Eco-score et Planet-score : indicateurs d’impact environnemental des produits

Viande, légumes, biscuits, lait… Chaque produit ajouté dans votre caddie a un impact sur l’environnement. Pour sensibiliser les consommateurs et pousser l’industrie agro-alimentaire à respecter la planète, deux nouveaux affichages environnementaux ont été imaginés : l’Eco-score^® et le Planet-score. 

Déclinés sous forme de lettres colorées sur les emballages, ces notations ont pour but d’informer les consommateurs sur l’impact des produits qu’ils consomment : pesticides, bien-être animal, émissions carbone, utilisation des ressources naturelles… De quoi aider les consommateurs à mieux choisir ce qu’ils vous mettent dans leurs assiettes ! Mais quelle différence y a-t-il entre Eco-score et Planet-score ? Comment sont-ils calculés, et quels critères prennent-ils en compte ? Big média vous dit tout sur ces nouvelles mesures.

Eco-score et Planet-score : les outils d’évaluation environnementale des produits alimentaires 

L’alimentation représente 22% de l’empreinte carbone de la consommation totale en France en 2022, ce qui en fait le troisième poste le plus émetteur de gaz à effet de serre (GES). Pour mieux informer les consommateurs, des initiatives d’affichage environnemental voient le jour afin de noter les produits du quotidien et respecter davantage vos assiettes, et la planète.

Affichage environnemental : que dit la loi ?

En 2020, le gouvernement a mis en place la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) afin de soutenir la production durable, notamment via la mise en place de l’affichage environnemental. La loi environnementale Agec a ainsi lancé une expérimentation de 18 mois, sur base de volontariat, pour initier des entreprises à cette pratique et déterminer son efficacité.

La loi Climat et Résilience, votée en 2021, prévoit l’obligation d’un « affichage destiné à apporter au consommateurs une information relative aux impacts environnementaux ou aux impacts environnementaux et au respect de critères sociaux d'un bien, d'un service ou d'une catégorie de biens ou de services mis sur le marché national », en précisant que cette information doit être « fiable et facilement compréhensible ». L’Eco-score et le Planet-score s’inscrivent dans le cadre de la norme internationale ISO 14021 concernant les autodéclarations environnementales. Cette norme établit les méthodologies d’évaluation, de vérification et d’affichage (termes, symboles, graphiques) environnementaux.

Le but de cette obligation d’étiquetage : informer les consommateurs sur les impacts environnementaux des produits qu’ils achètent, et encourager les fabricants à réduire leurs émissions et l’incidence de leurs produits sur la nature.

Qu’est-ce que l’Eco-score^® ?

L’Eco-score^® est une marque déposée par l’ADEME. Il s’agit d’un indicateur environnemental encore expérimental qui a pour but d’informer sur l'impact des produits alimentaires sur l’environnement en les classant dans l’une des 5 catégories (A, B, C, D, E), selon des facteurs précis. 

Pour établir ce score environnemental, qui sert ensuite d’affichage pour les produits évalués, l’Eco-score s’appuie sur l’analyse du cycle de vie (ACV) des articles. Il ne fait pas l’objet d’un étiquetage physique : les informations sont disponibles grâce au scan des produits via une application telle que Yuka, Open Food Facts ou ScanUp.

Qu’est-ce que le Planet-score ?

Inspiré du Nutriscore (système d’étiquetage nutritionnel), le Planet-score a été mis en place par l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologique (ITAB) et concerne l’impact environnemental des produits alimentaires. Il délivre également une notation lettrée (A, B, C, D ou E), mais offre un champ de critères plus larges que l’Eco-score, en prenant en compte, par exemple, le mode d’élevage des animaux (pour les produits d’élevage) ou les pesticides employés.
H3 : Quels sont les objectifs de ces affichages environnementaux ?

Le Planet-score et l’Eco-score ont pour vocation d’encourager les consommateurs à se tourner vers un mode de consommation et des produits plus durables (bio, locaux, de saison, moins de viande…) en offrant un score environnemental complet et transparent. 

