Scroll To Top

Mobilité décarbonée : 7 actions pour réussir la décarbonation des transports

  • Temps de lecture: 7 - 8 min
Transports décarbonés
© Copyright

À l’heure où chaque geste compte dans la lutte contre les émissions de CO2, zoom sur les stratégies et les modes de déplacement à privilégier pour renforcer la décarbonation des transports.

Face à l’urgence de la transition énergétique, la décarbonation des transports est une des voies incontournables. Cette démarche, au cœur des enjeux environnementaux contemporains, vise à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre engendrées par les déplacements.

Mais comment atteindre une mobilité décarbonée ? Quelles sont les diverses mesures et stratégies adoptées par la France pour amorcer cette transition cruciale ? Quelles sont les solutions et les modes de transport à privilégier pour limiter les émissions de CO2 sur l'ensemble de leur cycle de vie ? Les réponses dans cet article.

Qu’est-ce que la mobilité décarbonée ? 

La mobilité décarbonée désigne l’ensemble des modes de transports et des solutions permettant de se déplacer en produisant peu d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Il est important de noter que ces émissions sont calculées sur l’ensemble du cycle de vie du moyen de locomotion et pas seulement sur son utilisation : on tient ainsi également compte des émissions liées à la production du véhicule, de son acheminement vers le lieu de vente, de ce qu’il devient une fois hors-service… Il est donc illusoire de poursuivre un objectif de décarbonation totale du secteur.

Ce qui ne veut pas dire que le secteur doit s’abstenir de mettre en œuvre les mesures qui lui permettront de limiter au maximum ses émissions, bien au contraire ! La baisse de la consommation des carburants d’origine fossile (essence, diesel…), fortement émetteurs de CO2 ainsi que le recours à des alternatives (mobilités douces, transports en commun, véhicules électriques, covoiturage, etc.) est absolument nécessaire pour parvenir à contenir la hausse des émissions et à la neutralité carbone globale d’ici 2050.

Pourquoi est-il important de réduire les émissions CO2 du secteur du transport ?

Le secteur des transports en France présente actuellement une empreinte carbone de près de 140 millions de tonnes de CO2 eq. Il s’agit du 1er poste d’émissions, avec 31 % des émissions globales françaises de GES en 2019.

 

Les chiffres clés du secteur des transports
Source: ADEME

 

Une part importante de cette empreinte carbone provient de la pollution des voitures particulières (51 % des émissions de gaz à effet de serre des transports intérieurs en France), devant les poids lourds (22 %), les véhicules utilitaires légers (19%), les modes aériens, maritimes, fluviaux et ferroviaires (6 % des émissions de GES des transports) et les deux roues (1 %).

Réduire les émissions CO2 du secteur du transport

 

C’est pourquoi réduire les émissions carbone du transport constitue un levier indispensable pour que la France remplisse les engagements pris à l’occasion de l’Accord de Paris. Il s’agit d’un objectif incontournable en faveur de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique.

Quels sont les enjeux de la décarbonation des transports ?

Décarboner la mobilité répond bien entendu à des enjeux écologiques : réduire les émissions de GES du secteur permettrait de faire un pas en avant dans la maîtrise de notre impact sur le climat. 

Toutefois, la dimension environnementale n’est pas la seule. La baisse des émissions dues au transport est également un enjeu de santé publique : en décongestionnant la circulation, on limite du même coup le rejet de particules fines dans l'atmosphère, particulièrement nocives pour la santé des humains et des animaux. Selon le dernier rapport de Santé Publique France concernant la période 2016-2019, ces particules seraient responsables de la mort de 40 000 personnes âgées de 30 ans et plus chaque année. Tous les ans, elles priveraient également 8 mois d'espérance de vie, en moyenne, aux Français de cette même tranche d'âge. 

La décarbonation des transports comporte également des enjeux géopolitiques, en réduisant en effet la dépendance de la France aux pays exportateurs de pétrole et les risques de fluctuation importante du marché et d'approvisionnement en cas de tensions géopolitiques. Enfin, le développement de filières innovantes (telles que la filière de l’hydrogène vert) est créateur de nouveaux emplois, ce qui soulève un enjeu économique et social fort.

Mobilité bas carbone : quelles sont les réglementations ?

Trois cadres réglementaires ont été entérinés en France pour inciter et soutenir la réduction de l’empreinte carbone des transports et viser la neutralité carbone à l’horizon 2050 : 

Ces textes de loi et initiatives gouvernementales présente les objectifs suivants : 

  • baisser les émissions de CO₂ de 37,5 % en 2030 ; 
  • interdire la vente de voitures utilisant des énergies fossiles carbonées d'ici à 2040.

