ESG, ISR et RSE : quelles différences ?

RSE, ISR, ESG… Pas facile de s’y retrouver entre tous ces acronymes qui nous veulent pourtant du bien ! Big média vous éclaire sur les différences et complémentarités qui existent entre ces trois indicateurs.  

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« RSE et ESG c’est bonnet blanc et blanc bonnet », résume Philippe Kunter directeur du Développement Durable et de la RSE chez Bpifrance. Si aujourd’hui, nombre d’entreprises mettent en avant leurs engagements RSE, il n’est pas rare de voir également mentionner les termes ESG ou ISR. Mais de quoi parle-t-on vraiment ?  

RSE : Responsabilité Sociétale des entreprises

Définition de la RSE  

La Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) est l’engagement des entreprises à agir de manière éthique, en intégrant les préoccupations sociales, environnementales et économiques dans leurs activités et stratégies, pour contribuer au bien-être collectif tout en restant économiquement performantes. Selon la définition de la Commission européenne, la RSE implique « l’intégration volontaire par les entreprises des préoccupations sociales et environnementales dans leurs opérations commerciales et leurs interactions avec les parties prenantes ». Autrement dit, elle constitue l’application pratique des principes du développement durable au sein des entreprises ou organisations.  

Il n’y a donc pas une démarche RSE, mais plusieurs adaptées à la structure et aux activités spécifiques de chaque entreprise. 

« Il n’y a pas qu'une RSE, il y a une RSE par entreprise ! » 

« La RSE, c'est la déclinaison opérationnelle des principes du développement durable par des entreprises ou même des collectivités locales », détaille l’expert. Pour autant, la Responsabilité sociétale des entreprises ne se limite pas seulement à des actions liées à l’environnement. Elle englobe également des champs tels que l'attractivité, la marque employeur, la fidélisation des collaborateurs, ou encore la vie privée ou la quête de sens dans son travail. « L’autre pan, c’est la gouvernance », poursuit Philippe Kunter. « C’est-à-dire tout ce qui a trait au pilotage des entreprises et à la manière dont on les dirige, donc la cohérence, la transparence ou encore la mixité. En somme, ce qui donne un cap aux collaborateurs et qui les élèvent ». La RSE repose donc sur : 
 

  • les relations et conditions de travail 

  • le respect des droits de l’Homme 

  • la participation au développement local 

  • la loyauté des pratiques 

  • la relation avec les consommateurs 

  • la gouvernance

« Et comme on le dit souvent, il n’y a pas qu'une RSE, il y a une RSE par entreprise. On ne peut pas comparer et imposer les mêmes critères à une TPE, une start-up, une ETI ou une boîte du CAC40 », observe le directeur du Développement Durable et de la RSE chez Bpifrance.  

Mise en place d’une stratégie RSE qui intègre les critères ESG 

L’intégration d’une politique RSE est devenue un objectif clé pour la plupart des entreprises. Pour élaborer une stratégie RSE efficace, les entreprises doivent évaluer leurs capacités à répondre aux exigences suivantes : 

  • Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), qui mesurent l’impact de l’entreprise sur la société et l’environnement. 

  • Lempreinte carbone, qui évalue les émissions de gaz à effet de serre générées par leurs activités. 

  • La norme ISO 26000, qui fournit des lignes directrices sur la manière dont les entreprises peuvent opérer de manière socialement responsable. 

  • Le référentiel d’indicateurs de la Global Reporting Initiative (GRI), qui aide à mesurer les performances économiques, environnementales et sociales des entreprises. 

L’utilisation de codes de conduite, l’adhésion à des chartes éthiques, la publication de rapports de durabilité, ainsi que l’obtention de certifications ou de labels RSE sont des pratiques courantes pour démontrer l’engagement des entreprises envers la RSE. Tandis que pour certains, la RSE reste principalement un outil de communication visant à renforcer leur image de marque, d’autres entreprises intègrent véritablement la RSE au cœur de leur stratégie de croissance. 

Mettre en place une stratégie RSE offre de multiples avantages pour les entreprises. Elle améliore l’image de marque, répond aux attentes des consommateurs, différencie l’entreprise sur le marché, réduit les risques, attire et retient les talents, génère des économies financières et facilite l’accès à de nouveaux financements.  

ESG : Environnement, Social et Gouvernance 

Définition de l’ESG  

L’ESG (Environnement, Social et Gouvernance) est un ensemble de critères utilisés pour mesurer l’impact sociétal et environnemental d’une entreprise et plus précisément :  

  • le critère environnemental : Évalue l’impact environnemental de l’entreprise et sa contribution au développement durable. Exemple : réduire les émissions de CO2, privilégier le recyclage, favoriser les énergies renouvelables…  

  • le critère social : Mesure les initiatives de l’entreprise liées à la santé, au bien-être, au dialogue social. Exemple : respect du droit des employés, respect de la diversité, l’inclusion des personnes en situation de handicap, prévention des accidents du travail… 

  • le critère de gouvernance : Évalue les pratiques et procédures sur lesquelles l’entreprise fonde ses décisions, répond aux besoins des parties prenantes et se conforme à la loi. Exemple : transparence des actions de lutte contre la corruption, indépendance du conseil d’administration… 

Quelle différence entre ESG et RSE ?  

