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Analyse du cycle de vie : définition, objectifs, étapes de réalisation

  • Temps de lecture: 12 - 13 min
ACV
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Qu’ils soient matériels ou dématérialisés, délivrés physiquement ou par voie électronique, vos produits et services ont un impact environnemental. Pour le calculer, et surtout, le minimiser, une méthode existe : l’analyse du cycle de vie, ou ACV. Zoom sur un outil essentiel de la RSE et de la transition vers une démarche d’éco-conception et l’économie circulaire.

Vous êtes-vous déjà demandé quels impacts environnementaux peuvent avoir vos produits ou services, non pas seulement à leur usage, mais de leur conception à leur fin de vie ? L'Analyse de Cycle de Vie (ACV) offre des réponses précieuses à cette question cruciale dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais comment fonctionne cet outil ? Quelles sont les normes entourant cette méthode incontournable pour saisir les enjeux environnementaux de notre époque ? Quels sont ses objectifs et comment la réaliser ? Les réponses de Big média.

Qu’est-ce qu'une analyse de cycle de vie (ACV) ?

Analyse de cycle de vie (ACV), définition

Vous vous demandez peut-être quelles sont les répercussions écologiques de la production de vos produits et services, que ce soit pour un produit électronique, un vêtement, un meuble ou un objet de décoration. L'analyse de cycle de vie (ACV), aussi connue sous le nom d'analyse du berceau à la tombe, offre une réponse claire à cette question essentielle. Il s’agit d’une méthode d’évaluation des impacts environnementaux qui prend en compte l'ensemble des phases d'existence d'un produit ou d'un service, depuis sa conception jusqu'à sa fin de vie.

Selon l’ADEME, « l’ACV recense et quantifie, tout au long de la vie des produits, les flux physiques de matière et d’énergie associés aux activités humaines. »

Cette méthode intègre parallèlement une approche multi-critères, examinant les flux entrants tels que les ressources en eau, en pétrole, en gaz, ainsi que les flux sortants comme les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les liquides rejetés.

Cette méthodologie scientifique éprouvée est bien plus qu'un simple outil d'évaluation. Elle constitue un pilier fondamental pour orienter les entreprises vers l'éco-conception de leurs produits et services, tout en favorisant une meilleure performance environnementale. En adoptant l'ACV, les entreprises s'engagent dans une transition vers une économie circulaire, contribuant ainsi à préserver notre planète.

Rappelons que l’éco-conception vise à « réduire les impacts négatifs sur l’environnement des produits, procédés ou services sur l’ensemble de leur cycle de vie », selon la définition de l’ADEME. En intégrant l'ACV dans leur stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), les entreprises s'inscrivent dans une démarche proactive pour un avenir plus durable.

 

Les atouts de l'écoconception
ADEME


 

Bon à savoir :  ANALYSE DU CYCLE DE VIE ET COMPTABILITÉ CARBONE
La démarche de l’analyse du cycle de vie peut être rapprochée du Bilan Carbone® ou d’un Bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES) et l’ensemble de leurs scopes 1,2 et 3 de l’entreprise. En effet, les trois méthodes cherchent à analyser les émissions actuelles afin de faire ressortir des pistes de réduction de ses émissions. 
Une comptabilité carbone va cependant plus loin que l’ACV d’un produit ou d’un service car il analyse l’ensemble de l’entreprise et de chaîne de valeur et non pas un élément en particulier.
En revanche, Bilan carbone® ou BEGES s’attachent à évaluer la dépendance d’une entreprise au carbone uniquement, tandis que l’ACV analyse aussi bien l’impact du produit sur le changement climatique que sur de nombreux autres indicateurs environnementaux.

 

Les 5 phases du cycle de vie d’un produit ou d’un service

L’ACV prend en considération les incidences sur le climat d’un produit tout au long de son cycle de vie, de sa conception à sa fin de vie, en passant par la phase de fabrication, de la mise en circulation et de l’utilisation du produit ou du service.