Ils viennent par ailleurs en complément du dispositif des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) dont certains programmes encouragent l’éco-mobilité.

7 actions pour accélérer la décarbonation du transport et passer à un transport plus durable

Plusieurs solutions permettent de réduire la pollution dans le secteur des transports et de tendre vers une mobilité décarbonée et un mode de transport plus durable : 

  • la modération de la demande de transport ; 
  • l’incitation à la mobilité active ; 
  • le renforcement des transports en commun ; 
  • l’appel aux mobilités partagées ;
  • le recours aux véhicules alternatifs au thermique ;
  • l’augmentation de l’efficacité énergétique des moyens de transport ; 
  • le report modal.

Repenser la logistique et le déplacement des personnes pour réduire la demande de transport

Pour réduire les émissions de carbone liées au transport, il est nécessaire de baisser le nombre de kilomètres parcourus par les voyageurs ou par les marchandises. Cet objectif de réduction de la demande de transport des particuliers implique que les pouvoirs publics repensent l’aménagement du territoire, afin d’éviter l'étalement urbain et de favoriser un objectif de proximité au quotidien.

À noter que les entreprises ont un rôle à jouer en favorisant le télétravail et le recours aux tiers lieux. L’ADEME estime en effet que le télétravail permettrait d’éviter le rejet de 3 300 tonnes de CO₂ aux heures de pointe un jour de semaine ! 

Revoir les processus logistiques a également pleinement son rôle à jouer, avec une optimisation du remplissage des véhicules ou de leurs trajets, de manière à limiter le transport « à vide ».

Favoriser la mobilité active

Les mobilités actives comprennent la marche, l’usage du vélo, de la trottinette, des rollers, etc. : en bref, toutes les solutions de transport les moins émettrices de GES. Elles sont en effet neutres en carbone à l’usage en raison de l’absence de combustion d’énergie fossile. De plus, elles présentent un intérêt en termes de santé publique puisqu’elles incitent à l’activité physique. On notera toutefois que même si les vélos électriques ou trottinettes électriques font partie de la catégorie mobilité active, ils ont néanmoins un impact plus important du fait de la nécessité de les recharger en électricité (et des émissions liées à leur fabrication qui nécessite l’extraction de certains matériaux miniers).

Mais comment favoriser la mobilité active ? D’abord en accroissant les aménagements du territoire (pistes cyclables, rues piétonnes ou encore élargissement des trottoirs). Ensuite, en révisant l’organisation des entreprises, notamment via le travail en tiers lieux à proximité du domicile. Enfin, en poussant l’offre de commerces de proximité afin que les consommateurs n’aient moins fréquemment à se rendre dans des centres commerciaux en périphérie de la ville.

Renforcer l’usage des transports en commun

Dans le cas où les mobilités actives sont impossibles, notamment lorsque les distances sont trop importantes pour les trajets domicile-travail, la décarbonation des transports des particuliers peut passer par l’usage renforcé des transports en commun (métro, bus, train, etc.).

Là encore, des investissements publics sont nécessaires afin de construire de nouveaux réseaux et moderniser les infrastructures existantes. Côté entreprises, celles-ci peuvent également promouvoir des aménagements d’horaires de travail pour éviter les heures de pointe dans les transports en commun.

Encourager les mobilités partagées

Le terme « mobilité partagée » recouvre toutes les solutions alternatives à l’autosolisme, c’est-à-dire le fait de circuler seul à bord de son véhicule. Il comprend, par exemple, l'autopartage ou le covoiturage sur les trajets domicile-travail. Afin de consolider et d’encourager cette pratique, le gouvernement a justement créé la prime Coup de pouce Covoiturage en 2023, dont près de 277 000 personnes ont déjà bénéficié sur les courtes distances.

La mobilité partagée a de nombreuses vertues : 

  • la réduction des embouteillages ; 
  • la réduction du gaspillage de carburant, un avantage à la fois écologique et économique, puisqu’il participe à la baisse des frais de transport et des émissions ;
  • une réduction de l’utilisation des véhicules, pour une durée de vie plus importante.

Développer les alternatives aux véhicules thermiques

Les véhicules électriques ont un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle thermique similaire, sur l’ensemble de leur cycle de vie - à condition, toutefois, que la production d’électricité soit décarbonée ou bas-carbone. 

