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Critères ESG : définition, exemple, enjeux pour les entreprises

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Outil très prisé par les investisseurs, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ou critères ESG) permettent de rendre compte de la performance extra-financière d’une entreprise. Mais ils sont aussi destinés aux sociétés qui souhaitent intégrer une démarche développement durable au sein de leurs activités.

En France, la loi sur la Transition Énergétique pour la Croissance Verte a imposé aux grandes entreprises financières (banques, assurances et sociétés de gestion) de procéder à un reporting extra-financier. Ce rapport offre aux investisseurs une grille d’analyse financière lisible qui facilite l’émergence de l’investissement socialement responsable (ISR).

La performance financière d’un placement éthique est-elle à la hauteur d’un investissement classique ? Et comment sélectionner ces critères ESG ? Big Média vous éclaire.

Quels sont les critères ESG ?

Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG ou environmental, social and governance en anglais) sont les trois nouveaux piliers que les investisseurs examinent avant de prendre des décisions d'investissement liées à la performance extra-financière des entreprises.

Critères ESG, définition

Selon la définition de l’Autorité des marchés financiers (AMF), ces critères extra-financiers « permettent d’évaluer un acteur économique en dehors des critères financiers habituels que sont la rentabilité, le prix de l’action et les perspectives de croissance. »

Ils constituent donc un outil pertinent et efficace pour évaluer la démarche RSE d'une entreprise en analysant l’intégration du développement durable dans ses activités et en évaluant sa contribution à la société. 

En outre, une analyse combinée des performances financières et extra-financières est indispensable pour :  

  • établir une vision de l’entreprise dans sa globalité ;
  • apprécier la valeur d’une activité ;
  • mettre en place une démarche de développement durable et une stratégie d’investissement responsable.

L’origine des critères ESG

En 1998, John Elkington, cofondateur du premier cabinet de conseil en stratégie de développement durable britannique, publie The Triple Bottom Line (triple performance ou triple bilan). Il y explique qu’une entreprise devrait prendre en compte les « trois P » : people, planet, profit (les parties prenantes, l’environnement et l’économie). Modernisé, ce concept a donné naissance aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, sur lesquels se basent les principes d’investissement durable aujourd’hui.

Bon à savoir : ESG, signification 
Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont tout à fait différents des critères traditionnels de la finance. Ils définissent un cadre plus éthique et durable pour les investisseurs qui recherchent des informations sur le long terme. 
Les critères ESG rapportent donc les actions d’une entreprise dans les domaines de l'écologie, du droit du travail et de la gouvernance.

Quels sont les 3 piliers des critères ESG ?

Les critères ESG s’articulent autour des trois piliers qui définissent la démarche RSE des entreprises : l’environnement, le social et la bonne gouvernance. Il est dans l’intérêt d’une organisation d’agir dans ces trois domaines, car les investisseurs les examinent de près pour apprécier les performances extra-financières d’une entreprise. 

Critère environnemental 

Le premier critère ESG évalue le rapport à l'environnement d’une organisation et son engagement dans le développement durable. L’impact direct ou indirect de l’activité de l’entreprise sur la planète est mesuré par rapport aux données suivantes :

  • la gestion et/ou les recyclage des déchets ;
  • la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la consommation énergétique en utilisant des énergies renouvelables ;
  • la prévention durable des risques environnementaux liés aux potentielles catastrophes industrielles (marées noires, contamination des sols…) ;
  • le respect de la biodiversité. 

Critère social  

Ce critère jauge l’impact direct ou indirect d’une organisation sur les parties prenantes (les collaborateurs, clients, fournisseurs, syndicats et communautés locales). Basée sur les droits de l’Homme, les principes de santé publique et de diversité, la performance sociale est pesée en tenant compte des points suivants :

  • le respect du droit des employés (sur la base des normes internationales du travail) ;
  • la rémunération adéquate des employés ;
  • le respect du dialogue social dans la politique de management (et ce tout au long de la chaîne d’approvisionnement, ce qui implique les partenaires et sous-traitants) ;
  • la prise en compte de la parité et l’intégration de collaborateurs en situation de handicap ou issus de minorités ;
  • la prévention des accidents du travail ;
  • la formation du personnel ;
  • les pratiques promouvant le bien-être du personnel ;
  • le lien entre l’entreprise et les communautés locales.