Phase Prise en compte des impacts environnementaux liés à : 
Conception et choix des matières premières
  • extraction des matières premières ;
  • transformation des matières premières;
  • approvisionnement et transport des composants
Fabrication du produit fini ou du service
  • assemblage ;
  • emballage ; 
  • construction, etc.
Mise en circulation
  • distribution ;
  • commercialisation.
Utilisation du produit ou du service
  • déballage ; 
  • entretien ; 
  • usage, etc.
Fin de vie
  • collecte ;
  • transport ;
  • recyclage ; 
  • traitement des déchets, etc.

 


Schéma : Cycle de vie d'un produit

Cycle de vie d'un produit
Source : ecoresponsable.numerique.gouv.fr - L’analyse de cycle de vie (ACV)

 

Quelles sont les normes encadrant la méthode d’analyse de cycle de vie ?

Trois normes internationales encadrent la méthode et définissent les principes, les exigences et les modalités de l’analyse de cycle de vie : 

  • la norme ISO 14044, qui donne lieu à une ACV complète, multi-critères, analysant l’ensemble des indicateurs d’impact d’un produit ou d’un service, à savoir le changement climatique, l’appauvrissement de la couche d’ozone, les émissions de particules fines, l’acidification terrestre et des eaux douces, l’eutrophisation des eaux douces, etc. ;
  • la norme ISO 14040, qui conduit à une ACV simplifiée, qui peut être réalisé à partir de données secondaires ou qui peut se concentrer uniquement sur certains indicateurs ;
  • la norme ISO 14025, encadrant les marquages associés aux produits industriels - étiquetage, packaging, etc.

Quels sont les objectifs de l'analyse du cycle de vie (ACV) ?

L'ACV est bien plus qu'un simple outil d'évaluation environnementale. Elle répond à une multitude d'objectifs visant à guider les entreprises vers des pratiques plus durables. Voici comment elle peut vous aider à prendre des décisions éclairées :

1. visualiser les enjeux environnementaux : l'ACV permet de mettre en lumière les étapes du cycle de vie d'un produit ou d'un service qui ont le plus d'impact sur l'environnement. Cela aide à identifier les principaux défis écologiques à relever ;

2. trouver des axes d'amélioration : en comprenant les sources d'impacts environnementaux, vous pouvez identifier des pistes d'amélioration pour réduire l'empreinte écologique de votre activité ;

3. comparer et choisir la meilleure option : l'ACV vous permet de comparer différentes options de conception, de fabrication et de commercialisation pour choisir celle qui minimise le plus l'impact sur l'environnement et le climat ;

4. promouvoir l'éco-conception : vous pouvez comparer un produit standard avec sa version éco-conçue pour mettre en avant les avantages environnementaux de cette approche ;

5. benchmarking avec le marché : comparez vos produits ou services avec ceux de vos concurrents pour mieux comprendre votre position sur le marché en termes d'impact environnemental ; 

6. comparaison de produits similaires : comparez deux produits similaires ayant la même fonction pour évaluer leur performance environnementale relative ; 

7. analyse des services dématérialisés : comparez un service physique avec sa version dématérialisée pour évaluer l'impact de la transition vers le numérique ;

8. promouvoir l'éco-responsabilité : adoptez une démarche d'éco-conception ou du moins écoresponsable pour vos produits ou services afin de contribuer à la préservation de l'environnement ; 

9. amélioration de la performance des bâtiments : identifiez les phases les plus polluantes d'un bâtiment pour prendre des mesures visant à améliorer son efficacité énergétique et écologique ; 

10. communication environnementale fiable : disposez d'arguments précis et pertinents pour communiquer de manière transparente sur votre engagement environnemental, sans risque de greenwashing.

L’objectif final de cette méthode d’analyse est avant tout de faire des choix, en matière de fournisseurs, de méthode de production, de distributeurs, d’usage clientèle, etc. Ces choix permettent à l’entreprise de réduire son empreinte carbone et participer à atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, conformément à l’Accord de Paris. 

Qui peut réaliser une ACV ?

