Arthur Gosset, le réalisateur de Ruptures, chasse l’éco-anxiété en passant à l’action avec Séisme

Co-fondateur de Séisme, une association à impact écologique et social, Arthur Gosset était l’invité de Big média lors de Jour E. L’occasion pour le réalisateur de Ruptures de revenir sur la genèse de son engagement et de s’épancher sur le vaste sujet de la transition écologique. Extraits.

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Arthur Gosset, le réalisateur de Ruptures, chasse l’éco-anxiété en passant à l’action avec Séisme
Arthur Gosset sur le plateau Big média lors de Jour E 2024 à Nantes

Bousculer les trajectoires en étant convaincu que chacun a un rôle à jouer dans la construction d’un monde plus juste et plus soutenable, c’est le leitmotiv de Séisme, l’association fondée en janvier 2023 par Arthur Gosset. Invité du plateau Big média à Nantes le 4 avril dernier, le réalisateur du documentaire Ruptures en a profité pour délivrer des messages forts lors d’une interview menée par Éléonore Thery, rédactrice en chef de So Good.

Arthur Gosset, un ingénieur en rupture 

Ingénieur de formation, passé notamment par Centrale Nantes, Arthur Gosset est un adepte des lectures scientifiques. Mais c’est sur son temps libre, en s’évertuant à éplucher plusieurs rapports du GIEC et de l’IPES, qu’il prend véritablement conscience de l’urgence écologique. « À la lecture de ces études, j’ai pris la mesure de la crise systémique que l’on était en train de vivre », confie-t-il d’emblée. Il reçoit « une grosse claque écologique à ce moment-là, vers 2017-2018 » et se forge rapidement une conviction en visionnant des documentaires, en lisant des livres et débattant du problème avec ses amis. 

Depuis, l’éco-anxiété ne lâche plus Arthur Gosset, même s’il préfère parler d’éco-lucidité. « Quand tu réalises le désastre en cours, l’extinction de la biodiversité, la sur-extraction des ressources et j’en passe, c’est compliqué de ne pas avoir cette frayeur qui nous ramène à la réalité. J’ai des crises d’angoisse aujourd’hui encore, notamment quand je vois des proches vivre leur vie comme si de rien n’était, partir à l’autre bout de la planète. » À son niveau le réalisateur tente de faire le maximum, même s’il essaye de mettre des œillères certaines fois et de positiver pour garder le moral. « Sinon je n’y arriverais pas », concède-t-il. 

La réalisation du documentaire Ruptures pour faire bouger les choses

Et finalement le meilleur moyen de chasser l’éco-anxiété, c’est de passer à l’action. Arthur Gosset a donc choisi la radicalité : délaisser sa carrière toute tracée d’ingénieur et se désolidariser du système capitaliste, pour tenter de convaincre par tous les moyens qu’il est plus qu’urgent d’œuvrer en faveur de la planète. Pour ce faire, il a réalisé un premier documentaire, intitulé Ruptures, film mettant en exergue des jeunes diplômés qui, comme lui, décident subitement de changer de cap face à l’urgence écologique. « Ces jeunes, comme cela a été le cas pour moi, se sont sentis en dissonance avec des formations, puis plus tard des carrières professionnelles, qui ne sont plus à la hauteur des enjeux climatiques. Personnellement, je lisais les rapports du GIEC et en même temps j’avais des cours sur le béton, sur l’industrialisation, ça n’avait aucun sens. » 

Ce film, Arthur Gosset le réalise en premier lieu pour parler à ses parents, qui ne comprennent pas sa démarche. « Ils se demandaient pourquoi leur fils qui était amené à très bien gagner sa vie après des études d’ingénieur, prenait ce tournant radical. » Un an de tournage et un an de montage plus tard, le jeune homme sera récompensé d’un coup de cœur du jury au Festival International du Film Écologique et Social (FIFES) à Cannes. « La quête de sens des jeunes, lorsque le film sort en septembre 2021, c’est un sujet qui commence à émerger dans la société. Les médias vont s’y intéresser et on va avoir la chance de faire 600 projections devant près de 35 000 étudiants du supérieur, dans les lycées, mais également dans certaines entreprises », se réjouit le réalisateur.  

Avec Séisme, Arthur Gosset accélère sur son engagement écologique 

Si les choses bougent et les mentalités évoluent dans l’enseignement supérieur, notamment depuis l’instauration du rapport Jouzel-Abbadie, c’est trop lent au goût d’Arthur Gosset. Et il y a une raison à cela. « Pour les professeurs, c’est clairement une remise en question de ce qu’ils sont », explique-t-il. « Un enseignant chercheur qui depuis 30 ans est expert sur le béton, va devoir revoir, du jour au lendemain, sa posture et apprendre d’étudiants plus au fait que lui des enjeux écologiques, c’est compliqué et ça prendra du temps. »  

Le temps justement, Arthur Gosset le consacre en grande partie à l’association Séisme qu’il a co-fondé avec Hélène Cloître. « À la suite des projections du documentaire Ruptures, nous avons rencontré beaucoup d’étudiants qui nous demandaient comment il était possible de s’engager concrètement », explique le jeune homme. Il se rend alors compte qu’il y a quelque chose à faire directement dans les territoires pour rendre visible les différentes manières de s’engager au quotidien dans son métier. « Nous nous sommes installés à Rennes et avons créé l’association Séisme dans le but de bousculer les trajectoires afin de visibiliser les voies à impact écologique et social. Nous avons organisé le premier forum des voies à impact en octobre 2023, qui a rassemblé 4 500 personnes dont 2 500 étudiants. »  

Avant un second documentaire à venir, en cours de tournage, qui portera sur la transformation écologique des organisations, Arthur Gosset n’a décidément pas fini de passer à l’action. 

Retrouvez l’interview complète d’Arthur Gosset lors de Jour E, en replay sur notre compte X

Simon NAPIERALA

Simon Napierala

Redacteur web