Comment accompagner les ICC dans leur transformation et leur croissance ?

Nicolas Parpex, Directeur du pôle des Industries culturelles et créatives (ICC) et pilote de La French Touch chez Bpifrance partage les enjeux de cette filière stratégique. 

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nicolas parpex

Big média : En cette période post-crise sanitaire où les enjeux de décarbonation et de digitalisation sont prégnants, comment accompagner les ICC dans leur transformation et leur croissance ?

Nicolas Parpex : Effectivement ces deux éléments de transformation sont absolument majeurs. Ce ne sont pas des substrats de crise, le monde change et la transformation technologique et la transition écologique offrent des opportunités pour construire le futur. Nous sommes très mobilisés pour soutenir ces transformations dans une dynamique d’intelligence collective et d’animation des écosystèmes en collaboration avec les acteurs, les grands groupes, les startups, les institutionnels.

À travers le Plan Touch, Bpifrance offre un continuum de financement, d’investissement, d’accompagnement, d’innovation, notamment le concours i-Nov qui a développé une verticale Industrie créative dans le cadre de France 2030. Cette boîte à outils permet d’accompagner toutes les entreprises, même les pure players nativement vertueux qui s’inscrivent dans des logiques climatiques décarbonées.

BM : Comment réussir à marier savoir-faire d’excellence séculaire et innovation technologique ?

NP : En réalité, il existe déjà une synergie extrêmement féconde entre le savoir-faire et l’innovation. À l’échelle de notre action, cela s’illustre parfaitement par notre soutien à la fois à l’entreprise qui permet au monde de visiter Notre-Dame de Paris en réalité virtuelle et à l’entreprise qui effectue les travaux de rénovation de la cathédrale pour que le patrimoine bâti revive. Les savoir-faire et la technologie sont complémentaires, La French Touch se définit par ces deux aspects.

On peut également citer les grandes marques de luxe, comme Chanel ou Louis Vuitton, qui à la fois préservent les savoir-faire les plus spécifiques et les plus précieux dans des ateliers français extrêmement pointus et créent des égéries « avatarisées » dans le métavers. Une autre initiative que je trouve extraordinaire est un programme de recherche qui permet, grâce à des sciences et des technologies haptiques, de coder, de digitaliser et de modéliser le geste des artisans, par exemple des plumassiers, pour garder une trace, une capacité à former et à transmettre un savoir-faire de la main.

BM : Compte-tenu de leur puissance économique, de quelle façon les ICC jouent-elles un rôle dans la compétitivité et le rayonnement à l’international de la France ?

NP : Les industries culturelles et créatives sont non seulement un enjeu de puissance économique mais également un enjeu de compétitivité. Tous les secteurs qu’elles recouvrent, forment un écosystème d’entreprises extrêmement performantes à l’échelle internationale. Les leaders mondiaux du luxe sont des groupes français : Kering, Hermès, LVMH. Nous avons des entreprises très compétitives et très fortes dans le domaine du jeu vidéo avec Ubisoft, dans le domaine du cinéma avec Pathé. Ces grands groupes portent le marché et entraînent avec eux des PME de croissance. Ces challengers sont dans des formes dynamiques de développement notamment à l’international.

La France compte également beaucoup de startups développant de nouvelles technologies comme l’immersif et la réalité virtuelle, le Web3 et l’intelligence artificielle. C’est ce foisonnement d’entreprises compétitives, positionnées sur les six verticales sectorielles et à des stades de maturité différents, qui contribue à la compétitivité française. Et enfin le rayonnement international vient des entreprises, des artistes et des œuvres elles-mêmes. La French Touch c’est Daft Punk, c’est Le Bureau des légendes qui va être adapté aux États-Unis par George Clooney. Cela signifie que nous sommes capables de développer des marques et des propriétés intellectuelles qui sont connues dans le monde entier. C’est par ailleurs une grande fierté de savoir la France capable de jouer ce rôle dans le paysage international.

BM : De plus, le sujet du développement business et du rayonnement international est au cœur de la proposition de valeur de La French Touch.

NP : Tout à fait ! Et c’est même inscrit dans sa raison d’être. Cela se fait à travers des événements. L’initiative la plus cristallisante de ce premier trimestre a été la participation de la France et de La French Touch au festival South by Southwest qui est l’événement le plus incontournable de la tech et des industries créatives dans le monde. Nous avons fédéré l’écosystème et les parties prenantes avec le soutien de l’État, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Culture, Business France, des partenaires privés (Sacem, Deezer, Orange). Nous avions une délégation d’une centaine d’entrepreneurs de la touch.

La dynamique collective a trouvé des effets de levier qui ont permis la présence de plus de 300 Français sur place. La French Touch a rayonné comme jamais : prise de parole de speakers français, organisation d’une soirée concert avec un clin d’œil au courant musical du même nom. L’impact a été important, les entreprises ont rayonné, elles ont noué des relations et généré des échanges commerciaux avec les grands acteurs de la tech et de l’entertainment américain. Nous sommes heureux de la portée de notre participation. C’est une réussite collective. Tous les acteurs de La French Touch étaient représentés : les institutionnels, les corporates, les startups, nos ambassadeurs. Nous avons construit un jalon sur lequel s’appuyer pour reproduire et amplifier notre action.
 

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