Marc Du Pontavice, producteur et confondateur de Xilam Animation

A l’occasion de We Are French Touch 2023, le premier rendez-vous des industries culturelles et créatives françaises organisé par Bpifrance, Big media recevait sur son plateau Marc Du Pontavice, producteur audiovisuel et fondateur de Xilam Animation.  

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Marc Du Pontavice

« Vous avez commencé votre carrière au sein de Gaumont », introduit la journaliste Ariana Von Walter Hierso face à Marc Du Pontavice, cofondateur de Xilam Animation, un studio français de production de séries et de films d'animation, sur le plateau de Big média lors de We Are French Touch, le premier rendez-vous des industries culturelles et créatives françaises organisé par Bpifrance. Avec des grands succès comme les séries et dessins animés “Les Zinzins de L’Espace” et “Oggy et les Cafards”, ce dernier s’est imposé comme une référence de l’animation pour enfants. « Mon parcours de producteur a commencé dans la maison Gaumont pendant presque huit ans, où j’étais chargé de créer des nouveaux métiers. J’ai d’abord créé, avec un autre producteur, Gaumont Télévision. Il s’agit de la branche chargée de la production de séries et de films de télévision pour Gaumont », raconte Marc Du Pontavice.  

Xilam Animation, un studio d’animation français à l’identité forte qui a marqué son temps  

A cette époque, le producteur travaille sur des séries en anglais qui voyageront vers le Canada et les Etats-Unis. « C’était une très bonne école pour moi de réaliser des séries internationales », partage-t-il. Au même moment, Marc Du Pontavice développe une appétence particulière pour les jeux vidéo (avec notamment l’adaptation des films “Les Visiteurs” ou encore “Le Cinquième Elément”) et l’animation, domaine dans lequel il décidera de poursuivre sa carrière. « J’ai adoré travailler avec ces artistes, ces dessinateurs. C’était une époque où on sentait qu’on pouvait révolutionner le secteur, alors endormi », assure-t-il. Quelques années plus tard, le producteur rachète la division Gaumont Multimédia, avec laquelle il a réalisé de nombreux films d’animation. « J’ai rebaptisé cette entité Xilam. Nous sommes ensuite devenus un important studio européen, employant désormais plus de 600 personnes », confie le producteur. En parallèle de cette activité, il réalise des films en prises de vue réelles sans animation avec One World Films.  

« C’était dur de s’imposer dans ce secteur avec cette compétition grandissante, qui présente une fragmentation de l’audience, expose Marc Du Pontavice. Les enfants sont un public curieux, exigeant, qu’il faut convaincre très rapidement. La durée d’écoute et d’attention n’est pas celle d’un adulte. J’ai compris qu’à travers l’image et le son il fallait créer des identités fortes. » Avec ce constat, les équipes de Xilam Animation travaillent sur des couleurs pop, une signature puissante. Peu de temps après naissent des séries d’animation internationalement reconnues telles que ”Oggy et Les Cafards” et “Les Zinzins de l’Espace”. « Ce qui me fait plaisir aujourd’hui, c’est que des spectateurs me disent encore ‘on reconnait la patte Xilam’. C’est une réussite car je voulais aller chercher cette signature unique », ajoute-t-il.  

Comment Netflix et les géants du streaming ont permis à Xilam de se développer à l’international  

S’il est incontestable que le secteur de l’animation a désormais séduit les géants du streaming et les grandes plateformes, « il fallait des années, avant la globalisation, pour conquérir de nouveaux territoires et construire un succès. Il a fallu du temps avant que Zig et Sharko ou encore Oggy et Les Cafards deviennent des réussites internationales », confie Marc Du Pontavice. Cependant, depuis quelques années, les grandes plateformes telles que Netflix ou encore Disney + investissent dans les films d’animation, changeant ainsi complétement la donne pour les acteurs du secteur. « Avec ces solutions, un film d’animation est instantanément diffusé dans le monde entier. L’intérêt de ces structures pour notre activité a permis de drainer des moyens considérables dans l’industrie », se réjouit le producteur. En 2022, Xilam signait un film d’animation intitulé « Karaté Mouton », en slapstick, un genre cinématographique coûteux. « Cette technique est chère mais c’est Netflix qui nous a donné l’opportunité et les moyens de l’utiliser », poursuit Marc Du Pontavice. Xilam n’est pas le seul studio d’animation à attirer les grandes plateformes de streaming. De nombreuses structures de différents pays d’Europe ont commencé à répondre aux commandes très importants des géants américains. « Ils se sont rendu compte que nous avions des capacités d’innovation très fortes en France et en Europe. L’Hexagone compte parmi les plus grandes écoles d’animation et un bassin de talents absolument phénoménal », analyse Marc Du Pontavice. 

Si cette appétence est encore récente et qu’il est difficile de savoir comment cette tendance va évoluer, il est certain que les studios ont tout intérêt à chérir leurs liens avec les grands du streaming. « Si on prend l’exemple du marché anglais, qui est souvent un pilote de ce qui va se passer, chez les 4-14 ans, un tiers consomme YouTube, un autre tiers le streaming et le reste les chaines traditionnelles. Là où, auparavant, les chaines classiques rassemblaient 100 % de l’audience », souligne le producteur.  

« Xilam a atteint le sommet de la créativité en matière d’animation » 

Avec deux césars et une nomination aux Oscars pour « J’ai perdu mon corps », Marc Du Pontavice peut se féliciter d’avoir marqué le secteur de l’animation. « C’est un aboutissement et un nouveau départ. Ça arrive parfois comme un miracle dans la vie d’un producteur. On a mis sept ans pour arriver à faire ce film avec une adversité démentielle car les gens ne comprenaient pas le projet », déclare le producteur. Avec la volonté de faire exister cette œuvre coûte que coûte, et financé en fonds propres, Marc Du Pontavice finit par donner naissance à un film qui sera non seulement salué à la Semaine de la Critique mais remportera également le Grand Prix. « C’était le début d’une belle histoire. À la suite de cette récompense, Netflix a vu le film et a fait une offre complètement improbable alors que nous avons pris un risque démentiel ! Ils ont fait cette offre en pensant nous emmener directement aux Oscars, ce qui nous a emmenés à Los Angeles. Xilam a atteint le sommet de la créativité en matière d’animation. Nous sommes devenus une référence même aux Etats-Unis », conclut le producteur.  

Julie Lepretre

Julie Lepretre

Rédactrice web