Avion, voiture… Réduire l'empreinte carbone des transports de l'entreprise

En France, l’empreinte carbone du secteur des transports – tous modes confondus – représentait 30 % des émissions françaises des gaz à effet de serre (GES) en 2021. Il s’agit de l’activité qui contribue le plus aux émissions globales de GES du pays, devant l’industrie et la construction ainsi que l’agriculture. En entreprise, les émissions dues à la mobilité des collaborateurs ainsi qu’au transport des marchandises (scope 3) peuvent également occuper une place importante dans le bilan carbone des organisations. Alors, quelles sont les solutions pour réduire l’empreinte carbone des activités des entreprises liées au transport ? 

Qu'est-ce que l'empreinte carbone des transports ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons que, selon la définition de l’INSEE, l’empreinte carbone représente, à l’échelle de la France, « la quantité de gaz à effet de serre (GES) induite par la demande finale intérieure d'un pays [...] que les biens ou services consommés soient produits sur le territoire national ou importés ». À l'échelle d’une entreprise, on comptabilise donc 3 scopes d’émissions : 

• les émissions de GES issues des activités liées à la production de biens et de services destinée à la demande intérieure (c'est-à-dire hors exportations) ;
• les émissions de GES associées aux biens et services importés pour les consommations intermédiaires des entreprises, afin de produire les biens et services destinés à la demande intérieure ;
• les autres émissions directes de GES (principalement liées à la combustion des carburants des véhicules commerciaux et la combustion d'énergies fossiles pour le chauffage).

L’empreinte carbone des entreprises en matière de transport entrent dans le scope des deuxième et troisième points. 

Comment évaluer l'empreinte carbone liée aux transports dans votre entreprise ?

Avant d’envisager des solutions pour réduire l’empreinte carbone liée aux transports au sein de votre entreprise, il est important de disposer d’un état des lieux précis de votre impact écologique actuel.

Ainsi, pour une décarbonation efficace des transports en entreprise, vous devez au préalable connaître : 

• la part qu’occupent les émissions de CO2 liées aux modes de transports de l’entreprise dans son empreinte carbone globale ; 
• la part de chacun des modes de transport (véhicules légers, poids lourds, aérien, maritime, ferroviaire) dans l’empreinte carbone totale liée au transport ; 
• les sources d’émission les plus carbonées (votre flotte de l’entreprise, les véhicules personnels de vos collaborateurs, vos prestataires logistiques, le transport de marchandises intermédiaires).

Il est également primordial de savoir si votre empreinte carbone transport est liée à des émissions directes (sur lesquelles votre entreprise a le pouvoir d’agir) ou à des émissions indirectes (via un prestataire, un fournisseur, un client BtoB, etc) – sur lesquelles il est plus difficile d’intervenir.

Mesurer les émissions de CO2 liées aux transports avec un diagnostic carbone

Réaliser un audit carbone est indispensable pour connaître le poids relatif et la structure de vos émissions carbone liées au transport. Pour cela, plusieurs outils sont à votre disposition : 

• le Bilan Carbone® de l’ADEME ;
• le Bilan GES (BEGES) pour les entreprises assujetties ;
• les autres diagnostics de cabinets conseils indépendants ; 
• les diagnostics en Saas. 

Ces données de consommations et de rejets de GES connues vous donneront une idée plus précise des pistes d’actions à prioriser et des objectifs de réduction des émissions carbones dues au transport qu’il faudra fixer.

Rédiger un plan de mobilité (ou PDE)

Le plan de mobilité (ou PDE) se définit comme « l’ensemble des mesures qui vise à optimiser et augmenter l'efficacité des déplacements liés à l’activité d'une entreprise, pour diminuer les émissions polluantes et réduire le trafic routier », selon l’ADEME. Il s’agit donc d’un dispositif particulièrement adapté pour formaliser les résultats de votre état des lieux, les pistes d’actions qui en découlent ainsi que les objectifs que vous vous êtes fixés en vue de réduire l’empreinte carbone liée aux transports de votre entreprise. 

