La Cité de l’IA, un réseau pour former « les champions de l’intelligence artificielle » selon sa directrice Hélène Van Waes

Comment faire de nos entrepreneurs des champions de l’intelligence artificielle ? En misant sur un accompagnement de proximité selon lequel les grandes entreprises du territoire font bénéficier de leur expérience aux plus petites. C’est en tout cas le pari gagnant d’Hélène Van Waes, directrice et fondatrice de la Cité de l’IA (et qui a pour président Manuel Davy, dirigeant de Vekia), qui s’est installée dans les Hauts-de-France et poursuit sa montée en puissance depuis sa création en 2019.

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Hélène Van Waes © La Cité de l’IA
Hélène Van Waes © La Cité de l’IA

Prendre le virage de l’intelligence artificielle, améliorer sa compétitivité, moderniser sa production... de nombreuses problématiques entrepreneuriales sont soulevées par l’émergence de l’IA générative. Comment s’y initier, déterminer ses besoins, l’adopter ? La réponse pourrait se trouver à la Cité de l’IA, dans les Hauts-de-France. Big média a rencontré Hélène Van Waes, sa directrice et salariée du MEDEF, qui pilote ce projet aux côtés du président Manuel Davy.

 

Manuel Davy, CEO de l'entreprise Vekia et Président de la Cité de l'IA
Manuel Davy, CEO de l'entreprise Vekia et Président de la Cité de l'IA

 

Big média : Pouvez-vous nous parler de la genèse du projet ?

Hélène Van Waes : Tout est né d’une contractualisation entre le MEDEF Lille Métropole, le Conseil régional et l’Etat. L’objectif initial était d’accompagner les entreprises des Hauts-de-France sur le sujet de l’intelligence artificielle. De 2019 à 2020, nous avons commencé par identifier et analyser les acteurs de l’IA sur le territoire. Le projet a très bien pris, nous avons d’emblée été sollicités par l’écosystème entrepreneurial. Nous avons pressenti le besoin d’inscrire, dans le territoire, une marque identifiée par les chefs d’entreprise comme pouvant les accompagner sur le sujet de l’intelligence artificielle, et nous avons créé la Cité de l’IA. Au-delà de la marque c’est avant tout un collectif, un comité de gouvernance constitué d’entreprises de la région.

BM : Comment aidez-vous les entrepreneurs à découvrir le potentiel de l’IA dans leur secteur d’activité et à l’adopter ?

HVW : Grâce à la formation, à la sensibilisation, lors de conférences, partages d’expérience et rencontres, lors d’ateliers, de voyages à l’international, de petits-déjeuners, à travers la production de livrables vidéo, livres blancs, podcasts… Tout repose sur l’accompagnement des entreprises par leurs pairs. On n’est jamais mieux compris que par ses semblables ! Tout le programme proposé par la Cité de l’IA est d’autant plus légitime qu’il est créé par des personnes qui utilisent et qui ont la charge de la stratégie data et IA au sein de leur propre entreprise.

BM : La Cité de l’IA a donc une dimension internationale à travers ses voyages apprenants ?

HVW : Nous avons organisé une learning expedition en Estonie, un pays proche des Hauts-de-France en termes de taille, où l’utilisation du digital est poussée, et qui compte une dizaine de licornes. On cherche à donner à nos entreprises des outils de comparaison et d’inspiration. Nous avons visité des labos, des startups et entreprises, des écoles, des institutions, pour favoriser le sentiment de collectif, créer les liens qui pourront engendrer des coopérations au retour du voyage.

 

« Nous avons une approche pragmatique l’IA, dans laquelle les entrepreneurs se retrouvent »

 

BM : Le collectif, l’une des clés du succès de la Cité de l’IA ?

HVW : La Cité de l’IA, c’est principalement trois forces : premièrement, notre positionnement sur le sujet avant tout le monde. Aujourd’hui il ne se passe pas un jour sans qu’un chef d’entreprise ne soit sollicité pour assister à une conférence ou un atelier sur l’IA. Mais en 2019, c’était loin d’être aussi fréquent, et on ne parlait pas d’intelligence artificielle générative comme aujourd’hui. Nous nous sommes démarqués très tôt et nous sommes ancrés dans le paysage. Deuxièmement, notre collectif d’entreprises régionales qui s’impliquent dans le projet en coconstruisant l’offre de service, d’où sa légitimité par rapport à pléthore d’offres de consultants arrivés sur le marché plus récemment. Troisièmement, nous avons une approche pragmatique, opérationnelle de l’intelligence artificielle, dans laquelle les entrepreneurs se retrouvent. 

BM : Comment faites-vous pour vous adapter aux besoins spécifiques de chaque secteur d’activité ?

HVW : Encore une fois, grâce au collectif et au réseau ! Comme l’offre de service est construite par les membres du comité, nous pouvons fonctionner par secteur : retail, supply chain, industrie… et comme le contenu des formations, des masterclass, des conférences, etc., est fait par les personnes dont c’est la spécialité au sein de leur propre entreprise et qui expriment leurs problématiques, elles font bénéficier de leur expérience, souvent au sein d’un grand groupe, et répondent vraiment au besoin.

BM : Quel est le profil type du membre de la Cité de l’IA ?

HVW : Il n’y en a pas, c’est très varié ! Notre comité de gouvernance est plutôt constitué de grosses entreprises car elles ont souvent plus de temps à consacrer à la stratégie data / IA, mais dans le reste de la communauté on retrouve des PME, des groupes et des écoles comme Simplon, l’IESEG, Skema, l’IMT

BM : Quel est l’état d’esprit des entrepreneurs qui s’intéressent à la Cite de l’IA ?

HVW : Dès les prémices du projet en 2019, nous nous sommes retrouvés face à des entrepreneurs conscients qu’ils allaient se confronter à l’intelligence artificielle, sans savoir précisément de quoi il s’agissait, ni par quel bout le prendre. Mais qui ressentaient un certain soulagement, de savoir que nous prenions le sujet en main. Aujourd’hui c’est beaucoup plus concret, les chefs d’entreprise connaissent bien mieux le sujet, beaucoup ont compris son potentiel, ont identifié leurs besoins. C’est d’ailleurs à travers l’IA générative que nous sommes rendus compte du potentiel et des capacités des différents outils, en commençant par ChatGPT.

 

« Nous continuons de participer à la réflexion nationale sur l’IA »

 

BM : Quelle est votre vision sur l’avenir de la Cité de l’IA ?

HVW : Nous sommes nés d’une idée spontanée, depuis nous fonctionnons de manière très agile avec un vrai esprit de communauté. Cela fait quelques mois que nous sommes en discussion avec un cabinet de stratégie pour étoffer notre offre et la massifier. Nous continuons de participer à la réflexion nationale sur l’IA menée par le gouvernement et les diverses commissions, de contribuer à la formation les champions régionaux, nationaux, européens, mondiaux de l’intelligence artificielle. Et ce, tout en gardant notre esprit d’accompagnement de terrain et de proximité, la valeur d’exemple et le partage d’expérience entre pairs. Et évidemment, le côté humain qui est primordial : tout se fait en présentiel, nous aimons nous retrouver et aborder le sujet de manière positive. C’est aussi ça la force des territoires !

BM : Quelle est votre vision sur l’avenir de l’utilisation de l’intelligence artificielle ?

HVW : Ce qui est sûr, c’est que les possibilités sont multiples, le potentiel énorme et que tout le monde va s’y mettre !
 

Jean baptiste Ganga
Jean Baptiste GANGA Rédacteur web