Maud Ventura (Mon mari), écrivaine en quête de perfection

L’écriture, le sommeil, la vie amoureuse, la famille, la lecture, le sport, la vie sociale : c’est la pyramide des priorités de Maud Ventura. Ecrire, son métier, est évidemment en haut de sa liste. Comment ne pas accepter de sacrifier le reste, ou du moins une partie, afin de poursuivre dans la voie du succès qui est la sienne, elle qui écrit actuellement son second roman ? D’autres choix sont à opérer pour qui veut réussir, qu’il s’agisse d’écriture ou de monter son entreprise. Maud Ventura, dans les pas de son probable rôle modèle Leïla Slimani, nous livre son rapport à son travail et à sa quête de perfection. 

Se perfectionner : savoir dire non, connaître ses priorités 

Non, je ne partirai pas en week-end. Non, je ne garderai pas ma nièce dimanche. Et non, je ne viendrai pas à ton anniversaire. Tant de « non » qui sont moins des refus des autres que du temps pour soi, passé à avancer sur ses propres projets, à s’améliorer pour atteindre son idéal, à travailler pour parvenir à ses objectifs. « Quand on dit non, nos oui ont le goût de choix et dessinent une hiérarchie, qui peut évoluer au cours de nos vies. Ma pyramide actuelle aura probablement évolué à 40 ans », anticipe la jeune femme de 28 ans. Cette manière qu’elle a eu d’agencer ainsi les aspects de sa vie a abouti à l’écriture de son premier roman, Mon mari et a changé sa vie « de manière très concrète », confie l’écrivaine. 

La perfection : impossible n’est pas Ventura 

« Quand on écrit, il y a toujours des ratures, des coulures, ce n’est pas exactement parfait », délivre Maud Ventura sur la grande scène de We Are French Touch. De la même manière, quand on créé une entreprise il peut y avoir des ratés, des échecs, parfois même des approximations… mais l’écrivaine semble nous rassurer en disant que les choses seront difficilement comme dans notre idéal, que la peur de rendre une copie imparfaite ne doit pas nous empêcher d’avancer. Elle donne l’exemple du choc de voir son livre figé, alors qu’elle l’aurait bien amélioré encore un peu… Et pourtant, elle a pris conscience d’une chose : parce qu’elle a pu le finir, bien qu’imparfait, elle est désormais libre. De l’adapter au cinéma, d’écrire un autre livre, d’avancer sur d’autres projets et de passer outre une perfection qui n’existe pas. « La deadline est le moteur le plus puissant de la création. Chez moi elle est sacrée, je m’y tiens coûte que coûte », résume-t-elle. 

« Mon perfectionnisme ne me paralyse pas et ne m’empêche pas de créer » 

C’est bien là tout le risque du perfectionnisme : s’il peut être synonyme de rigueur et de minutie, de curiosité, de passion voire de « transcendance », il peut aussi convoquer l’obsession, la sévérité et l’intransigeance, ce que déplore Maud Ventura : elle confie qu’en classe préparatoire littéraire, elle jetait des tonnes de fiches Bristol et de copies doubles car elle n’aimait pas un simple mot ou la façon dont elle avait tracé une lettre. 

Une méthode de travail qu’elle a su améliorer et qui lui permet aujourd’hui de se consacrer, avec l’enthousiasme qui la caractérise, à l’écriture de son deuxième roman. Maud Ventura termine son intervention à We Are French Touch en livrant quelques conseils utiles aux écrivains en herbe et à tout entrepreneur des industries culturelles et créatives ou d’un autre secteur : « Mon perfectionnisme ne me paralyse pas et ne m’empêche pas de créer. Il faut parfois être à 50 %, parfois à 30 %, parfois à 120 %, en fonction de la tâche ou de l’avancée du projet. Apprendre à lâcher prise, se dire que ce ne sera jamais parfait, que mettre un point final à ce livre est aussi un immense cadeau pour en écrire un deuxième. Mais surtout ne pas perdre la flamme, car être perfectionniste c’est le contraire de s’en foutre ». Prêt à passer au chapitre suivant ?