Paris, Washington ou Shanghai : « Notre-Dame de Paris, l’Exposition Augmentée » d’Histovery fait le tour du monde

Après trois mois au Collège des Bernardins à Paris, l’exposition en réalité augmentée Notre-Dame de Paris a posé ses valises à Dresde en Allemagne le 6 août dernier. L’occasion pour Bruno de Sa Moreira, cofondateur d’Histovery à l’origine de l’exposition, de revenir sur l’aventure de l’entreprise qui ne se cantonne pas aux frontières françaises. 

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reconstituions construction Notre Dame
Reconstitution du chantier du choeur gothique de Notre Dame ©Histovery

60 000. C’est le nombre de curieux venus du monde entier venus découvrir « Notre-Dame de Paris, l’Exposition Augmentée » au Collège des Bernardins, dans le 5e arrondissement de Paris, durant ses trois mois d’ouverture. Disponible en 13 langues, la visite propose de revivre les 850 ans d’histoire de l’emblématique cathédrale parisienne avec l’HistoPad, la solution de visite augmentée développée par Histovery. « Nous souhaitons proposer au monde entier de pouvoir visiter à nouveau Notre-Dame à travers différentes époques, sous un angle historique », explique Bruno de Sa Moreira, le cofondateur et PDG de la startup French Touch à l’origine de ce voyage immersif et interactif. Avant Paris, Notre-Dame s’est déjà virtuellement arrêtée à Dubaï en octobre 2021, sur le pavillon France de l’exposition universelle. Pendant 30 jours, 150 000 visiteurs s’y sont bousculés pour découvrir ce voyage dans l’histoire du monument. Et l’exposition n’a pas fini de voir du pays ! Déjà exposée au National Building Museum de Washington depuis le mois d’avril, elle s’installe le 6 août au cœur de la ville de Dresde en Allemagne, dans le Palais du Grand Jardin. 

Histovery s’ouvre de nouvelles voies à l’international avec Notre-Dame de Paris 

Dresde ne sera pas la première halte de l’entreprise en Allemagne. A l’international, Histovery prospecte activement depuis 2016, de l’Europe aux États-Unis, en Chine et au Japon. « L’Allemagne fut le premier pays pour lequel tout s’est bien aligné, que cela soit en termes de timing, de personnes ou de business », se souvient Bruno de Sa Moreira. Son format d’exposition itinérante lui permet d’atteindre les États-Unis à l’occasion du 75e anniversaire du débarquement de Normandie en 2019. « Ce format nous offre une souplesse de voyage, c’est beaucoup plus léger et facilement transportable. De cette manière, on fait sortir l’histoire du musée ou du monument pour le faire voyager dans le monde entier », explique le dirigeant.

C’est sur ce format qu’est bâtie l’exposition Notre-Dame de Paris. Elle propose de scanner des « portes du temps » avec l’HistoPad pour accéder à la réalité augmentée et revivre son histoire, de sa construction au Moyen-Âge à l’incendie et au chantier de sauvegarde. « C’est une expérience qui porte sur un sujet universel : tout le monde connaît Notre-Dame et a été touché par l’incendie. Les visiteurs veulent maintenant savoir comment tout cela va se terminer ». Outre l’avantage d’être facilement transportables, les informations, toutes digitales, peuvent aussi être régulièrement mises à jour par Histovery pour suivre les progrès de restauration de l’édifice. L’exposition devrait d’ailleurs continuer sa tournée jusqu’à la fin des travaux et la réouverture, en 2024.

Visible jusqu’au 26 septembre à Washington, l’exposition a lieu simultanément à Dresde , puis à la Nouvelle-Orléans aux États-Unis à partir du 15 novembre. De l’autre côté du monde, elle s’arrêtera à Shanghai en décembre prochain, avant de se diriger vers le Mexique, le Brésil, l’Australie et le Japon. En Europe, l’exposition prévoit de passer également par l’Espagne et le Royaume-Uni. « Pour trouver les lieux où s’installer, on recherche d’abord des partenaires reconnus pour la qualité de leurs expositions culturelles, prestigieux et bien situés géographiquement. ». Avec cette visite virtuelle de Notre-Dame, Histovery continue son développement à l’international. Elle offre en effet une visibilité supplémentaire au savoir-faire digital de l’entreprise. « Nous avons pu relancer et inviter plusieurs contacts américains depuis que nous l’avons ouverte à Washington. L’exposition peut alors servir de showroom pour des prospects locaux, et c’est bien plus parlant qu’une simple démonstration en rendez-vous ». L’entreprise pourrait ainsi s’installer de manière durable dans plusieurs pays qu’elle ne fait que traverser habituellement.

