PME et développement durable, quelles solutions ?

L'événement Impact PME qui s'est déroulé le 30 novembre à Paris a permis la tenue de conférences et d'ateliers autour des enjeux climatiques pour les petites et moyennes entreprises. Le directeur financier de Memo Bank, Ferdinand Brunet, et le directeur technique du cabinet Everimpact, Alain Retiere, ont partagé leur expertise.  

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À l’aube de la quatrième édition d’Impact PME, Bercy annonçait le lancement de la plateforme Mission Transition Ecologique. À destination des TPE-PME, ce dispositif dévoilé le 29 novembre par les ministres Christophe Béchu, Agnès Pannier-Runacher et Olivia Grégoire, prévoit d’accompagner les 4 millions de TPE et 146 000 PME françaises dans la mise en place d’une réelle politique de développement durable.  

Une première pour cette cible, en sachant que Bercy a déjà mis en place plus de 340 aides à la transition énergétique et écologique (TEE) pour les entreprises. Il demeure néanmoins compliqué pour les organisations de moins de 250 salariés d’y accéder, au vu des conditions spécifiques propres à chacun des dispositifs. Présents au désormais célèbre incubateur parisien « Station F », pour s’exprimer sur le sujet, Ferdinand Brunet et Alain Retiere ont répondu aux questions des nombreux dirigeants concernant l’impact du risque climatique sur leur entreprise.  

De l’impact de la taxonomie européenne sur les petites structures françaises 

« Aujourd’hui obligatoire pour les grandes entreprises, la réalisation du bilan carbone s’appliquera dès 2025 aux entités de 250 salariés ou plus », annonce Ferdinand Brunet. Directeur financier de la « Banque des PME », Memo Bank, expert en marché financier, fait état des lieux de l’impact sur les TPE-PME de normes européennes, comme le CSRD (directive sur les rapports extra-financiers). « La Banque de France se prépare elle aussi à attribuer des notes sur des critères ESG (écologie, social, gouvernance ndlr.), d’où la nécessité de commencer à mesurer son empreinte carbone, peu importe la taille de sa structure », poursuit le financier. Une politique inévitable si l’on souhaite continuer à se voir attribuer des financements. 

« Notre économie dépend de ressources naturelles, que l’on a épuisées », abonde Alain Retiere. Ingénieur agronome de formation, ce spécialiste en science du climat est aujourd’hui directeur technique (CTO) du cabinet Everimpact, dont la mission est d’accompagner les villes et organisations à réduire leurs émissions de carbone. « Il faut aborder la problématique de manière systémique, et non à l’échelle individuelle. In fine, les TPE-PME sont les fournisseurs des grands groupes, qui eux, ont déjà entamé des politiques de décarbonation. Ces petites structures seront donc forcément impliquées dans cet effort collectif de réduction », détaille le scientifique. De quoi encourager les chefs d’entreprise à imaginer une stratégie RSE, avant même que cela ne soit obligatoire. 

Bilan carbone : entre nécessité et opportunité 

«La priorité, c’est de mesurer », déclare le directeur financier de Memo Bank, Ferdinand Brunet. Obligatoire pour toutes les entreprises de plus de 250 salariés à partir de 2025, le bilan carbone sert de véritable outil définissant une réelle trajectoire de la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par les entreprises. « En plus d’anticiper les notes des banques sur les critères ESG, mettre en place une feuille de route permet d’attirer et fédérer des jeunes talents pour qui la quête de sens semble essentielle, au regard des enjeux climatiques actuels », ajoute le directeur financier. Une manière de s’adresser positivement à toutes les parties prenantes pour le développement pérenne de son entreprise. 

Au même titre que le bilan comptable, le bilan carbone « devrait avoir lieu tous les ans », poursuit Ferdinand Brunet. « Il est important de bien se documenter pour comprendre le sujet dans sa globalité et ne pas subir cet exercice », déclare le spécialiste de l’écologie Alain Retiere. Bien que payant lorsqu’on se fait accompagner, les deux conférenciers soulignent l’existence de subventions attribuées par des organismes comme l’ADEME, Bpifrance ou Magellan. « Il ne faut pas voir le bilan carbone comme une dépense, mais plutôt comme un investissement, car cela se traduira par une économie sur le long terme, pour l’entreprise et pour la planète », conclut l’ingénieur.