Cette méthode est universelle : elle peut être adoptée par chaque entreprise, de la TPE à la grande entreprise industrielle. Elle peut être utile dès que l’on propose un bien ou un service, ou encore que l’on possède des bâtiments professionnels (soumis ou non au BEGES)

À noter que de nombreuses formations existent sur le sujet. Il est donc possible de désigner un collaborateur et de le charger de cette analyse (chef de produit, ingénieur conception…) Un panel d’outils d’analyse existent par ailleurs sur le marché pour aider la personne que vous désignerez dans sa tâche. Il est également possible de faire appel à des sous-traitants pour vous accompagner.

Quelles sont les 4 étapes pour réaliser une ACV ?

Étape 1 : Définir les objectifs et le champ de l’étude 

Lorsque vous entamez une étude en analyse de cycle de vie (ACV), il est essentiel de définir clairement vos objectifs pour orienter vos efforts et obtenir des résultats pertinents. Voici ce que vous devriez prendre en compte dans la définition de vos objectifs :

  • identifiez les principaux buts de votre étude en ACV, tels que la réduction de l'impact environnemental d'un produit ou service, l'identification des sources majeures de pollution, ou encore la comparaison de différentes options ;
  • déterminez les domaines spécifiques sur lesquels portera votre étude, qu'il s'agisse de comparer des produits, de guider l'éco-conception, ou d'évaluer l'empreinte environnementale d'un processus ;
  • précisez si l'analyse vise un public interne à votre entreprise ou externe, comme vos clients ou les autorités de régulation ;
  • définissez si les résultats de l'étude seront rendus publics ou s'ils resteront internes à l'entreprise. Cette décision peut influencer la portée et la rigueur de l'analyse ;
  • spécifiez sur quoi portera précisément l'étude en ACV, qu'il s'agisse d'un produit, d'un service, d'un processus de fabrication, ou même d'un bâtiment ;
  • choisissez les unités de mesure les plus appropriées pour évaluer le service rendu par le produit ou le service analysé. Il peut s'agir de la puissance énergétique, de la durée de fonctionnement, de la longueur de vie, de la fréquence d'utilisation, de la performance, etc. Assurez-vous que ces unités correspondent aux caractéristiques spécifiques du produit ou service étudié.

En définissant précisément ces éléments, vous établirez un cadre clair pour votre étude d’ACV, ce qui facilitera la collecte des données, l'analyse des résultats et la communication des conclusions obtenues.

Étape 2 : Réaliser l’inventaire des données sur le cycle de vie (ICV)

L'étape cruciale de l’inventaire de cycle de vie (ICV) consiste à recueillir et quantifier de manière exhaustive tous les flux entrants et sortants associés aux différentes phases du cycle de vie du produit. Voici les principales actions à entreprendre dans le cadre de cette étape :

  • identifiez et mesurez tous les matériaux, les ressources et les énergies entrant dans le système (par exemple, les matières premières, l'eau, l'énergie) ainsi que les émissions, les déchets et les produits sortants à chaque étape du cycle de vie du produit ; 
  • analysez les activités et les processus associés à chaque phase du cycle de vie afin de quantifier les facteurs d'activités (par exemple, la consommation d'énergie, les transports, la production) et les facteurs d'émissions (par exemple, les émissions de gaz à effet de serre, les déchets toxiques) correspondants ; 
  • employez des méthodes et des outils adaptés pour collecter les données nécessaires à l'ICV, tels que des bases de données spécialisées, des enquêtes sur le terrain, des analyses de cycle de vie antérieures, ou des modèles de simulation.

Assurez-vous de prendre en compte tous les flux entrants et sortants, y compris ceux qui peuvent être négligés ou sous-estimés, afin d'obtenir une vision complète et précise de l'empreinte environnementale du produit sur l'ensemble de son cycle de vie.

Étape 3 : Évaluer les impacts environnementaux

L'évaluation des impacts environnementaux constitue l’étape suivante de l'analyse du cycle de vie (ACV). Cela implique d'examiner les conséquences directes et indirectes sur les écosystèmes, les ressources naturelles, la biodiversité, ainsi que sur la qualité de l'air, de l'eau et des sols. Pour cela, n’hésitez pas à inclure des modèles d'impact, de bases de données spécialisées, ainsi que des critères de performance établis par des normes internationales telles que les normes ISO 14040 et ISO 14044.