Critère gouvernance de l’entreprise 

Le dernier critère RSE relève des processus de décision d’une organisation, qu’il s’agisse de répondre aux besoins des parties prenantes ou de se conformer à la loi. La gouvernance de l’entreprise est appréciée en fonction des indications suivantes :

  • les mesures pour lutter contre la corruption ;
  • la transparence sur la rémunération des dirigeants ;
  • l’existence d’un comité de vérification des comptes ;
  • la façon dont est gérée l’organisation (indépendance de la direction et du conseil d'administration) ;
  • les relations avec les actionnaires et leur rôle.
Bon à savoir : Quelle différence entre RSE et ESG ?
La RSE, ou Responsabilité Sociale et Environnementale des Entreprises, désigne l’engagement volontaire d’une organisation à intégrer les critères ESG enjeux extra-financiers à son activité. 
Les critères ESG font, quant à eux, figure de référence pour les différents acteurs économiques afin de guider leur stratégie dans une optique de finance durable en vue d’attirer les investisseurs engagés dans une stratégie ESG.

Comment est calculé le score ESG d’une entreprise ?

Assigné à des agences de notation telles que MSCO, ISS, Vigeo Eiris ou Ethifinance, le score ESG est calculé en évaluant la performance globale de l’entreprise et chaque critère ESG individuellement. Les agences assignent en effet un poids différent à chacun de ces critères. Avant d’attribuer leur note, elles comparent également l’entreprise à d’autres organisations du même secteur.

Pourquoi investir dans les ESG ?

Il est tout à fait cohérent qu’une entreprise qui s’engage dans une démarche RSE intègre des critères ESG. L’intégration de ces critères se traduit de plusieurs manières concrètes pour l’entreprise, qui : 

  • attire davantage de clients, partenaires et autres parties prenantes sensibles du défi climatique ;
  • contrôle sa consommation d'énergie et optimise la gestion de ses ressources ;
  • redore son image et sa crédibilité ;
  • attire les meilleurs talents ;
  • renforce ses relations avec les populations locales ;
  • accède plus aisément aux subventions et au soutien gouvernemental.

Les critères ESG rassurent les investisseurs 

Les critères ESG procurent des informations capitales aux investisseurs qui souhaitent placer dans des entreprises éthiques, respectueuses de l’environnement et des enjeux sociétaux.

En effet, selon l’enquête ESG 2023 de BNP Paribas, 76 % des investisseurs estiment que le changement climatique et la décarbonation sont des éléments assez importants pour influencer leur stratégie d’investissement. En parallèle, 54 % des investisseurs projettent d’avoir recours à l’impact investing ou investissement à impact social.

Les critères ESG améliorent l’image de marque

Les pratiques socialement responsables permettent de valoriser l'image et accroître la crédibilité de l’entreprise. Une image employeur prestigieuse permet d’attirer et de retenir les collaborateurs les plus talentueux. Par ailleurs, une entreprise qui applique les critères ESG développe des liens durables avec son environnement externe, comme la commune où elle est installée et ses habitants. Enfin, un engagement envers le développement durable et la société constitue également un facteur qui influence les décisions d’achat des consommateurs et les fidélise.

Les critères ESG boostent la performance de l’entreprise

Une entreprise qui applique les critères ESG optimise sa consommation de ressources et ses processus de production. Raisonner sa chaîne de production se traduit par : 

  • la limitation des impacts environnementaux et sociaux ;
  • une amélioration générale des performances ;
  • une réduction des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance ;
  • la réalisation d’économies financières non négligeables ;
  • une résistance plus forte à la volatilité des cours.

Les critères ESG assurent le respect des lois

En 2019, l’Union européenne présentait le Pacte vert pour l’Europe, une stratégie de croissance destinée à atteindre la neutralité carbone aux environs de 2050 tout en stimulant l’économie et valorisant la qualité de la vie. 
Selon la loi sur la Transition Énergétique de 2015 (article 173), les sociétés ont l'obligation d'informer sur la façon dont elles intègrent les critères ESG dans les fonds qu'elles offrent. Le reporting ESG fait désormais partie intégrante de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), une directive de l'Union Européenne qui comprend un ensemble de mesures destinées à améliorer les flux financiers en faveur des activités durables au sein de l'UE.
Les entreprises qui appliquent d’ores et déjà les critères ESG auront donc une longueur d’avance pour le futur proche. En effet, la détermination de l’Europe à atteindre  les objectifs climatiques ambitieux qu’elle s’est fixés promet un durcissement et une multiplication des règlements ESG obligatoires. 

Comment utiliser les critères ESG dans sa stratégie RSE ?

Les indicateurs ESG évaluent la stratégie RSE d’une entreprise. Ils constituent donc un guide pour  compléter le reporting extra-financier, destiné aussi bien au choix d’investissements durables qu’à la sélection de parties prenantes responsables.

