TEE : la décarbonation de l’industrie est cruciale

Le 6 octobre dernier, Big média a posé ses valises – et son plateau TV– à Big, le plus grand rendez-vous entrepreneurial d’Europe. Dans une émission coproduite avec Usbek & Rica, quatre experts et entrepreneurs sont revenus sur les enjeux de la transition écologique et énergétique des industriels. Retour en images !    

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« Les catastrophes climatiques qui continuent d’émailler notre fil d’actualité nous le rappellent sans cesse : il faut agir pour le climat », annonce d’emblée Pierre-Olivier Cazenave, journaliste au sein du média Usbek & Rica et animateur du plateau télé « TEE et Industrie : je t’aime moi non plus » qui s’est tenu à l’occasion de la 8e édition de Big. Si aujourd’hui nombre d’entre nous s’engagent, à travers de petits gestes, et contribuent à développer des modes de vie plus en phase avec les impératifs de sobriété, qu’en est-il des industriels français ? Comment agissent-ils face à ces enjeux majeurs ? « Ils sont sur le front pour accueillir et conduire cette métamorphose », ajoute le journaliste. Mais le sujet n’est pas toujours simple pour eux car il s’agit bien d’investir pour inventer des solutions inédites, des modèles qui leur permettront à la fois de conduire cette transition tout en continuant à faire tourner leur entreprise.  

Selon l’ADEME (l'Agence de la transition écologique) la décarbonation de l’industrie repose sur deux enjeux fondamentaux. Le premier est climatique. « On doit atteindre la neutralité carbone en 2050, et pour l’atteindre, la décarbonation de l’industrie est cruciale », note Raphael Gerson, conseiller Scientifique et Technique au sein de la Direction Exécutive de l'Expertise et des Programmes de l'ADEME. Pour rappel, l’industrie est responsable de près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Le deuxième enjeu est économique et passe notamment par la souveraineté énergétique. « Les conditions en Ukraine nous le rappellent de façon dramatique. Il est primordial d’instaurer une souveraineté énergétique afin que le modèle économique des industriels ne soit plus impacté par ce type d’évènements ».  

Comment enclencher sa transition écologique et énergétique ?  

Mais concrètement, comment faire pour enclencher sa transition ? « Au sein de l’ADEME, on a identifié trois leviers pour décarboner l’industrie », ajoute Raphael Gerson. Le premier repose sur l’efficacité énergétique : consommer moins et récupérer la chaleur produite. Le second levier concerne le besoin en énergie. Ici, il s’agit de favoriser un approvisionnement en énergie renouvelable et/ou de récupération. Enfin, le dernier levier s’articule autour du travail de la matière, afin de favoriser l’utilisation de composants recyclés. Cette verticale, Guillaume Rochman, fondateur et CEO de SOFRAPACK, en a fait son fer de lance puisqu’il propose des emballages sur-mesure, écologiques et durables. Le carton remplace donc les palettes en bois et l’emballage écologique en papier recyclé les emballages plastiques. « L’appropriation de ces produits par les clients a été très longue. Le fait de proposer des caisses en carton pour remplacer les palettes de bois paraissait lunaire à l’époque, mais grâce à une poignée d’industriels qui avaient à cœur d’enclencher leur transition écologique, nos produits ont commencé à susciter plus d’intérêt, notamment post Covid-19 », confie le dirigeant de SOFRAPACK.  

Un avis que partage Emmanuelle Perdrix, présidente de ROVIP, une PME industrielle spécialisée dans l'injection des polymères. « Le groupe ROVIP a une partie de produits industriels en sous-traitance donc là nous sommes soumis aux contraintes des donneurs d’ordre. Ce n’est pas toujours facile d’impulser des changements autour des matières recyclées car il y a des cahiers des charges, des spécifications. Par contre, on a la chance d’avoir une gamme de produits en marque propre qui s’inscrit dans un véritable processus de transformation, notamment grâce à l’utilisation de logiques ACV (analyse du cycle de vie) et d’écoconception », commente la dirigeante.   

Financer et attirer : le nerf de la guerre 

Mais ces développements ont un coût. « Il est clair que tous ces changements représentent un impact financier, mais au final, lorsqu’on observe toutes les économies faites, notamment dans le contexte de la crise énergétique, on se dit que c’était un choix payant », commente Emmanuelle Perdrix. Dans son processus de transition, ROVIP a été soutenue par l’ADEME, mais également par Bpifrance via son prêt Vert. Un dispositif de plus en plus imité par des partenaires financiers traditionnels qui proposent désormais des solutions avec des taux bonifiés, afin d’encourager les entrepreneurs à se lancer. Des outils comme le Diag Ecoflux peuvent également leur permettre d’enclencher une transition en cartographiant les zones trop gourmandes en énergies.  

Si cette évolution vers des process plus vertueux entraine bien souvent un retour sur investissement non négligeable, elle a également un impact sur le recrutement de talents comme le souligne Hervé de Malliard, PDG de MGA Technologies : « Aujourd’hui, une entreprise qui ne se préoccupe pas de son impact environnemental n’attire pas les jeunes. Enclencher sa transition, c’est non seulement indispensable pour préserver notre planète et nos ressources mais c’est aussi essentiel pour que les jeunes s’engagent dans l’industrie ». En ce sens, la Semaine de l'industrie, qui se tient dans toute la France du 21 au 27 novembre, à mis l’accent sur "l'avenir durable". Un thème qui mobilise les jeunes, cibles principales du ministère de l'Economie qui souhaite ainsi les sensibiliser aux métiers de l'industrie qui a plus de 70 000 postes à pourvoir dans le secteur. « Industrie et TEE c’est «je t’aime, moi aussi » car toutes deux vont dans la même direction », conclut Raphael Gerson, conseiller Scientifique et Technique au sein de la Direction Exécutive de l'Expertise et des Programmes de l'ADEME. 

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Mélanie Bruxer Rédactrice web