Deux méthodes d'évaluation et des indicateurs sont reconnus dans le domaine de l'ACV pour mesurer de manière fiable et objective les impacts environnementaux : l'évaluation des midpoints et des endpoints.

Les méthodes midpoints

Cette méthode porte sur les indicateurs d'impacts environnementaux « problématiques », c’est-à-dire l’ensemble des 15 indicateurs d’impacts recommandés par la Commission européenne. Ces midpoints représentent des aspects spécifiques de l'environnement qui peuvent être affectés par les activités humaines, tels que les émissions de gaz à effet de serre, l'acidification, l'eutrophisation, la consommation de ressources non renouvelables, etc.

Les méthodes endpoints

Les méthodes endpoints consistent à étudier les impacts en fin de chaîne de causalité, c'est-à-dire les conséquences ultimes des activités humaines sur l'environnement. Cela inclut les effets sur la santé humaine, la qualité de vie, la sécurité alimentaire, la disponibilité des ressources, ainsi que les changements climatiques et écologiques à long terme.

Étape 4 : Interpréter les résultats de l'ACV

Une fois les données recueillies et les impacts environnementaux évalués, il est essentiel d'interpréter les résultats de manière approfondie pour tirer des conclusions significatives et identifier des pistes d'amélioration. Voici les étapes clés de l'interprétation des résultats de l'analyse du cycle de vie (ACV) :

  • comparez les résultats obtenus avec les objectifs définis au début de l'étude. Cela vous permettra de déterminer dans quelle mesure les performances environnementales du produit ou du service correspondent aux attentes fixées ; 
  • identifier les axes d'amélioration à partir des résultats, les principaux domaines où des améliorations peuvent être apportées en termes d'impacts environnementaux. Cela peut inclure la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la minimisation de la consommation de ressources naturelles, l'amélioration de l'efficacité énergétique, la gestion des déchets, etc. ; 
  • prioriser les actions correctives en fonction de leur impact potentiel sur l'environnement et de leur faisabilité. Concentrez-vous sur les actions qui offrent le plus grand potentiel de réduction des impacts environnementaux tout en étant réalisables sur le plan technique, économique et opérationnel ; 
  • développer un plan d'action détaillé pour mettre en œuvre les mesures d'amélioration identifiées. Ce plan devrait inclure des objectifs spécifiques, des échéanciers, des responsabilités clairement définies, ainsi que des indicateurs de suivi pour évaluer les progrès réalisés dans la réduction des impacts environnementaux ; 
  • intégrer les conclusions de l'ACV dans la stratégie globale RSE de votre organisation. Utilisez ces informations pour démontrer votre engagement envers le développement durable, renforcer votre image de marque et répondre aux attentes croissantes des parties prenantes en matière de durabilité environnementale.

Questions à se poser avant de réaliser une ACV

Avant d'entamer le processus de calcul de l'analyse du cycle de vie, il est crucial de prendre en considération plusieurs aspects préalables. Voici quelques questions essentielles auxquelles vous devez répondre :

  • le choix du pilotage : décidez si l'analyse sera réalisée en interne par les ressources de votre entreprise ou si elle sera confiée à un sous-traitant spécialisé. Si vous optez pour une analyse interne, assurez-vous que la personne chargée du dossier possède les compétences nécessaires et a été formée spécifiquement pour mener à bien cette tâche. Il est également important de déterminer depuis combien de temps cette personne a été formée afin de garantir une expertise adéquate ; 
  • la disponibilité des données : évaluez si vous disposez d'accès à des données fiables et complètes pour effectuer l'ACV. Si oui, identifiez clairement quelles sont ces données et dans quelle mesure elles sont pertinentes pour votre projet d’ACV. En revanche, si vous ne disposez pas de données adéquates, déterminez où vous pouvez les obtenir, que ce soit auprès de fournisseurs, de bases de données spécialisées ou d'autres sources externes ;
  • la communication des résultats : définissez dès le départ si les résultats de l'ACV seront rendus publics ou s'ils seront utilisés à des fins internes uniquement. Cette décision aura un impact sur la manière dont l'analyse sera menée et sur la manière dont les résultats seront présentés et interprétés ; 
  • la sélection des outils d'aide à l'analyse : identifiez les outils et logiciels disponibles pour vous aider dans le processus d'ACV. Choisissez les outils qui correspondent le mieux aux besoins spécifiques de votre projet et assurez-vous qu'ils sont compatibles avec les données dont vous disposez. Certains outils peuvent simplifier certaines étapes de l'ACV, comme la collecte des données, la modélisation des flux de matières et d'énergie, ou l'évaluation des impacts environnementaux.

