabilité carbone de la manière la plus cohérente et exacte possible :

  • corporate standard : concerne les organisations (ONG, gouvernements) et entreprises ;
  • ghg protocol for cities : comptabilisation des émissions de GES à l’échelle d’une ville ;
  • mitigation goal standard : définition d’objectifs d’atténuation et compte-rendu de l’avancée ;
  • corporate value chain : évaluer l’ensemble d’une chaîne de valeur et identifier les postes de réduction prioritaires ;
  • policy and action standard : estimation de l’effet des politiques et des actions sur les émissions de GES ;
  • product standard : concentrer les efforts de réduction des GES sur le cycle de vie d’un produit ;
  • project protocol : évaluer l’effet des actions et des politiques autour des GES.

Les étapes de mises en oeuvre du protocole de gaz à effet de serre

La mise en œuvre du protocole de gaz à effet de serre s’effectue en plusieurs étapes. 

  • Il faut d’abord définir les périmètres organisationnels et opérationnels, afin de déterminer quelles émissions seront prises en compte dans la comptabilité carbone de l’entreprise
  • Le calcul des émissions de GES dans le cadre du GHG Protocol s’effectue selon la méthode recommandée par le GIEC. Le site du protocole met également à disposition des outils de calcul et des ressources pour aider les organisations réalisant leur bilan carbone dans le cadre de cette norme. Les émissions admissibles dans le calcul proviennent d’une année de référence, choisie pour faire l’objet de cette évaluation.
  • Les résultats obtenus mettent en avant les postes émetteurs de GES et permettent de prioriser les actions de réduction. L’entreprise (ou toute autre entité ayant effectué le bilan) peut désormais établir un plan d’action à l’aide d’une liste de recommandations, afin de réduire les émissions de GES identifiées.

Les outils du GHG Protocol pour calculer les émissions GES

Parmi les ressources mises à disposition sur le site du protocole de GES, il existe 4 outils pour élaborer des inventaires fiables des émissions de GES, orientés selon les secteurs et les besoins des entités se tournant vers ce système : 

  • intersectoriels : s’appliquent aux industries et aux entreprises de tous les secteurs ; 
  • spécifiques à chaque pays : développé pour les pays en développement ;
  • sectoriels : des outils développés pour des secteurs et industries spécifiques ;
  • pour les pays et les villes : pour aider les pays et villes à suivre leurs progrès.

Pourquoi appliquer le GHG Protocol en entreprise ?

Réaliser un bilan de son empreinte carbone et décarboner ses activités

La réalisation du GHG Protocol permet aux entreprises d’être transparente sur leurs émissions de GES et de communiquer sur leur évaluation dans le cadre de cette norme internationale. 

L’identification des émissions carbone est le moyen le plus efficace de réduire l’empreinte carbone de son entreprise, en mettant en place des actions de réduction. Cet engagement peut se traduire par le recours aux énergies renouvelables, une meilleure gestion des ressources ou une attitude de sobriété numérique dans les usages de l’entreprise.

 

---Bon à savoir - Le numérique, grand pollueur en entreprise---

Ordinateurs, smartphones, serveurs… en entreprise, le numérique est omniprésent. Il représente actuellement 10% de la consommation électrique mondiale, et 2,5% des émissions carbone totales en France. Pour limiter cet impact, les entreprises sont encouragées à adopter une pratique dite du « numérique responsable ». 

Derrière cette initiative, la loi REEN (réduction de l’empreinte environnementale du numérique), qui encourage à allonger la durée des équipements (grâce à la réparation et au reconditionnement) et à réduire la consommation des data centers. Ces infrastructures, qui fonctionnent 24h/24, sont particulièrement énergivores en raison de leurs systèmes de refroidissement. Pour limiter leur impact, plusieurs solutions existent : récupération de leur chaleur fatale, implémentation des énergies renouvelables ou encore labellisation des équipements.

 

Améliorer son image de marque et sa marque employeur

En suivant la méthodologie du GHG Protocol, une entreprise s’engage dans une démarche de réduction de ses émissions de GES. Les actions mises en place permettent à l’entreprise d’améliorer son image de marque auprès de ses parties prenantes (investisseurs, fournisseurs). 

L’amélioration de votre marque employeur passe également par la formation de vos collaborateurs afin d’en faire des acteurs de la réduction des émissions à l’échelle de l’entreprise. Le développement d’une marque impliquée dans la comptabilité et la réduction de son impact carbone permet d’attirer de nouveaux talents et investisseurs, qui cherchent désormais des entreprises engagées et transparentes sur leur contribution à la neutralité carbone.

GHG Protocol, bilan carbone, BEGES : que choisir pour son entreprise ?

Pour mesurer leurs émissions carbone, les entreprises ont l’embarras du choix en matière de méthodes. En France, il existe deux bilans réglementaires : le Bilan Carbone® de l’ADEME, qui se veut un outil de diagnostic et d’orientation pour les entreprises françaises, et le bilan GES (BEGES), obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés. Ces deux bilans couvrent les scopes 1, 2 et 3 et permettent d’obtenir une vue d’ensemble des émissions carbone d’une entreprise, afin de mettre en place un plan de réduction. 

Le GHG Protocol est un bilan fondé sur une norme internationale qui vise à mettre toutes les organisations sur le même plan afin de permettre une comparaison des émissions de GES. Il s’agit d’un protocole de standardisation de déclaration des GES, tandis que le bilan carbone est conçu comme un outil de décarbonation des entreprises. Le bilan carbone imposé par l’ADEME prend en compte un périmètre complet et inclut tout le scope 3 des émissions, là où le GHG Protocol requiert un minimum d’émissions pour comptabiliser celles dites indirectes, et exclut certaines sources de GES. La mise en place d’un plan d’action pour réduire les émissions est également facultatif dans le cadre du protocole international, là où le bilan carbone en propose obligatoirement un.

 

---Bon à savoir - Le Carbon Disclosure Project (CDP)---

Aujourd’hui, 9 entreprises sur 10 du classement Fortune 500 faisant partie du CDP ont eu recours au GHG Protocol. Le CDP est une organisation internationale à but non lucratif à la tête d’une base de données environnementales dont le rôle est d’encourager les entreprises, investisseurs et territoires (États, régions) à mesurer leur impact sur l’environnement et gérer les risques liés au climat, à travers des outils comme le GHG Protocol.

Le Carbon Disclosure Project propose un questionnaire annuel aux entités participantes afin de divulguer leur empreinte carbone et les aider à la quantifier et l’améliorer. Ce sont actuellement environ 13 000 entreprises internationales qui font partie de ce système.

 

 

Sources : 

Norme sur les objectifs d’atténuation, Greenhouse Gas Protocol

Norme de politique et d’action, Greenhouse Gas Protocol, WRI

Calculation tools and guidance, Greenhouse Gas Protocol

The GHG Protocol : A corporate reporting and accounting standard, WBCSD

ISO 14-064-1:2018, ISO

Méthode pour la réalisation des bilans d’émissions de gaz à effet de serre, ADEME