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Rapport RSE : comment et pourquoi le rédiger pour son entreprise ?

  • Temps de lecture: 9 - 10 min
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Il est aujourd’hui essentiel pour une entreprise de mener une politique RSE (Responsabilité Sociétale d’Entreprise). Rédiger convenablement le rapport annuel RSE qui en découle l’est tout autant.

La RSE consiste pour les entreprises à mettre en place des actions de développement durable à l’échelle sociale, environnementale et économique. Depuis 2010, la loi Grenelle II impose à certaines sociétés la publication d’un rapport RSE. N’importe quelle entreprise peut volontairement établir ce rapport, mais il est obligatoire pour certaines sociétés selon leur taille, leur chiffre d’affaires et leur cotation en bourse. Qu’est-ce qu’un rapport RSE ou charte RSE ? Quels sont les critères d’un reporting RSE et comment le construire ? Big Média vous dit tout ce qu’il faut savoir sur le rapport RSE des entreprises.

Qu’est-ce qu’un rapport RSE ?

Le développement durable étant une priorité, l’établissement de rapports RSE est devenu une exigence dans de nombreux secteurs et juridictions. En plus de son aspect informatif, il peut s’avérer être un excellent outil de communication.

Définition du rapport RSE :

Un rapport RSE ou reporting RSE (rapport de Responsabilité Sociale d’Entreprise) est un document périodique (généralement annuel) qui synthétise et rend public les actions et les résultats en matière de responsabilité sociale d’entreprise. Le rapport RSE s’inscrit dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises. Il permet d’identifier l'ensemble des actions sociales, économiques, et environnementales qu'une entreprise peut instaurer.

Définition de RSE, selon la Commission européenne :
« un concept qui désigne l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes ».

La DPEF, le nouveau rapport RSE ?

Depuis 2017, le reporting RSE est officiellement devenu la déclaration de performance extra-financière, dite « DPEF ».
La DPEF est un élément clé de la stratégie d’une entreprise et se différencie du simple reporting RSE en constituant un véritable outil de pilotage. L’établissement d’un bilan permet à une entreprise d’identifier les enjeux les plus importants et de définir les engagements RSE qu’elle doit par la suite intégrer à ses activités.

À qui s'adresse le rapport RSE ?

Un rapport RSE est à destination de toutes les parties prenantes de l'entreprise, internes et externes, c'est-à-dire :

  • les clients ;
  • les fournisseurs ;
  • les actionnaires ;
  • les collaborateurs ;
  • les institutions ;
  • les citoyens.

Le contenu d'un rapport RSE reste le même, quel que soit son lectorat. Sa vocation sera toujours de présenter la performance de l'entreprise en matière de développement durable.

Le rapport RSE est-il obligatoire pour les entreprises ?

La publication d'un rapport RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) n'est pas obligatoire pour toutes les entreprises en France. Cependant, certaines obligations légales existent, principalement pour les grandes entreprises. 
En théorie, la loi Grenelle II impose aux entreprises de grande taille de publier des informations relatives à leur performance environnementale et sociale. Les entreprises concernées par le rapport RSE sont celles qui répondent aux critères suivants :

  • elles sont cotées en bourse ;
  • elles ont un chiffre d'affaires supérieur à 100 millions d’euros ou une masse salariale supérieure à 500 employés.

De plus, la loi NRE (Nouvelles Régulations Économiques) contraint les entreprises cotées sur un marché réglementé à présenter les conséquences sociales et environnementales dans leur rapport de gestion annuel.
Cependant, en pratique, toutes les entreprises sont concernées par cette démarche ! Bien que la mise en place d'une stratégie RSE ne soit pas obligatoire en soi, la publication d'informations sur la RSE peut être nécessaire pour certaines entreprises, en particulier celles qui dépassent des seuils spécifiques. Quant aux entités du secteur public, elles sont tenues de publier un rapport développement durable.

Pourquoi une entreprise doit-elle rédiger un rapport RSE ?

Les rapports RSE permettent de répondre à la question suivante : Quelles actions votre entreprise peut-elle entreprendre pour honorer ses engagements en faveur du développement durable ?
Ces rapports détaillent les initiatives prises pour contribuer aux enjeux du développement durable, montrant ainsi la prise de responsabilité de l'entreprise vis-à-vis de ses impacts sociaux, économiques, et environnementaux. 
Les informations contenues dans ces rapports RSE fournissent une transparence accrue sur les pratiques et les activités de l'entreprise en matière de durabilité. Ils permettent ainsi d’informer ses parties prenantes de sa stratégie RSE. Un tel reporting participe donc non seulement à l’amélioration de la stratégie de l’entreprise et de son image de marque, mais il lui confère également une longueur d’avance sur ses concurrents, fédère ses salariés et attire les investisseurs. 