Quels sont les outils pour réaliser une analyse de cycle de vie ? 

Pour réaliser une Analyse du Cycle de Vie (ACV) de manière efficace, il existe deux types d'outils principaux qui peuvent être utilisés en complément.

Les logiciels d’analyse de cycle de vie sont des outils pratiques et sophistiqués qui simplifient le processus d'ACV. Ils permettent d'évaluer et de comparer les impacts environnementaux en se basant sur des bases de données spécifiques. Ces logiciels aident à définir les flux de matières et d'énergie et à réaliser l'inventaire pour distinguer les flux entrants et sortants des composants du produit ou du service. Quelques exemples populaires de tels logiciels incluent SimaPro, GaBi et OpenLCA.

Les bases de données fournissent des informations essentielles pour évaluer l'impact environnemental des produits ou des services. Elles simplifient l'étape de l'évaluation en mettant à disposition des données sur les différentes phases du cycle de vie des produits. Parmi les exemples de bases de données couramment utilisées, on trouve Agribalyse (France), Base IMPACTS (France - généraliste) et ELCD (Europe - généraliste).

Quant au Bilan Carbone® ou au BEGES, ils peuvent être considérés comme un outil complémentaire pour évaluer l'empreinte environnementale des produits. Bien qu'il se concentre principalement sur les émissions de gaz à effet de serre, il peut fournir des informations précieuses sur les impacts environnementaux liés aux activités humaines. En utilisant à la fois l'ACV et la comptabilité carbone, les entreprises peuvent obtenir une vision plus complète de leur empreinte environnementale et identifier les domaines où des actions d'amélioration peuvent être entreprises.
 

 

BON À SAVOIR - Financez votre projet d’éco-conception avec Bpifrance
Bpifrance propose un dispositif appelé Diag Ecoconception, soutenu par l’ADEME, qui vise à diminuer l'empreinte environnementale d'un produit, d'un service ou d'un processus d'entreprise. Cela implique une évaluation environnementale, notamment une analyse de cycle de vie, pour identifier les pistes d'amélioration.

 

Analyse du cycle de vie d’un produit : exemple d’un téléphone portable 

Réalisée à la demande de l’ADEME, voici un exemple d’ACV concernant les téléphones portables.

Objectifs de l'étude

Les objectifs principaux de cette étude étaient les suivants : 

  • évaluer l'impact environnemental de la production d’un smartphone ;
  • évaluer l'impact environnemental de la distribution et de la fin de vie ;
  • identifier les principales sources d'émissions de gaz à effet de serre et de consommation de ressources ;
  • proposer des pistes d'amélioration pour réduire cet impact environnemental.

L’inventaire de cycle de vie (ICV)

Il ressort de l’ICV que 80 % des impacts environnementaux des smartphones sont liés à leur fabrication, principalement dus à l’extraction des minerais que l’on retrouve sous la forme de métaux dans les téléphones. 

Celle-ci a des conséquences très négatives sur l’environnement : 

  • l’épuisement des ressources ; 
  • les atteintes à la biodiversité dues aux rejets toxiques dans l’environnement (rejets d’eau acide et des déchets chargés en radioactivité ainsi qu’en métaux lourds en Chine) ; 
  • les émissions de gaz à effet de serre…

Des conséquences sociales et éthiques existent également, notamment les conflits d’usages de l’eau avec les populations locales et les conditions de travail des mineurs, parfois très jeunes.

Enfin, l’ICV mentionne diverses difficultés à l’étape recyclage compte tenu de la complexité de la fabrication. Au total, 70 matériaux différents et une cinquantaine de métaux sont en effet nécessaires pour fabriquer un smartphone.

