Scroll To Top

L’efficacité énergétique dans les transports : comment l’améliorer ?

  • Temps de lecture: 6 - 7 min
Efficacité énergétique dans les transports
© Copyright

Sur terre, dans les airs ou via les cours d’eau, le secteur des transports contribue au réchauffement climatique. Pour freiner son impact négatif sur l’environnement et ses émissions carbone, il est essentiel de développer une stratégie d’efficacité énergétique.

Qu’il s’agisse de transporter des marchandises ou des voyageurs, les transports sont essentiels pour les activités humaines. Train, voiture, camion, avion : tous sont responsables à différentes échelles d’émissions de gaz à effet de serre (GES) conséquentes. Chaque mode de transport possède ses propres enjeux et des solutions spécifiques pour réduire sa consommation énergétique, mais le secteur dans son ensemble doit faire l’objet d’une stratégie d’efficacité énergétique concrète. Quels sont les enjeux de ces différents modes de transport ? Comment développer une stratégie d’efficacité énergétique pour chacun d’entre eux, et quel est le rôle des entreprises ? Big média vous guide pour tout savoir sur l’efficacité énergétique dans les transports.

Définition et enjeux de l’efficacité énergétique dans les transports

En 2022, les transports représentent 34% de la consommation énergétique finale en France. Pour les voyageurs ou les marchandises, collectif ou individuel, le secteur des transports est particulièrement énergivore et consomme principalement des énergies fossiles, notamment du pétrole. Le développement d’une stratégie d’efficacité énergétique dans les transports doit prendre en compte leurs différents enjeux.    

Qu’est-ce que l’efficacité énergétique ?

L’efficacité énergétique désigne le rapport ou l’équilibre entre la quantité d’énergie consommée et l’énergie produite. Le but est de consommer moins mais mieux, sans perdre en efficacité ou en qualité. Dans le cas des transports, cela implique par exemple d’abandonner petit à petit les énergies fossiles pour des alternatives plus durables ou de favoriser l’usage collectif. 

Chaque mode de transport n’a pas la même consommation énergétique ou le même usage, il faut donc adapter la stratégie d’efficacité énergétique afin qu’elle soit cohérente et efficace.

Les enjeux énergétiques dans le secteur des transports

Les transports sont dépendants des énergies fossiles : l’industrie pétrolière fournit actuellement 90% de l’énergie dont le secteur a besoin. L’enjeu principal est de réduire sa consommation énergétique en se tournant vers des solutions d'économie et d’efficacité énergétique.

Les modes de transport dans la consommation énergétique finale du secteur en 2019

Part de chaque mode dans la consommation finale énergétique des trasnports
Source : Bilan énergétique de la France pour 2019

 

La consommation énergétique est différente selon chaque type de transport. Dans le secteur routier en 2022, la consommation de carburants a augmenté de 2,7% par rapport à 2021. Le transport routier de marchandises (TRM) représente 296 milliards de tonnes-kilomètres en 2022. Le domaine ferroviaire représente pour sa part 1 à 2% de la consommation énergétique totale du secteur au niveau national, et prend en charge 10% du transport total (voyageurs et marchandises) selon la SNCF. À l'échelle de l’UE, le transport ferroviaire ne rejette que 0,4% des émissions de GES du secteur des transports et représente 1,9% de sa consommation totale d'énergie. Le fret ferroviaire émet 9 fois moins de C02 que le transport routier de marchandises.

Le secteur aérien est particulièrement polluant : en 2021, les émissions de CO2 de l’aviation ont atteint 12,4 millions de tonnes (Mt) et représentent un peu moins de 3% des émissions de GES de la France. Enfin, le transport fluvial et maritime est principalement destiné au transport de fret, mais s’adresse aussi, en moindre partie, aux voyageurs. En 2021, leur consommation représente 1,3% de la consommation énergétique finale du secteur des transports.

Ces disparités de consommation s’expliquent par des usages différents : le transport aérien est le plus polluant en raison des quantités de carburant qu’il consomme et des distances parcourues, mais le transport routier est le mode de transport le plus répandu, et englobe à la fois les véhicules individuels, collectifs et de marchandises. Les enjeux de réduction de la consommation énergétique sont donc très différents et ne se traduisent pas de la même façon.

