Elena Faliez [miss Ile-de-France] : « Travailler dans la cybersécurité c’est évoluer dans un secteur qui offre une multitude de possibilités »

Mener de front une carrière dans la cybersécurité et un mandat de miss Île-de-France, c’est possible. La preuve avec Elena Faliez, une jeune femme qui vulgarise les métiers de la tech afin d’encourager les plus jeunes à s’y intéresser.  

 

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elena faliez

En 2021, la France ne comptait que 27 % de femmes dans l'IT (Information Technology, en français Technologie de l'information) et 11 % dans la cybersécurité selon les chiffres de CyberJobs, une entreprise qui œuvre à renforcer le lien entre dirigeants et talents exerçant dans la cybersécurité. Alors que l’ex Première ministre, Elisabeth Borne, annonçait en juin dernier le lancement du programme « Tech pour toutes » en vue de faire de la technologie un secteur pleinement égalitaire entre les femmes et les hommes, Big média est partie à la rencontre d’Elena Faliez. Miss Île-de-France 2023 et consultante en cybersécurité pour l’entreprise VONA Consulting, la jeune femme est revenue sur les raisons qui l’ont poussé à se tourner vers ce secteur.   

Big média : Comment en êtes-vous arrivée à travailler dans la cybersécurité ?  

Elena Faliez : Initialement, je n’avais pas pensé à faire de la cybersécurité. Loin de là. Avant de faire une école de commerce dans laquelle je me suis spécialisée en ingénierie des systèmes d’information, j’étudiais pour devenir sage-femme. Et c’est suite à une réorientation que j’ai découverte des métiers de l’IT et de la Cyber.  

Après mon diplôme, je me suis dirigée vers le conseil et notamment tout ce qui touche à la gestion de projet et gouvernance IT. C’est à travers cette expérience que j’ai eu l’opportunité de travailler sur des projets autour de la cybersécurité.  

BM : Et justement, qu’est-ce qui vous plaisait dans ce secteur ?  

EF : Ce que j’aime dans la cybersécurité, c’est l’aspect challengeant. De plus, j'ai la chance de travailler dans un secteur où les échanges et projets qu’on peut avoir sont complètement différents les uns des autres. Je peux travailler pour une société qui œuvre dans l’industrie, le luxe ou même le transport. Et en fonction des domaines d’activité de nos clients, les enjeux seront complètement différents, tout comme les problématiques d’ailleurs. Et c’est justement là qu’on va se découvrir des appétences particulières. 

BM : Selon toi, pourquoi y a-t-il si peu de femmes dans les métiers de la cybersécurité ?  

EF : Cela découle peut-être du fait que, déjà, dans les formations en ingénierie, les préjugés persistent. Beaucoup de jeunes femmes, par méconnaissance ou aprioris, imaginent que ce sont davantage des études à connotation masculine et que des cursus universitaires dans des métiers tels que les ressources humaines, la communication ou le marketing seront plus adaptés.  

Je pense également qu’il existe un problème de légitimité. Un sentiment que j’ai moi-même ressenti. Après Miss France, j’ai été énormément sollicitée pour témoigner sur mon métier dans la cybersécurité en parallèle de ma vie de miss Île-de-France. Pour autant, je ne me sentais absolument pas légitime pour prendre la parole à la place de femmes qui faisaient carrière depuis des années dans le secteur. Heureusement, j’ai eu la chance de pourvoir m’appuyer sur mon entourage qui m’a convaincu de m’imposer. Il faut arrêter de penser que pour être légitime, il faut avoir 10 ans d’expérience derrière soi ou une expertise de niche.  
Je suis persuadée que ce que j’ai ressenti à ce moment-là, d’autres femmes ont pu l’éprouver lorsqu’elles ont décidé de se lancer dans la Cyber.  

« La cybersécurité n’est pas réservée qu’aux geeks à capuche qui font des lignes de code et attaquent les entreprises » 

BM : Quelles sont les questions qui reviennent le plus souvent lorsque que vous échangez sur votre métier auprès des plus jeunes ?  

EF : Beaucoup d’étudiantes ou de jeunes actives que je rencontre pensent que pour se lancer dans la cybersécurité, il faut avoir une appétence pour ce secteur depuis toujours ou alors qu’il s’agit d’un métier purement technique. C’est une idée reçue ! Travailler dans la cybersécurité c’est évoluer dans un domaine qui offre une multitude de possibilité. Et c’est une passion qui peut venir progressivement, en prenant le temps de découvrir tous les aspects du secteur.  
 
Ensuite, je rappelle toujours que la Cyber, ce n’est pas que du code. Personnellement, je n’ai jamais codé de ma vie et ça ne m’intéresse absolument pas. Donc enlevez-vous de la tête que ce secteur n’est réservé qu’aux geeks à capuche qui font des lignes de code et attaquent les entreprises. C’est important de désacraliser ce métier afin de permettre à plus de jeunes de s’y intéresser.  

BM : Concrètement, en quoi consiste votre métier ?  

EF J’accompagne les entreprises dans la sécurisation de leur système d’information. Cela passe par des audits de sécurité, des analyses de risques où on identifie des scénarios d’attaques possibles, et la mise en place de solution de sécurité.

BM : Est-ce que les clients pour lesquels vous êtes amenée à travailler sont surpris par le fait que vous soyez une femme ?  

EF : C’est vrai qu’il m’est souvent arrivé d’être la seule femme dans une réunion d’une dizaine de personnes, néanmoins je n’ai jamais ressenti de méfiance ou d’aprioris à mon égard. Le fait que je sois une femme dans ce secteur interpelle plus qu’il ne déçoit.  

BM : Comment êtes-vous parvenue à concilier votre métier avec l’aventure Miss France ?  

EF : Ça a été beaucoup d’organisation ! J’ai la chance d’exercer un métier qui me permet d’aménager mon temps de travail. Dès l’élection de miss Paris, j’ai averti mon employeur et mon client que je m’étais lancée dans un projet personnel, sans cacher qu’il s’agissait d’un concours de miss. Ils ont tous les deux été dans la compréhension et se sont même intéressés à mon aventure.  

J’avais rendez-vous avec le comité Miss France le 16 novembre pour 3 semaines de préparation avant l’élection nationale, donc ça a été un peu la course pour avertir mon entourage professionnel, trouver quelqu’un pour me remplacer et en même temps me préparer pour cette aventure. Mis encore une fois, avec de l’organisation, rien n’est impossible ! 

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Mélanie Bruxer Rédactrice web