Pour ses collaborateurs 

En interne, comme le rapport RSE permet d’optimiser sa marque employeur, il donne un sens au travail de ses employés si les valeurs de l’entreprise sont alignées avec les leurs.
Cet alignement peut même devenir une source de motivation et de fidélisation des employés : d'après une étude du MEDEF, 68 % des salariés se voient toujours travailler pour le compte de leur société actuelle dans 3 ans. Ce chiffre atteint 79 % pour les entreprises dotées d'une charte RSE ou d'un comité RSE.

Pour ses investisseurs 

En externe, le reporting RSE permet aux acteurs de la finance de mieux comprendre l’implication dans le développement durable et les engagements RSE de l’entreprise pour ajuster l’impact investing.
Pour les investisseurs potentiels, de plus en plus sensibles à la finance durable et verte, il est important de connaître les crises environnementales que pourraient causer les activités de l’entreprise et d’évaluer les conséquences à moyen et long terme de ses activités afin de faire des choix plus éclairés vis-à-vis de l’entreprise. C’est pourquoi les entreprises écoresponsables ont le vent en poupe.

Pour ses clients 

Les consommateurs apprécient de savoir ce qui se déroule dans les coulisses d’une société avant d’en choisir les produits ou services. Un rapport RSE leur permet de connaître les conséquences de leurs achats en termes environnementaux, sociaux ou économiques (une empreinte carbone réduite, par exemple). C’est bénéfique aussi bien pour l’entreprise que pour le consommateur. La première va améliorer ses critères RSE afin d’avoir un impact plus positif et pour que le produit ou le service plaise davantage au consommateur. Le consommateur sera lui satisfait d’effectuer un achat responsable et sera fidélisé.
L’honnêteté des entreprises responsables et éthiques finit toujours par payer et évite d’être accusé de greenwashing !

Comment construire un rapport RSE ? 

Les informations contenues dans un rapport RSE s'organisent autour des trois piliers de la norme ISO 26000 : l'aspect social, l'aspect économique et environnemental ainsi que l'aspect sociétal. La norme ISO 26000 traite sept questions cruciales quant à cette dernière :

  • la gouvernance de l'organisation ;
  • les droits de l'Homme ;
  • les relations et les conditions de travail ;
  • l'environnement ;
  • la loyauté des pratiques ;
  • les questions relatives aux consommateurs ;
  • les communautés et le développement local.

L'intégration de ces thématiques sociales, sociétales et environnementales permet aux entreprises de rendre compte de leurs actions en matière de durabilité écologique mais aussi d’assurer une gestion socialement responsable et transparente. Et si les thématiques RSE sont utiles pour évaluer la contribution d'une entreprise au bien-être de la société et pour sensibiliser aux enjeux environnementaux, elles sont tout aussi essentielles pour renforcer la confiance des parties prenantes.

Thématiques sociales intégrées dans le reporting RSE

Les thématiques sociales intégrées dans le reporting RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) couvrent divers aspects liés à l'impact des entreprises dans ce domaine, à l’échelle de sa structure. Voici quelques points clés qu’une société doit inclure dans son rapport RSE afin de faire valoir la transparence sur ces points :

  • Emploi : le reporting RSE aborde la gestion de l'emploi, les conditions de travail, et les politiques d'inclusion et de diversité au sein de l'entreprise. Les critères indiqués sont : effectif total et répartition des salariés, embauches et licenciements, rémunération et évolution des collaborateurs. 
  • Organisation du travail : il évalue les pratiques en matière de gestion des ressources humaines, y compris la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, la formation, et la santé et sécurité au travail. Les critères indiqués sont : organisation du temps de travail et politique sur l’absentéisme.
  • Relations sociales : le rapport RSE examine les relations entre l'entreprise, ses employés, et les partenaires sociaux, mettant en lumière les démarches de dialogue social et les consultations régulières. Les critères indiqués sont : les mesures pour le dialogue social, l’information et la consultation du personnel, bilan des accords collectifs.
  • Santé et sécurité : politiques de santé et de sécurité au travail, accords signés avec les organisations syndicales ou représentants du personnel, dispositions en cas d’accidents du travail ou maladies professionnelles.
  • Formation : politiques et heures consacrées à la formation des collaborateurs.
  • Diversité et égalité : mesures en faveur de la parité, de l’emploi et de l’insertion des personnes handicapées, de la lutte contre les discriminations.
  • Conventions fondamentales de l’OIT : rapport sur le respect de la liberté d’association, droit de négociation collective ; mesures pour l’élimination des discriminations en matière d’emploi et de profession, du travail forcé ou obligatoire, du travail des enfants.