Comment réduire la consommation d’énergie dans les transports ?

D’après une étude du SDES menée en 2021, les carburants pétroliers représentent 97,4% de l’énergie consommée par le secteur des transports. Le secteur des transports regroupe des enjeux vastes qui demandent des actions spécifiques et adaptées, mais il est possible de développer des stratégies d’efficacité énergétique particulière pour chaque mode de transport et de les faire converger vers un même objectif de réduction des émissions de GES.

Développer des technologies plus propres pour les modes de transport

Afin de guider le secteur des transports sur la voie de l’efficacité énergétique, il est nécessaire de privilégier des énergies durables et renouvelables et ainsi améliorer leur impact environnemental et réduire leurs émissions de GES. L’objectif européen Fit for 55 prévoit de réduire l’intensité d’émission de GES dans les transports de 14,5% d’ici 2030, et de porter la part d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale du secteur des transports à 29%. 

Le transport routier représente 55,3% du pétrole consommé par l’ensemble des modes de transports (étude SDES, 2021). Le développement de véhicules hybrides ou électriques, qu’il s’agisse du transport de marchandises (camions) ou des véhicules du quotidien (voitures individuelles), de moteurs à hydrogène, GNL ou GNV (biogaz), émettant moins de CO2, sont des stratégies d’efficacité énergétique applicables à la grande majorité des véhicules. Construire des véhicules plus légers est également une solution pour améliorer leur efficacité énergétique car le poids influe sur la consommation.

Concernant le secteur aérien, il faut se tourner vers les carburants durables d’aviation (CAD ou SAF pour sustainable aviation fuels), issus de matières premières durables. L’Observatoire de l'aviation durable (OAD) a été créé pour accélérer la décarbonation du secteur à hauteur de 80% d’ici 2050, et contribuer à l’objectif global de neutralité carbone. L’engagement doit se faire dans l’ensemble de la filière aéronautique, via l’utilisation des CAD dans les flottes aéroportuaires, l’électrification des installations au sol et l’adaptation des différentes infrastructures.

Favoriser les transports collectifs et multimodaux

L’efficacité énergétique passe par l’optimisation des modes de transport. Privilégier le report modal (c’est-à-dire le transfert d'une partie du flux associé à un mode de transport vers un autre moyen de transport, de l’avion au train, par exemple), ou les transports collectifs permet de réduire la consommation énergétique, en transportant plus de voyageurs ou de marchandises via des modes de transport moins énergivores.

Le transport multimodal (aussi appelé report modal ou transport combiné) consiste à combiner plusieurs modes de transport pour parcourir un itinéraire (par exemple, train et camion ou train et barge fluviale) et réduire le trafic routier. Un train de fret transporte par exemple beaucoup plus de marchandises qu’un camion tout en émettant moins de GES, et peut effectuer un report modal sur une barge fluviale afin d’opter pour un mode de transport encore moins énergivore.  Dans le cadre de l’amélioration de l’efficacité énergétique des transports ferroviaires, la SNCF a rejoint Rail Freight Forward, une initiative portée par des entreprises de fret afin de développer une offre européenne de transport ferroviaire de marchandises ayant pour objectif de porter la part modale du rail à 30% d’ici 2030. 

Pour le transport routier, cela peut passer par le développement du transport collectif afin de délaisser progressivement le véhicule individuel. Covoiturage, développement des transports en commun (bus, train, métro, tramway), sont autant de moyens de désengorger les routes et de réduire les émissions de GES. En effet, on estime qu’un bus urbain transporte le même nombre de passagers que 36 voitures. L'électrification des flottes de bus est également une solution d’économie d’énergie. 

En 2021, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la mise en place d’une aide aux collectivités locales pour soutenir leur transition écologique, et particulièrement le développement de lignes de transports collectifs, grâce à une enveloppe de 900 millions d’euros.

L’enjeu de l’organisation urbaine et territoriale

La planification des zones urbaines et du territoire doit être prise en compte dans la stratégie d’efficacité énergétique des transports : des zones denses intégrant commerces, logements et services permettent de réduire l’utilisation des transports, et particulièrement de la voiture. 