Soumettre les fabricants à l’obligation d’un affichage environnemental est également un bon moyen de limiter, à l’avenir, les ingrédients ayant un impact négatif sur l’environnement. Les consommateurs sont plus conscients de leurs achats et plus susceptibles de choisir des produits ayant des scores élevés et positifs, encourageant ainsi les fabricants à obtenir de meilleurs scores en améliorant les compositions et la durabilité de leurs produits.

Eco-score : méthodologie et indicateurs

Le calcul de l’Eco-score s’effectue à partir d’une liste d’indicateurs qui regroupent l’ensemble des impacts qu’un produit alimentaire peut avoir sur l’environnement tout au long de son cycle de vie.

Sur quels indicateurs se base l’Eco-score ?

Afin de calculer l’impact environnemental d’un produit, l’Eco-score tient compte d’une liste de 16 indicateurs environnementaux préconisés par la Commission Européenne pour le projet PEF (Product Environmental Footprint) : 

• émissions de GES ;
• appauvrissement de la couche d’ozone ;
• émissions de particules fines ;
• oxydation photochimique ;
• acidification ;
• radioactivité ;
• épuisement des ressources en eau ;
• épuisement des ressources énergétiques ;
• épuisement des ressources minérales ;
• usage des terres ;
• érosion de la biodiversité ;
• eutrophisation (déséquilibre dû à une accumulation de nutriments) marine ;
• eutrophisation terrestre ;
• toxicité (humaine cancérigène, humaine non cancérigène et eau douce).

La méthode de calcul de l’Eco-score

Pour établir son score final, l’Eco-score suit une méthode de calcul précise. Il se fonde sur le score de l’ACV, lui-même calculé à partir des données d’Agribalyse, la base de données environnementales de référence concernant les produits agricoles et alimentaires, et programme gouvernemental porté par l’ADEME. L’ACV prend en compte toutes les étapes des produits alimentaires (culture ou élevage, transformation, transport, distribution, utilisation puis déchet ou recyclage) et est elle-même divisée en quatre catégories : biodiversité et écosystèmes, climat (basé sur les données du GIEC), ressources naturelles, santé et toxicité environnementale.

Impacts étudiés par Eco-score® tout au long du cycle de vie du produit

Les indicateurs environnementaux cités plus tôt sont pondérés lors d’une consultation par deux groupes (citoyens et experts scientifiques) selon l’importance des enjeux environnementaux. Le résultat final émane de ces deux groupes et tient compte du poids donné à chaque indicateur (21,06% pour le changement climatique et 7,94% pour l’usage des terres par exemple). Le score final est converti en nombre de 0 à 100, puis traduit en note A (le plus faible impact), B, C, D ou E (l’impact le plus élevé).

Exemples de produits avec l’étiquette Eco-score

Ainsi, pour une recette de restaurant contenant les ingrédients suivants, chaque critère sera pris en compte : la quantité, l’origine du produit, sa saisonnalité et son label. Dans le cas des produits animaux, la notation inclut également le fait qu’il s’agisse ou non d’une espèce menacée. L’emballage du produit (ingrédient ou plat complet) fait également partie du score final.

Pour cette recette, la saisonnalité et les labels biologiques agissent comme des bonus pour le score final car ils réduisent l’impact environnemental global du plat. L’emballage n’est pas entièrement recyclable et enlève quelques points à l’ensemble de la recette, tandis que le saumon, n’étanit pas menacé, ne fait pas l’objet d’un malus supplémentaire. Le score s’établit ainsi comme suit : 

Cette recette obtient un Eco-score B, ce qui en fait un plat à impact environnemental assez faible.

Méthodologie et critères du Planet-score

Le Planet-score inclut des indicateurs environnementaux qui ne font pas partie du scope de l’Eco-score, comme les pesticides ou le bien-être animal, et apparaît donc comme plus complet. Il suit néanmoins une méthode similaire pour établir le score final.

Quels sont les critères du Planet-score ?

