Comment relever le défi de la neutralité carbone quand on est un leader industriel : l'exemple de Myral

Le groupe Myral, acteur engagé dans l'industrie de l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) et de l'habillage de façades, progresse de manière significative vers son objectif audacieux de devenir le système d’ITE au plus faible impact carbone sur le marché. À mi-chemin de son initiative Neutral.ITE, ce membre de la communauté du Coq Vert nous partage son grand défi.

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Comment le leader industriel Myral est en passe de relever le défi de la neutralité carbone
Julien Bagnard, directeur général de Myral

Pour Myral, la mobilisation en faveur de la décarbonation de la construction n'est certainement pas un engagement à la légère. Basé à Is-sur-Tille (Bourgogne), le groupe affiche plus de 35 ans d'expérience dans la fabrication de produits d'isolation et de protection des façades, en pivotant progressivement son activité vers la protection thermique des bâtiments. L’entreprise réalise aujourd’hui environ 300 000 m² de panneaux pour l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) par an, notamment grâce à l'automatisation de sa ligne de production en 2014-2015 pour augmenter sa capacité de production et répondre à une demande croissante. “Nous avons un outil industriel performant adapté aux marchés qui s’offrent à nous pour la rénovation énergétique : pour les bâtiments tertiaires ou les maisons individuelles”, appuie Julien Bagnard, directeur général de Myral depuis un an après avoir évolué au sein de l’entreprise (ingénieur Bureau d’étude, direction du développement. Sa mission ? “Après avoir poussé la démarche environnementale au cœur de l’entreprise, j’ai souhaité faire prendre à Myral un virage pour rendre sa mission plus soutenable et réussir à faire des produits Myral une bonne alternative pour décarboner le secteur du bâtiment.” 

L’initiative Neutral ITE de Myral 

Une vision d'avenir qui se concrétise dès maintenant sur le terrain. Initiée en 2022, la démarche de réduction de l'impact carbone de Myral s'organise autour d'un plan d’action dont la mise en œuvre doit être achevée d'ici 2025. Cette stratégie, intitulée Initiative Neutral ITE, vise à réduire drastiquement l'impact carbone de ses produits pour les adapter à ce que Julien Bagnard appelle “le chantier du siècle” : la rénovation des bâtiments. “Pour réaliser ces millions de chantiers, nous avons besoin de produits qui fonctionnent bien, qui se posent rapidement, performants techniquement, esthétiques et accessibles économiquement. Mais nous devons aussi aller beaucoup plus loin sur le volet de l’impact environnemental : nous voulons produire les façades pré-industrialisées les plus décarbonées.” 

Alors que les ITE sont classiquement constituées d’une ossature métallique avec un isolant, puis un parement, l’entreprise Myral possédait déjà un avantage carbone grâce à ses produits brevetés dotés d’un système d’emboîtement qui s’affranchit de l’ossature métallique - or celle-ci représente un tiers du bilan carbone d’un bardage ventilé. Comment engager le pas de plus vers la décarbonation ? “Avec une approche très pragmatique : identifier où se situent nos émissions de gaz à effet de serre sur le produit. Et le DG de Myral de détailler : Nous nous sommes rendus compte que 90 % de notre impact carbone est lié à nos matériaux, soient 3 matières premières : aluminium (70 % de l’impact), mousse isolante polyuréthane (20 %) et PVC.” En suivant ce travail sur l’analyse du cycle de vie de ses produits, les équipes de Myral ont oeuvré à la réduction des émissions à la source. 

Identifier des gisements de matériaux recyclés, moins carbonés 

Afin de réduire leur bilan carbone, les produits Myral doivent intégrer des matériaux issus du recyclage, plus soutenables. Premier chantier, l’aluminum, qui constitue 70 % de l’impact carbone des matériaux. Il existe des gisements d’aluminium recyclé, et pour les industriels de cette filière, trouver des débouchés d’usage est une priorité. Et Myral constitue une clientèle de choix pour faire de ces déchets une nouvelle ressource. “Nous nous sommes rapprochés de l’entreprise Speira, filiale de Hydro, un producteur norvégien de bobines aluminium. Ils sont en capacité de produire de l’aluminium très décarboné, composé jusqu’à 75 % de déchets.”

Cette démarche d’économie circulaire - faire d’un déchet une nouvelle ressource - a ensuite été répliquée sur les deux autres matières premières. Ainsi, la mousse isolante en polyuréthane utilisée par Myral contient 15 % de bouteilles en PET (plastique pétrosourcé, NDLR) recyclées, sourcées en Espagne. “Ce sont des contenants captés par la communauté de Barcelone, transformés en chips PET ((5 bouteilles PET par m²)”, détaille Julien Bagnard. “La canette alu fait le parement, la bouteille PET fait l’isolant.” Et pour le PVC ? Myral collabore avec plusieurs partenaires pour revaloriser des millions de fenêtres en PVC en fin de vie. Un travail est réalisé par certains acteurs de cette filière pour déconstruire la fenêtre, récupérer le PVC en lentilles prêtes à être extrudées à nouveau. 

Notre objectif est d’arriver à la moitié du produit fabriqué à partir de déchets de fin de vie. En partant d’une ITE initialement estimée à 39 kg CO2/m², avec ces innovations nous devrions parvenir à diviser par deux cet impact.” L’entreprise travaille également à étendre les types d’isolants complémentaires avec lesquels elle travaille en sous-face de son parement. Ici, la clé est l’agilité. À chaque situation son isolant afin d’être au plus près des problématiques des chantiers. De nouveaux types d’isolant font ainsi leur apparitions : réemployés, recyclés, biosourcés ou encore des isolants à forte valeur technique permettant de répondre à certaines problématiques précises. Dans le cas de certains isolants biosourcés, il est même possible de générer un puits de carbone permettant de “compenser” l’impact minimal incompressible des parements Myral.

Vers une certification des produits dès 2024 ? 

Tout ce travail sur la réduction de l'empreinte carbone a été réalisé grâce aux investissements continus en recherche et développement de Myral et appuyé par des subventions, comme le dispositif France 2030. L'entreprise est actuellement engagée dans la démarche de certification permettant de quantifier et de garantir l'impact environnemental de ses produits : une fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) est attendue dans les prochaines semaines, puis un avis technique et des certifications de résistance thermique (Acermi) ou encore de résistance au feu. 

Myral prévoit de lancer et massifier son concept décarboné et de développer davantage son réseau de franchisés pour répondre à une demande croissante sur tous les marchés. Pour relever ce défi, la formation des entrepreneurs spécialistes de la pose d’ITE est nécessaire. La société souhaite créer un centre de formation, un Campus Myral, afin d’accompagner les entreprises partenaires à la bonne pose des produits de la marque.  

Le marché commence à comprendre l'importance de la réduction de l'impact environnemental, conclut le directeur général. Nous sommes optimistes quant à l'accueil du marché envers nos produits décarbonés.” Avec la prochaine inauguration de son nouveau siège social, vitrine du savoir-faire Myral - bâtiment bois (CLT), ITE reconditionné avec 100 % d’aluminium recyclé, isolant complémentaire biosourcé, 95 % de la façade recyclée ou biosourcée - l’entreprise est alignée avec sa nouvelle raison d’être : lutter activement contre le changement climatique à travers l'isolation des bâtiments et en valorisant les déchets.

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