Diminuer l’empreinte carbone des transports : quels avantages pour votre entreprise ?

La réduction de l’empreinte carbone des transports est bénéfique pour l’entreprise engagée dans la transition énergétique et écologique. 

• Tout d’abord, cela contribue à la lutte contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. 
• Ensuite, cela peut améliorer la réputation de l’entreprise et sa marque employeur en montrant sa démarche RSE et son engagement en faveur de l’environnement.
• Enfin, cela peut également réduire les coûts à long terme en encourageant l’utilisation de modes de transport propres plus durables et en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles. 

Les entreprises peuvent mettre en place des solutions pour réduire l’empreinte carbone des transports, telles que l’encouragement de la mobilité durable, l’installation de bornes électriques pour les vélos et les voitures, l’offre d’un crédit mobilité, l’encouragement du covoiturage, l’investissement dans des véhicules électriques ou hybrides pour le transport de marchandises, et la promotion du télétravail.

Réduire l’empreinte carbone liée au transport de personnes au sein des entreprises 

Au sein des émissions de GES des transports intérieurs en France en 2021, le Ministère de la Transition écologique estime que la voiture particulière représente 53%. Ainsi, la mobilité de vos collaborateurs est un des axes centraux sur lequel il faut agir pour baisser l’empreinte carbone de l’entreprise. 

Pour cela, plusieurs options sont possibles, tels que l’augmentation du télétravail, la promotion des transports en commun, des mobilités douces ou du véhicule électrique et le recours limité à l’avion pour les déplacements professionnels.

Favoriser le télétravail 

Une politique volontariste de télétravail permet de limiter le nombre de trajets quotidiens domicile-travail. L’ADEME estime ainsi que cette pratique fait baisser de 69% le nombre de déplacements d’un salarié. 

Pour garantir des conditions de travail correctes aux collaborateurs, l’entreprise peut leur offrir la possibilité de travailler depuis des tiers-lieux à proximité de leurs domiciles. Pensez également à développer le flex office, c’est-à-dire l’autorisation de travailler en horaires décalés pour éviter les trajets aux heures de pointe.

Inciter les collaborateurs à emprunter les transports en commun

Si votre entreprise est implantée dans une grande ville, encouragez vos salariés à se rendre au travail en transports en commun : bus, train, métro/RER, tramway.

Pour cela, augmentez la participation financière aux abonnements, voire optez pour leur prise en charge totale. Rappelons que la loi impose une participation minimale de 50%.

Si l'offre de transport en commun n'est pas pertinente au regard de la situation géographique de votre entreprise, incitez vos collaborateurs à faire du covoiturage.

Sensibiliser les salariés aux mobilités douces et durables

Aujourd’hui, la part des salariés qui utilisent le vélo pour aller au travail est encore négligeable : moins de 3% des actifs, selon l’INSEE. 

Pourtant, de nombreuses solutions se développent, dont le vélo électrique et la trottinette électrique.

Pour inviter vos collaborateurs à se saisir de ces nouvelles mobilités douces, veillez à sécuriser le gardiennage du matériel (local vélo sécurisé), à fournir du matériel de dépannage ou encore à proposer un service gratuit d’entretien. Participez également financièrement à l’achat du matériel, établissez des partenariats avec des loueurs de vélos… Pensez également à sensibiliser vos collaborateurs au Forfait mobilité durable (FMD), un dispositif financier de soutien aux salariés du secteur privé et agents de services publics pour leurs déplacements domicile-travail.

Développer l’usage de véhicules électriques

En pleine expansion, les voitures électriques permettent également de décarboner les transports de l’entreprise, qu’il s’agisse des véhicules personnels de vos collaborateurs ou de votre flotte d’entreprise. 

Installer des bornes de recharge pour véhicules électriques à destination des collaborateurs 

Qui dit véhicule électrique dit besoin de recharger. Développer ce mode de transport demande donc d’augmenter le nombre de bornes de recharge disponibles. En installer sur le parking dédié aux salariés permettra à ces derniers de recharger les batteries de leur voiture sur leur temps de travail et facilitera la transition d’un véhicule thermique à un véhicule électrique pour vos collaborateurs.

