Deezer révolutionne l'industrie musicale avec le modèle « Artist Centric »

À l’occasion de We Are French Touch (WAFT), la Grande Scène a accueilli Stéphane Rougeot, le directeur général adjoint de Deezer, Stéphan Bourdoiseau, producteur chez Wagram Stories et Céline Stierlé, directrice de la communication de l’engagement des relations publiques à la Sacem. L’occasion de présenter le modèle de redistribution « Artist Centric » au profit de la créativité.

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Stéphane Rougeot, le CEO de Deezer, Stéphan Bourdoiseau, producteur chez Wagram Stories et Céline Stierlé, directrice de la communication de l’engagement des relations publiques à la Sacem

Apporter un objet qui représente votre métier. C’était la demande faite aux trois invités sur la Grande Scène de Big média, lors de l’événement WAFT. Résultat, Stéphane Rougeot, le directeur général adjoint de Deezer a choisi son téléphone, Stéphan Bourdoiseau, producteur chez Wagram Stories une cassette audio, et Céline Stierlé, directrice de la communication de l’engagement des relations publiques à la Sacem (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique), la partition originale des Mots Bleus de Christophe. Trois objets, trois métiers, mais des convictions communes, que ces trois acteurs ont portées autour du nouveau modèle de redistribution appelé « Artist Centric ».

Deezer a pensé un modèle au profit des auteurs, compositeurs et éditeurs

« En 2007, on a créé le streaming, on l’a inventé ! On a streamé quelques semaines avant Spotify en proposant 4 millions de titres. Le principe, fondamental pour les labels, était que chaque stream avait la même rémunération », introduit sur scène Stéphane Rougeot. Avec 100 000 titres téléchargés chaque jour, la plateforme française d’écoute de musique est aujourd’hui un leader incontesté du streaming.

Mais dans cette masse de contenus, comment s’y retrouver et partager les royalties entre tous ces streams écoutés ? Car si les pistes audio sont majoritairement des créations artistiques, Deezer héberge tout type de sons. « On peut trouver des bruits de tondeuse, d’eau qui coule, mais aussi des fraudes », se désespère Stéphane Rougeot. « Heureusement, avec du soft power, on peut faire bouger les lignes. »
La plateforme a donc pris l'initiative de changer de modèle, au profit des artistes à succès ou avec labels, et au désavantage des streams frauduleux et non créatifs. Cette volonté a pris forme en septembre 2023, au côté d’Universal, avec la présentation d’un nouveau mode de rémunération du streaming. Le premier changement de la sorte au monde. Appliqué le 1er octobre, le modèle « Artist Centric » a inspiré d’autres acteurs du secteur, tel le producteur indépendant Wagram Stories (M, Orelsan, Ayo…).

Le streaming musical a représenté 40 milliards de CA pour Wagram Stories

« Pour nous, le marché mondial du streaming a représenté 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2023 et on l’estime à 120 milliards dans 10 ans, grâce à une croissance à deux chiffres », déclare Stéphan Bourdoiseau, producteur chez Wagram Stories.

Mais comment se répartissent  les revenus du streaming ? « En général, les plateformes prennent 30 % et les créateurs 70 %. Parmi les gains de ces-derniers, 15 % vont pour les droits d’auteur et 55 % aux labels et artistes », explique Stéphan Bourdoiseau. Et pour le producteur, en ce qui concerne ces 55 %, ils sont aujourd’hui accessibles à tous : « Il est facile de produire une musique et de l’uploader. Et les perspectives de revenus sont gigantesques. » L’occasion pour certains artistes de passer de l’ombre à la lumière de manière fulgurante, comme c’est le cas pour le nouveau phénomène pop espagnol Íñigo Quintero qui a vu sa carrière exploser en seulement trois mois.
Pour Stéphan Bourdoiseau, il est indispensable d’intéresser le public pour vendre plus d’abonnements et donner de la valeur aux pistes musicales. « La manière dont on va distribuer l’argent est importante car cela va impacter l’investissement sur les prochains projets artistiques. »

La Sacem accompagne le modèle de rémunération « Artist Centric »

Derrière les streams, il y a des auteurs, éditeurs, compositeurs. Des créateurs que la Sacem accompagne et rémunère grâce à un système de collecte des droits d’auteurs et de redistribution. « La démarche Artist Centric présente un grand intérêt, que ce soit pour neutraliser la fraude et les bruits blancs, ou pour mieux rémunérer les créateurs », déclare Céline Stierlé, directrice de la communication de l’engagement des relations publiques à la Sacem. « Avec Deezer on a lancé une étude sur l’évolution de la rémunération des auteurs et compositeurs en comparant l’ancien et le nouveau modèle. On verra ce qui fonctionne le mieux. Tout le monde n’est pas Christophe ou Jean-Michel Jarre. Certains vont gagner plus que d’autres, mais on a l’intuition que ce nouveau modèle sera gagnant-gagnant. »

 

 

 

 Qui sont Stéphane Rougeot, Stéphan Bourdoiseau et Céline Stierlé ?

Stéphane Rougeot est le directeur général adjoint de Deezer. Diplômé de Sciences Po Paris et de l’Université Paris Dauphine, il a plus de vingt ans d’expérience dans la direction et la transformation d’entreprises, notamment dans les secteurs de la technologie et des médias. Il a également occupé plusieurs postes de direction chez Orange et Technicolor (ex Thomson).

Stéphan Bourdoiseau est producteur chez Wagram Stories. Diplômé de l’ESSEC, il commence sa carrière dans le milieu musical comme manager chez FGL-Arcade, pour ensuite racheter en 1998 les parts françaises d’Arcade et créer Wagram Music. Ce label indépendant est l’un des plus importants en France, avec un catalogue aussi riche que varié (Orelsan, Fatoumata Diawara, Dominique A, Caravan Palace, Gringe…)
Céline Stierlé est la directrice de la communication de l’engagement des relations publiques à la Sacem. Diplômée en droit de la communication à Paris II Assas et en droit et administration de la communication audiovisuelle à la Sorbonne, elle a occupé plusieurs postes de direction dans la communication, notamment en tant que directrice des relations presse et des affaires publiques chez Idemia, responsable des relations presse chez Amazon France et directrice associée chez Havas Paris. Elle a également été responsable de la communication et des relations institutionnelles chez France 3.

Marion Bouche, Rédactrice Web
Marion Bouche Rédactrice Web