Environnement, social, gouvernance, des notions qui forment également l’acronyme ESG, dont on entend souvent parler lorsqu’on évoque la RSE. Mais alors pourquoi avoir deux termes différents pour parler de la même chose ? « Tout simplement parce qu'il y a une affaire culturelle d'un côté et une affaire métier de l'autre », explique Philippe Kunter. A la différence de la RSE qui touche tous les acteurs de l’économie, l’ESG est d’avantage utilisé dans certains métiers tels que l'investissement qui, au travers des engagements environnementaux, sociaux et de gouvernance d’une entreprise vont mesurer la durabilité et l'impact éthique d'un investissement dans cette dernière. « Par exemple, on parle d’ESG lorsqu’on souhaite mesurer le taux d'accidentologie du travail dans un entreprise en vue de le faire baisser ». 

ISR : Investissement Socialement Responsable

Définition de l’ISR 

« L'investissement socialement responsable, est une notion qui a été très utilisée dans les métiers d'investissement. C’est une grille de lecture ou un tamis qui permet de sélectionner les sociétés qui utilisent de bonnes pratiques environnementales, sociales et de gouvernance ». 

L’ISR est un investissement qui combine rendement financier et respect des principes du développement durable. Outre les indicateurs financiers, il intègre des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. L’objectif est de soutenir des fonds qui prennent en considération l'impact social et environnemental. 

Qu’en est-il du label ISR ? 

Le label Investissement Socialement Responsable (ISR) a été créé en 2016 par le ministère de l’Économie et des Finances. Successeur du label Novethic, le label ISR permet d’encourager l’investissement responsable chez les épargnants en certifiant la conformité aux normes ESG. En investissant dans des produits d’épargne labélisés ISR, les entreprises contribuent directement au financement de sociétés et de projets à impact qui tiennent compte des enjeux climatiques, environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance.  

ISR et ESG : quelle différence ? 

L’ISR est un investissement qui prend en compte les critères ESG et qui s’inscrit dans une politique de finance verte. Il permet aux épargnants d’investir dans des placements bons pour la société et la planète. « La petite subtilité, c’est que tous les fonds labellisés ISR doivent répondre aux critères ESG, mais qu’en revanche, un fond répondant à un critère ESG n’est pas forcément inscrit dans une démarche ISR ! », précise Philippe Kunter.  

L’ISR permet de sélectionner les entreprises qui adoptent des bonnes pratiques en matière d’environnement, de social et de gouvernance. Cette sélection peut prendre différentes formes :  

  • Best in Universe : sélection des entreprises les plus vertueuses en matière d’ESG, indépendamment de leur secteur d’activité. 

  • Best in class : sélection des entreprises qui s’efforcent de respecter au mieux les critères ESG. Cette approche ne privilégie ou n’exclut aucun secteur d’activité en particulier. 

  • Best effort : sélection des entreprises qui s’impliquent durablement, c’est-à-dire qui améliorent constamment leurs pratiques et performances ESG. 

Quid de l’ESS : différence ou complémentarité avec la RSE et l’ESG ?  

ESS vs RSE  

La RSE est une initiative volontaire, non obligatoire, et ne constitue pas l’objectif ultime des entreprises privées, qui est de générer des bénéfices.  

En revanche, pour les entités de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), la mission sociale et solidaire est fondamentale. L’ESS est un secteur réglementé qui privilégie l’intérêt collectif et réinvestit les bénéfices pour le développement social et solidaire, plutôt que de les distribuer sous forme de dividendes, conformément à l’article 1 de la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 sur l’ESS.  

Néanmoins, ces deux philosophies peuvent s’enrichir mutuellement. Par exemple, dans le domaine du commerce équitable, des ONG et entreprises sociales sont souvent soutenues financièrement par des multinationales dans le cadre de leur politique RSE. Bien que les acteurs de l’ESS soient vus comme des modèles en matière de RSE, les entreprises privées excellent dans l’évaluation de leur impact socio-environnemental.  

ESS vs ESG 

L’ESG et l’ESS partagent un engagement commun envers la responsabilité sociale et environnementale. L’ESG évalue les pratiques durables d’une entreprise, tandis que l’ESS se concentre sur l’impact social et le réinvestissement des bénéfices pour le bien commun. Ensemble, ils forment une vision intégrée de la performance de l’entreprise qui va au-delà du profit financier pour inclure le bien-être social et la gestion environnementale. Cette synergie entre ESG et ESS encourage les entreprises à adopter des stratégies qui favorisent le développement durable. 

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Mélanie Bruxer

Rédactrice web