Rénover sa flotte de véhicules de fonction 

L’installation de ces bornes pourra également soutenir le passage à l’électrique pour votre flotte de véhicules de fonction, une action importante pour réduire l'impact carbone de cette dernière.

Conscients du coût d’une telle opération, Bpifrance et l’ADEME proposent le dispositif Diag Décarbon'action. Il s’agit d’une aide financière destinée aux PME pour les aider à remplacer leurs véhicules thermiques par des véhicules électriques.

Limiter l’usage de l’avion pour les déplacements professionnels 

Pour limiter l’impact carbone de l'utilisation de l'avion en entreprise, établissez des règles claires en matière de déplacements professionnels. Vous pouvez par exemple imposer de privilégier le train pour des temps de trajet inférieur à 5 heures. Demandez également à vos collaborateurs d’optimiser leurs déplacements professionnels lointains afin d’éviter de multiplier les allers-retours, de préférer les vols directs quand cela est possible, etc.

Limiter les émissions de GES liées au transport maritime et routier de marchandises

Les poids lourds et les véhicules utilitaires légers représentaient respectivement 27% et 15% de l’empreinte carbone liée au transport en France en 2021 selon le Ministère de la Transition écologique, soit 42% au total. Le non routier pour les transports intérieurs (ferroviaire, maritime) pèse en revanche seulement 3% de l’empreinte carbone liée au transport.

Or, les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) sont clairs : il faudra atteindre une réduction de 28% des émissions de GES en 2030 pour le transport et une décarbonation complète (à l’exception du transport aérien domestique) d’ici 2050.

Alors, quelles sont les solutions en matière de transport de marchandises ? 

Émissions de gaz à effet de serre (GES) par moyen de transports en France

Intégrer des critères de sélection autres que le prix du transport

Lors de la définition du besoin logistique de votre entreprise, il est naturel de regarder le coût du transport. Cependant, pour réduire l’empreinte carbone du transport en camion ou en conteneurs, il est nécessaire d’intégrer d’autres critères, à caractères sociaux et environnementaux. Pour sélectionner vos fournisseurs, analysez leur engagement dans la réduction des émissions de GES, via, par exemple, leur participation au programme Fret21.

Véhicules électriques, hybrides…Changer la flotte de véhicules dédiés à la livraison 

Si votre entreprise effectue elle-même des livraisons au client final, il est important de revoir la composition de votre flotte de véhicules dédiée à cette fonction. Vous pouvez par exemple opter pour des véhicules utilitaires légers hybrides ou électriques, ou à défaut passer au biocarburant.

Si possible, pour les livraisons courtes, privilégiez les modes doux comme les vélos cargos.

Pensez également à optimiser la logistique des expéditions et à maximiser le remplissage des camions, afin de limiter le nombre de livraisons et réduire les kilomètres à vide.

Opter pour le transport combiné pour réduire l’empreinte carbone des transports 

Opter pour le transport multimodal permet de limiter votre impact carbone mais implique le report modal de la route vers le ferroviaire (fret) ou le fluvial, en combinant plusieurs modes de transport.

Priorisez les transports ferroviaires, dans la mesure où un train a une capacité de 45 poids lourds pour une consommation d’énergie 6 fois inférieure et des émissions de CO² 9 fois inférieures. Sachez également que la France dispose d’un des réseaux de voies navigables les plus importants d’Europe : le voyage fluvial ou maritime pour les marchandises est aussi à favoriser pour décarboner vos transports, quand cela est possible.

_{SOURCES :}

_{Les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports - notre-environnement}

_{Données clés | Chiffres clés transports 2023} 

_{La voiture reste majoritaire pour les déplacements domicile-travail, même pour de courtes distances - Insee Première} 

_{La loi d'orientation des mobilités | Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires} 

_{Diag Décarbon’Action - Diagnostic Accompagnement Bpifrance} 

_{https://www.ecologie.gouv.fr/faq-forfait-mobilites-durables-fmd} 

_{https://fret21.eu/}