Être Français, un gage de qualité pour parler culture à l’étranger 

Au-delà du format exposition, par définition temporaire et itinérante, Histovery propose déjà son HistoPad de façon permanente dans plusieurs lieux historiques en dehors de nos frontières. En Allemagne, les tablettes équipent déjà deux – et bientôt trois – châteaux de la Saxe. Sur ce format pérenne, l’entreprise propose le même modèle économique qu’avec les musées et monuments français en incluant l’HistoPad dans le prix du billet d’entrée, le partenaire reversant ensuite une redevance par visiteur payant. « Par exemple, au palais des Papes à Avignon, la redevance représente moins d’un euro par billet vendu. Le ticket d’entrée est passé de onze à douze euros depuis l’arrivée de l’HistoPad en octobre 2017, et on observe aujourd’hui que le nombre de visiteurs a considérablement augmenté. Il est passé de six cents à sept cent mille visiteurs payants par an avant Covid. Cela traduit en chiffres la très grande satisfaction moyenne enregistrée sur site et dans les commentaires laissés », précise son cofondateur. Le service qu’il propose inclue également le recueil et l’analyse d’un ensemble de données sur les visites. Le partenaire peut ainsi consulter un dashboard sécurisé où la data peut être extraite pour mieux comprendre le comportement des visiteurs, selon l’origine des critères, les actions réalisées, ou encore les réponses fournies par les visiteurs. Ces données, anonymes dans le respect du RGPD, deviennent un outil au service de l’institution culturelle. « Cette transition digitale permet d’avoir une meilleure connaissance de son public et de ses visiteurs pour mieux les accueillir, les servir, les faire revenir et faire venir de nouveaux publics », explique Bruno de Sa Moreira. 

En Allemagne, l’HistoPad a su se faire une place grâce au partenariat avec Schlösserland Sachsen, l’entité responsable des monuments publics du Land de la Saxe. Mais convaincre les partenaires publics étrangers en charge de la culture reste le principal obstacle d’Histovery dans son développement international. « Le patrimoine étant souvent géré par des entités publiques, dans le cadre du droit public local, tout est plus difficile, plus lent, plus long qu’avec le secteur privé », déplore son dirigeant. Ces institutions ont également tendance à favoriser les entreprises locales pour réaliser leur médiation culturelle. Malgré cela, l’entreprise et sa trentaine de collaborateurs continuent de prospecter, avec un avantage : le label French Touch : « Le secteur culturel en France est reconnu à l’international et en matière de numérique, il est à la pointe. C’est lié à la richesse de notre patrimoine, au dynamisme touristique de la France, à la tradition des métiers culturels français, leur excellence. On reconnaît notre savoir-faire. »

L’innovation digitale au cœur de son développement international

Pour se déployer à l’international, Histovery compte aussi sur son perfectionnement digital. La technologie HistoPad permet en effet de nombreuses interventions à distance.  L’entreprise continue d’investir significativement en recherche et développement. Chaque nouveau projet inclus ainsi des fonctionnalités innovantes qui permettent d’entretenir sa longueur d’avance sur le marché mondial. « Selon la taille, il faut 6 à 12 mois pour tout mettre en place. Nous avons beaucoup progressé pour arriver à une méthodologie aboutie, avec aujourd’hui 20 projets en exploitation en France et à l’étranger ». Sur la partie logicielle, l’entreprise a développé son « Histopad Development Kit » pour rationaliser la production et faciliter la maintenance évolutive et les mises à jour et corrections techniques, applicables à distance à tout le parc de tablettes. L’innovation numérique représente une part importante du projet de l’entreprise et de son potentiel de déploiement sur de nouveaux marchés, en France comme à l’international. Histovery réfléchit déjà à une nouvelle offre complémentaire, en plus des visites augmentées permanentes sur site et des expositions augmentées, événementielles et itinérantes. « On travaille déjà sur la dématérialisation totale des visites avec des expériences à vivre chez soi et en mobilité. C’est là que l’on commence à parler de métavers, avec des univers virtuels qui pourraient permettre de voyager dans le temps, de n’importe où », détaille-t-il. « C’est une continuité naturelle de ce que l’on fait ». 

Côté « monde réel », le Moyen-Orient représente également un marché très intéressant pour Histovery. L’entreprise entrevoit d’ailleurs des possibilités à Abu Dhabi après avoir participé à la mission Explore & Match colorée French Touch aux Emirats arabes unis. Peut-être une nouvelle aventure pour l’HistoPad, qui sait ?