Choisir des investissements durables

Investir de manière éthique, durable et/ou à faible empreinte carbone peut s’avérer être un véritable défi.
Une solution consiste à opter pour des fonds d’investissement qui élaborent pour vous une stratégie d’investissement, en alignant les fonds de votre entreprise sur vos priorités spécifiques et vos valeurs ESG. Les résultats dépendent des indicateurs choisis et de la stratégie d’allocation mise en place. 

Vous pouvez également vous équiper des critères ESG comme d’un mètre-étalon pour analyser les performances RSE des entreprises qui vous intéressent. 

Le gouvernement a, par exemple, mis en place la plateforme Impact qui permet aux entreprises de mesurer et publier plus aisément leurs données ESG. Les acteurs de l’économie y trouvent des indicateurs sur les performances ESG et des détails sur les changements dans la réglementation. La plateforme est munie d’un formulaire en ligne qui facilite la mise en place d’une stratégie RSE. Il propose une liste de déclarations qui comprend :

  • les rejets de gaz à effet de serre, qu’ils soient directs ou indirects ;
  • la proportion du CA généré par les énergies fossiles ;
  • la mise en place d’un plan de mobilité d’entreprise ;
  • le pourcentage d’employés seniors ;
  • les disparités salariales entres hommes et femmes ;
  • le taux d’employés en situation de handicap ;
  • le nombre d’administrateurs indépendants ;
  • la présence d’un plan d’action d’achats responsables.

Pour chacune de ces données, la plateforme fournit le type de réponse attendue. 

Il existe également des labels comme ISR ou GreenFin (finance verte) pour vous guider dans vos investissements.

Sélectionner des partenaires responsables

Un reporting sur les performances extra-financières aide également à choisir les parties prenantes, qu’il s’agisse de fournisseurs, partenaires ou d’actionnaires. Définir des critères de sélection basés sur les engagements ESG d’une partie prenante contribue à construire un réseau engagé, en faveur de la protection de l’environnement et d’une société plus équitable. 

À titre d’exemple, certaines entreprises décident de ne collaborer qu’avec des fournisseurs éthiques pour mettre en œuvre leurs politiques d’achats responsables. En effet, ce choix ne se fait plus uniquement sur des critères financiers, mais englobe aussi leurs indicateurs ESG.

Critères ESG : quels enjeux pour les entreprises ? 

L’intégration des critères ESG pèse dans les stratégies des investisseurs, pour qui l’investissement responsable est un moyen de contribuer aux objectifs de développement durable (ODD). Une réalité qui s'applique aussi bien aux grandes entreprises, qu’aux PME, ETI et startups, bien que l’obligation légale de reporting extra-financier ne vise que les plus grandes structures.

Pour les startups, PME et ETI

Pour l’instant, les lois s’adressent avant tout aux grands groupes et entreprises mais l’obligation de reporting extra-financier s’étend à de plus en plus de structures. C’est en effet le cas avec la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), dont les mesures entrant en vigueur en 2024 toucheront des milliers d’entreprises supplémentaires en France. Les PME, ETI et startups peuvent dès à présent anticiper l’application de ces critères ESG dans leur analyse. 

Par ailleurs, la stratégie nationale Bas Carbone va très certainement entraîner une extension des lois appliquées aux entreprises de plus de 500 salariés aux plus petites organisations, comme, par exemple, la réalisation d'un bilan carbone. Mesurer l’impact carbone d’une entreprise, quelle que soit sa taille, est d’ailleurs l’une des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat.

Pour les grandes entreprises

Les critères ESG donnent aux grandes entreprises un cadre pour intégrer les enjeux sociaux, environnementaux et de gouvernance dans leur gestion globale. L’obligation de reporting ESG ne doit pas seulement être vue comme une simple application de la loi. L’intégration des critères ESG dans la démarche RSE offre avant tout une occasion d’améliorer ses performances tout en promouvant son image au sein de son écosystème mais aussi auprès des investisseurs et des consommateurs. En outre, les critères ESG répondent à la fois à un objectif de performance et à une direction responsable de l’épargne. Ils sont ainsi à la base du procédé de labellisation des fonds d’investissement socialement responsable (ISR).

Sources :
Glossaire de la finance durable, Autorité des marchés financiers, amf-france.org, 12 mai 2021
Qu'est-ce qu'un critère extra-financier ? Autorité des marchés financiers, amf-france.org, 29 septembre 2021
Le reporting extra-financier des investisseurs, ecologie.gouv.fr, 4 juillet 2019 
Résilience et attractivité des fonds durables dans le contexte de crise, novethic.fr, juin 2020