Le Planet-score, comme l’Eco-score, tient compte des données fournies par Agrybalise.  Les informations liées à l’environnement utilisées par le Planet-score se basent sur 25 critères, dont 12 provenant d’Agrybalise. 

Il utilise également l’ACV, ainsi que 13 indicateurs supplémentaires, dont certains ne sont pas présents dans l’Eco-score : respect de la biodiversité, gestion du climat, pesticides, bien-être animal, rémunération des producteurs, ultra-transformation et origine des produits. 

Comment est calculée la note Planet-Score ?

Le calcul du Planet-score d’un produit commence par l’analyse du cycle de vie, de la culture ou élevage jusqu’à la transformation en déchet ou le recyclage. À cette analyse s’ajoutent les indicateurs spécifiques au Planet-Score. Là où l’Eco-score se concentre sur les émissions de gaz à effet de serre et la pollution générée par les produits, le Planet-score valorise les produits qui ne nuisent pas à la biodiversité et inclut des indicateurs plus précis - le facteur climatique se fonde, par exemple, sur les dernières données du GIEC.

Lorsqu’un produit est composé de plusieurs ingrédients, ils sont tous notés individuellement selon leur quantité, ce qui donne un score global. Les résultats de l’ACV, couplés aux indicateurs et aux notes des ingrédients dans certains cas, sont ensuite pondérés afin d’obtenir un score final traduit en A, B, C, D ou E avec un code couleur référent. L’affichage du Planet-score détaille également les 3 sous-catégories (pesticides, biodiversité, climat) et une information sur le mode d’élevage dans le cas des produits animaux, afin de garantir une information complète pour le consommateur.

Exemples de produits avec l’étiquette Planet-score : 

Eco-score et Planet-score : quels enjeux pour les entreprises ?

Eco-score ou Planet-score, le but est le même : offrir des informations transparentes aux consommateurs sur leurs produits du quotidien et encourager les fabricants à développer des produits respectueux de l’environnement. 

Les entreprises françaises engagées dans la réduction de l’impact environnemental des produits alimentaires

L’Eco-score est le fruit de la collaboration de plusieurs acteurs du secteur de l’alimentation : 

• Yuka est une application mobile qui permet de scanner les produits alimentaires pour obtenir des informations nutritionnelles. Elle a intégré l’Eco-score à son catalogue d’informations pour éclairer les consommateurs de manière plus complète. La notation Yuka est composée du Nutri-score (60%), de la présence d’additifs (30%) et de l’appellation biologique (10%).
• Open Food Facts permet, en scannant un produit, de comparer son Eco-score à d’autres produits similaires et de les classer selon leur score. L’application affiche également le détail du calcul de la note Eco-score pour chaque produit.
• ScanUp utilise l’analyse de données pour améliorer la qualité des produits alimentaires mis sur le marché en agrégeant les informations de plus de 450 000 produits.
• La Fourche est un magasin bio en ligne qui propose des produits d’origine biologique à moindre prix pour concilier coût et engagement écologique. La Fourche fait partie des premières entreprises à indiquer l’Eco-score sur ses produits pour fournir une information complète et transparente aux clients. Afin d’apporter davantage de précisions et compléter les lacunes de l’Eco-score, La Fourche y ajoute des points bonus prenant en compte le système de production (agriculture conventionnelle ou biologique, élevage extensif ou intensif), les labels déjà présents, les normes environnementales du pays producteur et le mode de transport.
• FoodChéri propose un service de livraison de repas frais, élaborés par des chefs et livrés à domicile ou au bureau. L’entreprise met en avant un engagement responsable en proposant principalement des plats végétariens et en affichant l’Eco-score sur ses produits (dont 87% avec un score A ou B). Ce score est calculé à partir des données d’Agrybalise, des données spécifiques à FoodChéri (origine des produits, livraison, packaging) et d’autres critères selon un principe de bonus/malus (labels de qualité, saisonnalité…).
• Seazon propose également une livraison à domicile de plats frais cuisinés à la semaine. L’entreprise propose des recettes équilibrées et promeut la transparence et le mieux-manger, en affichant l’Eco-score sur tous ses produits, sur les mêmes principes que FoodChéri.
• FrigoMagic est une application qui propose aux utilisateurs des recettes adaptées aux ingrédients qu’ils possèdent afin de réduire le gaspillage et d’économiser du temps et de l’argent. L’application prend en compte l’Eco-score et permet aux utilisateurs d’ajuster la qualité environnementale de leurs recettes selon le score de chaque ingrédient.
• L’application Etiquettable permet de se renseigner sur la saisonnalité des produits, les enjeux agricoles, les espèces menacées et de trouver des producteurs ou magasins responsables locaux et des recettes bas carbone. 
• Marmiton est un site internet offrant des milliers de recettes de cuisine partagées par les utilisateurs. Depuis 2021, chaque recette affiche une notation Eco-score, établie en faisant la somme des scores de chaque produit, afin d’indiquer son impact environnemental global.