Thématiques sociétales intégrées dans le reporting RSE

Le rapport RSE doit également rendre compte de l’impact des entreprises sur la société plus globalement. Parmi les thématiques sociétales centrales incluses dans le reporting RSE, on retrouve ainsi :

  • Gouvernance : évaluation des pratiques de gouvernance au sein de l'entreprise, y compris la transparence, la responsabilité et la participation des parties prenantes
  • Impact territorial, économique et social de l’activité de la société : rapport sur l’emploi et le développement régional des populations riveraines ou locales, prise en compte des impacts sociaux positifs ou négatifs de l'entreprise sur la société, notamment en matière d'éducation, de santé, et de lutte contre la pauvreté.
  • Relations avec les personnes ou organisations intéressées par l’activité de l’entreprise : conditions de dialogue, actions de partenariat ou de mécénat.
  • Sous-traitance et fournisseurs : relations avec les fournisseurs et sous-traitants, leur responsabilité sociale et environnementale.
  • Loyauté des pratiques : mesures afin de prévenir la corruption, en faveur de la santé et de la sécurité des consommateurs.
  • Droits de l’Homme : considération des droits humains fondamentaux, assurant que l'entreprise respecte et promeut les droits de tous ses membres. 

Thématiques environnementales intégrées dans le reporting RSE

Une charte RSE doit rendre compte des répercussions de la chaîne de production de l’entreprise sur l’environnement. Elle intègre ainsi différentes thématiques environnementales pour évaluer l'impact écologique des entreprises. Le panel des thématiques environnementales centrales incluses dans le reporting RSE aborde notamment les points suivants :

  • Politique générale en matière environnementale : évaluation de la politique globale de l'entreprise en matière d'environnement, incluant les engagements en faveur du développement durable : questions environnementales, démarches d’évaluation ou de certification en matière d’environnement, formation et information des salariés, prévention des risques environnementaux et des pollutions, provisions et garanties pour risques en matière d’environnement.
  • Pollution et gestion des déchets : mesures de prévention, réduction ou réparation de ses rejets dans l’air, l’eau et le sol ; recyclage et élimination des déchets, gestion des nuisances sonores.
  • Utilisation durable des ressources : adaptation de la consommation et de l’approvisionnement en eau aux contraintes locales, consommation de matières premières et mesures visant à accroître leur efficacité, consommation d’énergie, amélioration de l’efficacité énergétique et recours aux énergies renouvelables, utilisation des sols.
  • Changement climatique : chiffres sur les rejets de gaz à effet de serre, mesures d’adaptation aux conséquences du changement climatique.
  • Biodiversité : mesures adéquates pour sa protection.

Le bilan carbone doit-il être inclus dans le rapport RSE ?

Dans sa définition légale, le rapport RSE doit bien contenir un bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES). Le bilan carbone mesure l'empreinte carbone d'une organisation, évaluant ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et leur impact. Il est considéré comme une composante essentielle du reporting RSE, permettant aux entreprises de rendre compte de leur performance environnementale. L'intégration du bilan carbone dans le rapport RSE offre plusieurs avantages, notamment :

  • Transparence environnementale : il fournit une vision claire des émissions de GES, démontrant l'engagement de l'entreprise envers la réduction de son impact climatique.
  • Indicateur de performance : il permet de suivre les progrès dans la réduction des émissions au fil du temps, montrant l'efficacité des initiatives environnementales.
  • Communication responsable : il renforce la communication envers les parties prenantes en détaillant les actions concrètes pour atténuer l'impact environnemental.

De nombreuses entreprises intègrent le bilan carbone dans leur démarche RSE pour aligner leurs activités avec des objectifs durables et répondre aux attentes croissantes en matière de responsabilité environnementale. Cependant, le bilan en question n’est obligatoire uniquement lorsque l’entreprise est directement responsable. Ce n’est pas suffisant car il n’est, par conséquent, pas représentatif de l'empreinte carbone réelle de l’entreprise. Pour avoir une vision plus juste, la mise en place d’une surveillance de la chaîne de production dans son ensemble serait nécessaire.

Comment rédiger un rapport RSE attrayant ?

Même s'il vaut toujours mieux produire son rapport RSE sous la forme d'un document noir sur blanc (souvent téléchargeable en version PDF depuis le site Web de l'entreprise), rien ne vous empêche de le promouvoir sur des supports plus attrayants.
Dans ce cas, la forme est aussi importante que le fond, et même si chaque société est libre de définir la façon, le format et l’importance avec lesquels les informations vont être présentées, il est judicieux de suivre certaines règles.