Il s’agit, par exemple, d’optimiser les réseaux de transports en commun en répartissant l’accès aux bus, métros ou tramways de la ville, et en développant des espaces dédiés à la mobilité douce comme le vélo ou la marche, avec la piétonnisation de certaines zones. Le but est de développer des zones urbaines moins dépendantes du véhicule individuel et de développer les alternatives dans les quartiers ou les villes manquant de ces services. 

L’importance de l’efficacité énergétique dans les transports en entreprise

L’enjeu de la consommation énergétique des transports en ville est très visible, mais cela s’applique aussi en entreprise. Transport de marchandises, déplacements professionnels, voitures de fonction : le secteur des transports est extrêmement sollicité et constitue une grande part de la consommation énergétique d’une entreprise. À elle donc de mettre en place une stratégie d’efficacité énergétique dans les transports, pour réduire son impact environnemental, sa consommation et ses émissions de GES directes et indirectes.

Pour les entreprises disposant d’une flotte de transport, il s’agit de privilégier les véhicules hybrides ou électriques et d’installer des bornes de recharge, alimentées par des énergies renouvelables ou bas carbone (spécificité française de la production d'électricité nucléaire) et pouvant également servir aux collaborateurs disposant d’un véhicule électrique. 

L’entreprise peut proposer un forfait de mobilité durable (FMD) qui prend en charge le vélo, le covoiturage, les engins personnels (scooters, trottinettes électriques) et l’autopartage de véhicules à faible émission. Le FMD d’adresse aux salariés habitant ou travaillant dans une commune non desservie par un service public de transport régulier, ou dans une agglomération de moins de 100 000 habitants, et aux salariés ayant des horaires de travail particuliers (de nuit) ou exerçant sur plusieurs sites sans que l’entreprise n’assure leur déplacement.

Pour le transport de marchandises, il faut se tourner vers le report modal (train + barge fluviale) ou le train de fret, et limiter le transport routier qui a la plus forte émission de GES et transporte des quantités de marchandises moindres qu’un train.

Enfin, le plan de sobriété énergétique national impose, dans le cadre des déplacements professionnels, de réduire l’usage de l’avion et de n’utiliser la voie aérienne que si le trajet en train équivalent dure plus de 4 heures pour un aller ou si l’aller-retour est supérieur à 6 heures sur une journée. 

Exemples de stratégies d’efficacité énergétique dans les transports 

La SNCF s’est engagée dans la mise en place d’un projet d’efficacité énergétique au sein de sa filiale Thalys : depuis 10 ans, les émissions de carbone ont été divisées par 2. Les trains circulant en France, Belgique et Allemagne profitent d’une couverture de 100% d’énergies renouvelables, de même que ceux circulant aux Pays-Bas, avec dans leur cas une couverture à 100% d’énergie éolienne. Dans les trains, la restauration utilise des produits bios et locaux, l'écoconduite a été implémentée et le plastique à usage unique à été remplacé par des matériaux durables. Le remplissage des trains est maximisé pour éviter la consommation énergétique inutile, et des ajustements d’usage énergétique ont été mis en place pour l’éclairage, le chauffage et la climatisation.

Chez Airbus, le projet ZEROe fait office de plan d’efficacité énergétique en ayant pour ambition de développer, à travers quatre concepts différents, le premier avion commercial à hydrogène, avec une mise en service prévue à l’horizon 2035.

 

Sources : 
Efficacité énergétique dans les secteurs d’activité, Ministère de la Transition Écologique
Bilan énergétique de la France pour 2019 - Transports : stabilité de la consommation, Statistiques développement durable
Chiffres clés des transports - Economie des transports, Statistique développement durable
Logistique : s’orienter vers des solutions de transports durables, Agir pour la transition écologique
Les transports face au défi de la transition énergétique, ADEME
Décarbonation des transports : l’urgence de choisir, Sénat
Politique de transport ferroviaire, Conseil européen
Guide sobriété énergétique, Union des Transports Publics et ferroviaires
Observatoire Aviation Durable, Ministère de la Transition Écologique
Synthèse - Feuille de route de décarbonation du transport aérien, Article 301 Loi climat et résilience