Le système de notation a été établi grâce au soutien de partenaires officiels comme l’ADEME, Citeo, le cabinet de conseil Eco2Initiative ou Zero Waste France. Ces entreprises françaises sont engagées dans la réduction de l’impact environnemental des produits alimentaires et dans la sensibilisation des consommateurs.

Le Planet-score, lui, est un outil développé par l’ITAB en partenariat avec le bureau d’études Sayari et le réseau d’acteurs pour la transition alimentaire Very Good Future. Le Planet-score est également une initiative soutenue par plusieurs ONG, dont l’UFC-Que Choisir, la principale association de consommateurs en France.

Score carbone : vers un label global ?

Proposé par la convention citoyenne pour le climat en 2020, le score carbone, également connu sous le nom de score CO₂ (ou CO2-score), a pour but d’indiquer la quantité de gaz à effet de serre émise durant le cycle de vie d’un produit (ou d’un service). Il considère également l’impact sur la biodiversité et l’utilisation des ressources naturelles, et se décline sous forme d’étiquetage à code couleur. À l’instar du score nutritionnel figurant sur les emballages alimentaires, le score carbone fournit une note allant de A (impact le plus faible) à E (impact le plus élevé) et un code couleur pour faciliter sa lecture (vert pour les émissions faibles et rouge pour les produits ayant un incidence environnementale importante). 

Les objectifs du score carbone sont multiples et s’appliquent à différents niveaux. Son affichage, qui sera bientôt obligatoire, devrait permettre de : 

• guider les consommateurs dans leurs choix d’achat ;
• stimuler les démarches d’innovation et d’éco-conception des entreprises et des fabricants : le recours à des sources d’énergie à faible émission de carbone ou énergies renouvelables (énergie hydraulique, énergie éolienne, énergie solaire, biomasse, géothermie), l’adoption de modes de transport plus durables, le recyclage et le tri des déchets ;
• réduire les émissions de gaz à effet de serre en participant à la lutte contre le réchauffement climatique.

La convention citoyenne a demandé la mise en place de ce nouvel affichage environnemental en 2024, mais le délai de développement de cette méthodologie et son application demande plus de temps. À eux trois, l’Eco-score, le Planet-score et le Score carbone entendent éclairer les consommateurs sur leurs choix dans les rayons et responsabiliser les entreprises fabricantes afin de produire et de consommer tout en respectant l’environnement.

^{Sources : 
Affichages environnemental des produits alimentaires : Bérangère Couillard a présenté le projet de méthode de calcul du futur éco-score pour un déploiement à partir de 2024, Ministère de la Transition Écologique
Les informations environnementales obligatoire, Ministère de la Transition Écologique
L’affichage environnemental, Ministère de l’Economie et des Finances
Présentation Eco-score, Score Environnemental
Pour un affichage environnemental des aliments fiable et compréhensible, UFC Que Choisir
Notre alimentation, c’est combien de gaz à effet de serre (GES) ?, Notre-environnement.gouv
Planet-score, ITAB}