 

Quatre tours du Monde pour fabriquer un smartphone
ADEME

 

Interprétation des résultats et pistes d'amélioration

Au terme de l’ACV, l’ADEME a relevé 4 pistes pour diminuer l’impact des téléphones portables : 

  • structurer une filière de reconditionnement pour les marques qui vendent des smartphones (jusqu’à 8 fois moins d’impacts que le neuf en moyenne) ; 
  • concevoir des modèles solides, démontables, évolutifs avec une batterie remplaçable, une connectique complète (port audio jack, port USB...) et un chargeur universel ; 
  • inciter les consommateurs à bien entretenir leurs smartphones (jusqu’à 40 % de pannes en moins), en prévoyant des housses ou des coques et en vendant systématiquement un film de protection ; 
  • promouvoir la réparation en soutenant des repair stores.

Analyse du cycle de vie comparative de véhicules électriques  thermiques

L’ADEME fournit un autre exemple d’ACV, cette fois comparative. L’objectif étant de comparer les bilans environnementaux des véhicules électriques (VE) et des véhicules thermiques essence et diesel sur l'ensemble de leur cycle de vie, afin d’aider les entreprises à faire leur choix entre les deux types de véhicules.

Les objectifs de l’ACV comparative

Cette ACV entend dresser le bilan environnemental des deux types de véhicules, entre 2012 et 2020 afin d’évaluer l'évolution technologique, sur les critères suivants : 

  • comparaison incluant les aspects tels que la consommation d'énergie primaire, 
  • l'impact sur le changement climatique, 
  • l'épuisement des ressources fossiles, 
  • l'acidification atmosphérique, 
  • l'eutrophisation de l'eau
  • la création d'ozone photochimique. 
  • la pollution atmosphérique
  • le bruit en phase d'usage des véhicules.

L’ICV

Pour les véhicules électriques, leur contribution à l'effet de serre est plus prononcée pendant la phase de fabrication. En effet, la production de la batterie représente à elle seule 35 % de cette contribution. De surcroît, l'extraction des métaux nécessaires à la fabrication de la batterie entraîne des émissions de substances acidifiantes. En revanche, les véhicules thermiques émettent davantage de CO₂ tout au long de leur cycle de vie, mais leur impact est moindre lors de la phase de fabrication.

Interprétation des résultats et pistes d'amélioration

Après avoir parcouru plus de 50 000 km, les véhicules électriques présentent un réel gain environnemental, à condition que l'électricité utilisée provienne de sources décarbonées. En France, en 2012, un véhicule électrique roulant 100 000 km émet, sur l'ensemble de son cycle de vie, entre 8 et 12 tonnes d'équivalent CO₂, tandis qu'un véhicule thermique en émet entre 14 et 21 tonnes. En conclusion, bien que les véhicules électriques affichent un impact environnemental plus favorable à long terme, il est essentiel de prendre en considération l'intégralité du cycle de vie pour évaluer leurs bénéfices.

Les limites de l'ACV

Si l’ACV a de nombreux avantages, on peut déplorer quelques limites. Ainsi, la modélisation peut devenir complexe en raison du manque de données disponibles dans les bases, ce qui rend la représentation précise des processus difficile à obtenir. De plus, la collecte exhaustive de tous les flux entrants et sortants du cycle de vie du produit peut représenter un défi considérable, pouvant compromettre la fiabilité des résultats.

Enfin, l'ACV présente des lacunes dans sa capacité à prendre en compte tous les impacts environnementaux. Par exemple, des aspects tels que la génération de microplastiques, l'altération du paysage, la pollution lumineuse, et d'autres facteurs similaires ne sont pas toujours inclus dans l'évaluation, ce qui peut limiter la portée de l'analyse et son exhaustivité dans la détermination de l'empreinte environnementale totale d'un produit ou d'un service.

 

 

SOURCES :
Gagnez en performance avec l’écoconception ADEME

Diag Ecoconception - Bpifrance

Analyse du cycle de vie - Novethic

L’analyse de cycle de vie (ACV) - Numérique responsable  

Garder son smartphone le plus longtemps possible - ADEME 

Étude comparative des véhicules électrique et thermique sur l’ensemble du cycle de vie - ADEME