Il est en effet important de noter que la fabrication des véhicules électriques, et plus particulièrement de leur batterie, engendre des émissions de carbone bien plus importantes que celle des véhicules thermiques. Ces émissions peuvent néanmoins être compensées à l’utilisation si, et seulement si, la recharge de la batterie est réalisée à partir d'électricité à minima bas-carbone. 

Pour cela, il est nécessaire de favoriser la production d’électricité verte et les entreprises ont un rôle à jouer dans cette accélération. Elles peuvent notamment réviser leurs contrats en faveur de fournisseurs d’énergie éco-responsables. L’installation d’une mini centrale (photovoltaïque en toiture ou abri de parking) est également une piste possible. Enfin, elles peuvent renouveler leur flotte pour des modèles électriques ou à hydrogène, ou encore installer des bornes de recharges, de manière à inciter leurs collaborateurs à adopter l’électrique pour leur véhicule personnel.

En dehors de l’électrique, l’État compte sur trois autres principales filières de carburants alternatifs pour viser la neutralité carbone du secteur du transport et de la mobilité d’ici 2050 : l’hydrogène, le bioGNV (le biogaz pour véhicule, issu de la méthanisation et exploitable sous forme comprimée, GNC, ou liquéfiée, GNL), et les bio carburants liquides.

Augmenter l’efficacité énergétique des transports 

Augmenter l’efficacité énergétique dans les transports est une composante indispensable à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, du secteur et à plus grande échelle. 

Cela peut se traduire, par exemple, par la réduction de la taille, de la puissance et du poids des véhicules pour aller vers plus d’aérodynamisme. Cet objectif pourra être atteint en incluant notamment la variable du poids du véhicule dans le calcul du malus pour les véhicules polluants, tel que proposé par la Convention Citoyenne pour le Climat. La promotion des véhicules intermédiaires entre la voiture et le vélo, tels que les vélomobiles ou les quadricycles (l’équivalent de voitures de moins de 500 kg) peut également constituer une piste intéressante.

Enfin, limiter la vitesse à 110 km/h sur autoroute participerait également à la baisse de la consommation et à l’augmentation du report modal (transfert des usagers d’un mode de transport vers un autre) vers le train.

Baisser la part du transport routier au profit d’autres moyens de transports plus écologiques  

Favoriser le report modal, et donc le fait de délaisser des transports polluants au profit d’autres modalités de transport plus vertueuses, notamment le ferroviaire, les mobilités douces ou modes actifs (vélo), est une autre piste d’action. 

Rappelons que le train est la solution la plus bas carbone pour les longues distances. Il est 8 fois moins polluant que la voiture et 14 fois moins polluant que l’avion.

Par ailleurs, il est intéressant de savoir que le report de 1 % d’un mode carboné (voiture, avion, poids-lourds) vers un mode décarboné (modes actifs, ferroviaire) permet de réduire les émissions de GES d’1%.

Enfin, pour les marchandises, le transport intermodal, ou « multimodal » est à privilégier. Il s’agit de faire usage de plusieurs modes au cours d’un même trajet, en favorisant le fret ferroviaire et le transport fluvial, afin de limiter le trafic routier.

Les avantages de la décarbonation des transports pour les entreprises 

Réaliser des économies

La transition écologique dans le secteur des transports offre des opportunités financières considérables, notamment grâce aux économies d'énergie réalisées par l'adoption de nouvelles motorisations et l'optimisation des trajets.

Devancer la réglementation

La réglementation sur la divulgation des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour chaque service fourni tend à se durcir pour les entreprises. En mettant dès maintenant en œuvre une politique de décarbonation, notamment sur le volet des transports, elles se conforment aux textes actuels et auront ainsi moins de mal à suivre de futures exigences légales plus poussées.

Gagner de nouveaux marchés

Les attentes croissantes en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE) de la part des clients et des partenaires entraînent une évolution des critères dans les appels d'offres. Ainsi, en verdissant leurs pratiques liées au transport, les entreprises maximisent leurs chances de remporter de nouveaux marchés.

 

 

Sources :

Les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports - Notre environnement

Le télétravail, ça change quoi pour la planète ? ADEME

Coup de pouce "Covoiturage longue distance" - Ministère de la transition écologique 

AVIS SUR LE VÉHICULE ÉLECTRIQUE - ADEME 

Agir sur la réglementation et aider à la transition vers un parc de véhicules propres - Convention citoyenne pour le climat 

Quels transports pour nos envies d’ailleurs ? - ADEME 

Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) - Ministère de la transition écologique  

Plan d’avenir pour les transports - Gouvernement 

La loi d'orientation des mobilités - Ministère de la transition écologique