Gestion de la ressource en eau : le rôle de la technologie face aux nouveaux enjeux stratégiques

[TRIBUNE EXCELLENCE] Dans cette tribune accordée à Guillaume Valladeau, président et cofondateur de vorteX.io, l'entrepreneur nous expose son point de vue sur le rôle que peut jouer la technologie face aux enjeux soulevés par la gestion des ressources hydriques. 

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Guillaume Valladeau, président et co-fondateur, de vorteX.io
Guillaume Valladeau, président et cofondateur de vorteX.io

Les modèles climatiques récents prévoient un bouleversement dans l’équilibre de la répartition des ressources en eau, avec notamment une augmentation de l’incidence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses prolongées et les précipitations intenses. En Europe, comme dans de nombreux pays du monde, l’occurrence de ces événements a des répercussions directes sur la sécurité des populations mais aussi sur la qualité et la quantité d’eau disponible pour la consommation humaine, l’agriculture, l’industrie et les écosystèmes. En outre, la demande croissante en eau douce due à la croissance démographique et au développement économique des pays émergents exerce une pression supplémentaire sur les ressources hydriques. C’est pourquoi leur gestion se révèle être un enjeu majeur à relever rapidement. La mise en œuvre des moyens pour y parvenir apparaît donc comme une priorité absolue dès aujourd’hui.

Constat global et besoin de données

Partant de ce constat de dérèglement, la Commission Européenne, via la directive sur la résilience des territoires, encourage les États membres à renforcer leur capacité à faire face au changement climatique, notamment en matière de gestion de l’eau. 
En France, plusieurs actions sont actuellement menées concernant la stratégie à adopter, notamment le Plan Eau, le Fonds Vert et plusieurs volets du plan d’investissement France 2030. Au niveau mondial, l’ONU appelle au déploiement de systèmes d’alerte précoces (Early Warning Systems) pour anticiper les crises liées à l’eau et protéger les populations les plus exposées. Que ce soit au niveau local ou international, l'anticipation efficace des risques liés à l'eau doit impérativement se baser sur une meilleure connaissance des cycles hydrologiques. Pour ce faire, les scientifiques s'appuient sur la collecte et l’analyse de données, issues de différentes sources, afin de fournir des modèles pertinents de compréhension du cycle de l'eau. Ces données sont donc au cœur du processus permettant de redéfinir ces nouveaux mécanismes hydrologiques en cohérence avec ces changements.

La nécessité d’une surveillance renforcée des risques naturels

Les nécessités d’adaptation au changement climatique mettent ainsi  en lumière le besoin croissant de données pour analyser, comprendre et modéliser cette réalité changeante. 
Parallèlement à la compréhension des évolutions du cycle global de l’eau, les données hydrologiques jouent un rôle majeur dans la lutte contre les effets du dérèglement  climatique. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes, tels que les inondations, les sécheresses ou les ouragans, souligne la nécessité de disposer d’une grande quantité de données historiques et en temps réel pour assurer des services de surveillance renforcée des cours d’eau et de prévention des catastrophes naturelles.
De nombreux pays ont déjà déployé des réseaux de capteurs pour mesurer les principaux cours d’eau et anticiper les risques. Cependant, malgré ces efforts, de nombreux cours d'eau et parties de bassins versants restent sans surveillance en temps réel sur le terrain. Il apparaît donc nécessaire d’intensifier les moyens alloués à cette observation. 
Afin de mieux prévenir les risques d'inondation, il est essentiel d'accorder une attention particulière au suivi des petits cours d'eau, car ils contribuent de manière significative à ce risque.

L’innovation technologique et les données pour la surveillance et la prévision

L’innovation technologique s’avère en partie décisive pour atteindre de nouvelles perspectives jusqu’alors inaccessibles. Des avancées décisives ont été réalisées depuis l’avènement de l’altimétrie satellitaire au début des années 80. Près de quarante ans plus tard, en décembre 2022, la mission SWOT, fruit d’une collaboration de vingt ans entre le CNES et la NASA, a propulsé l’altimétrie spatiale dans une nouvelle ère des plus prometteuses. Les progrès qui découleront de cette mission, et d’autres après elle, permettront une meilleure surveillance et une compréhension accrue du cycle de l’eau à l’échelle de la planète. 
Or, bien qu'elles soient essentielles, les données issues du domaine spatial nécessitent d'être associées à des données hydrologiques in-situ, hyperlocales et bénéficiant d'une plus grande précision. Concernant ces mesures de terrain, de récentes innovations permettent de déployer de véritables constellations de capteurs intelligents et connectés. L’exploitation de toutes ces données peut être optimisée grâce aux progrès rapides de l'intelligence artificielle dont certains modèles excellent dans le traitement de volumes considérables de données. 
La conjugaison d’innovations issues de différentes technologies de pointe permet de maximiser la mesure à grande échelle, la centralisation des données et de leur traitement, permettant ainsi une meilleure prévision du cycle hydrologique global et des événements extrêmes qui y sont associés. 

Complémentarité et coopération, garantie d’une meilleure résilience

La préservation de la ressource en eau est un impératif vital. Elle nécessite une compréhension fine et globale des cycles de l'eau pour permettre des réponses rapides et efficaces à divers échelons. Une collaboration étroite entre gouvernements, experts, organisations internationales, entreprises privées et société civile est donc primordiale.
La coopération et la solidarité entre les nations sont indispensables pour affronter ce défi planétaire, tant sur le plan scientifique que politique. En parallèle, la mise en place d'actions adaptées aux réalités régionales spécifiques est la clé d'une gestion efficace de la ressource en eau douce, au niveau local, au plus près des besoins des populations et des réalités des écosystèmes. 
Une volonté politique forte, appuyée sur une connaissance approfondie du cycle de l'eau, elle-même basée sur des données hydrologiques exhaustives, doit soutenir des actions concrètes et concertées impliquant toutes les parties prenantes. Cette approche est la garantie d'une adaptation durable face aux défis posés par le changement climatique.

Guillaume Valladeau, président et cofondateur, vorteX-io.
 

 

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