  • Appuyez-vous sur des visuels agréables. Si la présentation est indigeste, peu de lecteurs voudront lire votre rapport RSE. Et une démarche esthétique n’est pas incompatible avec sérieux et véracité !
  • Faites fi des listes ou simples énumérations de chiffres et de faits. La dimension rébarbative de cette forme pourrait donner l’impression que votre propre démarche RSE vous ennuie.
  • Privilégiez plutôt la structure du récit : situation initiale, élément déclencheur, péripéties, conclusion. Plus engageant, le storytelling permet d'inscrire vos propos dans un contexte précis et d'illustrer votre démarche. 
  • Utilisez des formats innovants et faites preuve de créativité : de courtes vidéos explicatives, des articles de blogs, un site Internet engageant peuvent présenter vos données de manière originale.
  • Identifiez les canaux de diffusion pertinents, comme les réseaux sociaux. LinkedIn, Twitter, Facebook, Instagram, TikTok... Vous avez le choix en fonction de votre public cible. La newsletter est aussi un excellent support de communication externe comme interne.

Faire un rapport RSE : quels avantages pour les entreprises ?

Si établir un rapport un rapport RSE peut représenter un travail conséquent, ses bénéfices sont multiples.

  • Il permet de renforcer l’image de marque : les entreprises écoresponsables et transparentes rassurent leurs clients. Les chiffres précis et détaillés et les analyses tangibles et certifiées permettent de gagner la confiance de consommateurs rendus méfiants par les nombreux scandales et manipulations révélés par les médias.
  • C’est un atout de communication interne et externe. Le rapport RSE fédère les équipes autour de valeurs communes en illustrant leur intérêt pour celles-ci.
  • Il octroie un avantage concurrentiel. Le rapport RSE est un outil efficace pour sortir du lot. Les clients et investisseurs apprécient sa transparence et de nouveaux partenariats sont plus aisément créés.
  • Il optimise les dépenses. La réduction des impacts RSE fait baisser les coûts de fonctionnement et améliore la qualité des produits et services.

Par ailleurs, lorsque les enjeux sociaux et environnementaux ne sont pas pris en compte, il y a un risque - tant sur le plan de la réputation que de la loi.

Quelques exemples de rapports RSE

Les rapports RSE, cruciaux pour démontrer l'engagement des entreprises envers la responsabilité sociale et environnementale, prennent diverses formes. Vous pouvez puiser de l’inspiration dans les modèles de rapport RSE des entreprises suivantes, qui possèdent chacune une esthétique propre reflétant l’image de la marque et ses préoccupations définies en termes de critères RSE.

Le rapport RSE de Danone met l’accent sur le développement durable en organisant ses chiffres dans des tableaux facilement compréhensibles par tous. Danone met en lumière les efforts de l'entreprise dans la promotion de pratiques durables, notamment en matière de nutrition, d'eau, et de climat, soulignant son engagement envers le bien-être des individus et de la planète.

Le dossier RSE de Décathlon fait, lui aussi, la part belle aux questions environnementales dans un document aux infographies dynamiques. Dans son document RSE, Décathlon fait part de ses actions annuelles en faveur du développement durable, illustrant son engagement envers des pratiques écoresponsables dans la conception et la distribution d'articles de sport.

Le rapport RSE de LVMH se distingue par une mise en page élégante et met en valeur ses équipes de collaborateurs aussi bien dans son fond et sa forme. Le Rapport d'Engagement 2022 de LVMH met en avant la stratégie déployée par le groupe, soulignant ses initiatives en matière de responsabilité sociale, économique, et environnementale, démontrant son engagement envers l'excellence et la durabilité.

Le rapport RSE de La Poste présente en toute sobriété ses démarches de modernisation. Dans son dossier RSE, La Poste souligne l'engagement sociétal de l'entreprise, mettant en avant ses actions pour contribuer au développement et à la cohésion des territoires, favoriser l'inclusion sociale, et promouvoir un numérique responsable.

Le rapport RSE de L’Oréal, présenté sous forme de site Web à explorer, met en exergue ses actions et activités RSE. Le Rapport Annuel 2022 de L'Oréal explore la stratégie, le modèle unique et la performance de l'entreprise, mettant en évidence son engagement en tant que leader mondial de la beauté et ses contributions aux enjeux sociaux et environnementaux.

Sources :
Le Grenelle de l'environnement : quels engagements ?, Vie Publique, vie-publique.fr, 31 juillet 2019
Responsabilité sociale des entreprises: une nouvelle stratégie de l'UE, EUR-Lex, eur-lex.europa.eu, consultée en octobre 2023
Baromètre national de la perception de la RSE, medef.com, 2020
Norme ISO26000, iso.org, consultée en novembre 2023.