Le Coq Sportif : écologie et réindustrialisation, les ingrédients clés de son grand retour

À la tête du Coq Sportif depuis 2006, Marc-Henri Beausire a modernisé et redynamisé une marque à la recherche de son lustre d’antan. Rencontre avec un patron qui a placé l’humain au cœur de son projet. 

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Yannick Noah, ambassadeur du Coq Sportif
Yannick Noah, équipé par Le Coq Sportif lors de l'US Open 1983

400 000 pièces à fournir pour 4 000 personnes. C’est le défi en passe d’être relevé par Le Coq Sportif en 2024. L’équipementier basé à Romilly-sur-Seine (Aube) habillera notamment la quasi-totalité, exception faite du football, du handball, du basketball et de l’athlétisme, des athlètes français lors des prochains Jeux olympiques et Paralympiques. L’occasion d’aller à la rencontre de Marc-Henri Beausire, PDG d’une marque de retour au premier plan.

Le Coq Sportif retrouve la flamme avec les JO 2024 

Yannick Noah, dernier Français à avoir remporté Roland-Garros en 1983, Diego Maradona vainqueur de la Coupe du monde de football en 1986, ou encore la mythique équipe de l’AS Saint-Étienne des années 1970 ont en commun d’avoir hissé haut les couleurs du Coq Sportif à l’international. Si la marque au coq est également associée au sport olympique français entre 1912 et 1972, elle s’était réorientée vers le sportswear à l’orée des années 2000 après un gros passage à vide dans les années 1990. Elle habille aujourd’hui le XV de France, fournit le Tour de France et sponsorise pléthore d’équipes de foot notamment. 
 
Un retour au premier plan qui est l’œuvre de Marc-Henri Beausire. « Quand on a affaire à un tel patrimoine culturel et humain qui représente des valeurs de sport, d’industrie et carrément d’un pays, il faut respecter son passé, ses racines. Mixé à de la modernité, c’est la recette aujourd’hui du retour au premier plan du Coq Sportif », se réjouit le PDG de la firme auboise. Une résurrection également possible en plaçant l’humain et des compétences oubliées au cœur du projet. « Nous avons besoin de métiers manuels en France et nous le prouvons depuis plusieurs années », ajoute Marc-Henri Beausire. « Notre travail a débuté il y a trois ans, en plein Covid. Nous avons doublé la capacité de notre usine pour être en mesure de fabriquer toutes les tenues de cérémonie des JO, sur le podium, du village olympique, ainsi que tous les équipements de l’ensemble des fédérations. C’est une véritable prouesse des équipes, sachant que ces savoir-faire n’existaient plus en France depuis des années. » 

Comment Le Coq Sportif a relocalisé une partie de sa production

Le Coq Sportif a réussi ce tour de force en relocalisant la grande partie d’une production partie en Asie à la fin du siècle dernier. « J’ai revisité tous les lieux dans lesquels Le Coq Sportif avait vécu et produit. Je suis tombé, en compagnie de la fille du fondateur (Émile Camuset, NDLR), sur une usine qui allait être transformée en appartements », affirme le boss de la marque au coq. « Nous avons décidé de la conserver et de refaire du textile ici. On avait tout à reconstruire car la société ne possédait plus que dix personnes qualifiées pour ce métier, mais ça me tenait à cœur de savoir comment on traitait la matière et la nature par la même occasion. Commander des habits à l’autre bout de la planète avec des gens dont j’ignore dans quelles conditions ils travaillent, ça n’avait pas de sens pour moi. »  
 
Comment Le Coq Sportif s’y prend-il pour concurrencer les pays asiatiques, alors que les écarts de prix peuvent être de l’ordre de 30 à 40 % ? « Une bonne gestion des stocks nous permet de combler l’écart de marge que l’on ne peut pas réaliser sur les produits vendus », explique Marc-Henri Beausire. Pas de surstocks, donc moins d’invendus ! « Notre volume de production est suffisant pour réindustrialiser en France, avec notamment une quinzaine de sous-traitants travaillant pour nous dans le bassin troyen. » L’équivalent de 600 emplois créés en France, de la couture au tricot, en passant par la teinture, la confection étant quant à elle réalisée au Maroc.  

Le Coq Sportif, une marque engagée en faveur d’un sport durable 

Une limitation des invendus qui participe à l’effort collectif pour décarboner les activités d’une industrie textile qui demeure l’une des plus polluantes au monde. « 50 % de cette pollution est causée par les invendus », confirme Marc-Henri Beausire. « Aujourd’hui, notre système est pensé pour que tout puisse matcher entre la finance et l’écologie. » La teinture est également un sujet pris très au sérieux chez Le Coq Sportif puisqu’entre les colorants chimiques utilisés et l’énergie déployée, l’impact écologique est des plus importants. « Notre matière textile est produite en France, mais nous avons aussi investi dans des machines consommant moins d’eau et d’énergie », précise le PDG de l’équipementier tricolore. Leurs colorants sont également traités avec moins de chaleur. 
 
Baskets, sweat, polo, doudoune ou encore tee-shirt, Le Coq Sportif mise aujourd’hui sur une mode sportive éthique et responsable, répondant aux aspirations de consommateurs désireux de limiter leur empreinte écologique. En 2020, l’équipementier aubois avait d’ailleurs dévoilé sa toute première gamme de sneakers conçue avec des matières végétales afin de se passer du plastique dérivé du pétrole, utilisé pour fabriquer les baskets de nombreuses marques. Le cuir végétal étant obtenu à partir de raisin, plus précisément de résidus non-utilisés pour produire du vin. Une façon comme une autre de s’affirmer comme une marque issue du terroir français.  

Le Coq Sportif, une marque française de vêtements et de chaussures de sport depuis 1882 

La marque Le Coq Sportif a été créée à la fin du 19e siècle par un passionné de sport, Émile Camuset, en plein cœur du bassin textile troyen, à Romilly-sur-Seine. Elle est issue du savoir-faire de tricot et de teinture du coton tradition qui garantit confort, qualité et durabilité aux vêtements.  
 
Rapidement, Le Coq Sportif devient l’équipementier de référence pour le sport français, en accompagnant aussi bien les amateurs que les professionnels. La présence de la marque au coq sur des épreuves sportives mythiques comme la Coupe du monde de football, Roland-Garros, le Tour de France ou le Tournoi des 6 Nations, lui offre également une renommée mondiale. 
 
Aujourd’hui, Le Coq Sportif, en plus d’être partenaire premium de l’équipe de France olympique et paralympique, et sponsor officiel de Paris 2024, est notamment l’équipementier du XV de France, de l’équipe nationale de foot du Cameroun ou encore du boxeur Tony Yoka, médaillé d’or aux JO de Rio en 2016.

Simon NAPIERALA
Simon Napierala Redacteur web