De footballeur professionnel à entrepreneur dans la chimie verte, le parcours de Mathieu Flamini

Pour certains sportifs professionnels, l’après-carrière peut s’apparenter à une période de doutes. Pour autant, de plus en plus d’entre eux, à l’image de Mathieu Flamini, se tournent vers l’entrepreneuriat. Footballeur professionnel pendant plus de 15 ans, l’ancien joueur d’Arsenal et du Milan AC s’épanouit désormais dans le monde entrepreneurial. Récit.

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Mathieu Flamini

18 mai 2019, un peu plus de 23h à Getafe, en Espagne. Les locaux concèdent le match nul face à Villarreal sur le score de deux buts partout. Fin de saison pour la majorité, de carrière pour d’autres mais pour Mathieu Flamini, c’est surtout le début d’une nouvelle aventure : l’entrepreneuriat. « Je suis très heureux d’avoir connu une si longue carrière professionnelle, de mes 19 jusqu’à mes 36 ans, en jouant dans de grands clubs comme l’Olympique de Marseille, Arsenal et le Milan AC, raconte le natif de cité phocéenne. Mais j’avais pour ambition de me frotter à de nouveaux défis depuis déjà plusieurs années. » 

En effet, l’ancien milieu de terrain de l’équipe de France n’a pas attendu ses derniers mois en tant que footballeur pour s’intéresser au monde de l’entrepreneuriat. En 2010, alors qu’il vient de quitter Londres pour la Lombardie, ce dernier fait déjà ses débuts dans ce nouvel univers. « J’avais envie de me challenger intellectuellement, poursuit Mathieu Flamini. Le football demande des efforts dans d'autres domaines, notamment physique et mentaux. Je souhaitais me diversifier. » L’entrepreneur cofonde alors GF Biochemicals. Une start-up qui permet d’accélérer la transition pétrochimique en remplaçant des ingrédients à base de pétrole, présents dans des produits que nous utilisons tous les jours par d’autres issus de la chimie renouvelable, à base de matières premières végétales.  

Sa double passion pour le vert  

Né et élevé à Marseille, l’entrepreneur est touché, « comme tous les Marseillais », par deux passions : le football avec l’OM et l’environnement avec la mer et la montagne à proximité. « J’ai très vite été sensibilisé par les questions écologiques et environnementales grâce à mon père. Même chose pour les collectes de déchets plastiques sur les plages lorsque j'étais jeune. » S’il assouvit une première passion sur le rectangle vert en disputant ses premières minutes de footballeur professionnel sous le maillot de l’OM à 19 ans, c’est quatre ans plus tard avec sa deeptech que l’athlète va pouvoir réaliser la seconde. « A l’époque où je me lance ce projet, ma carrière bat son plein et il m’est impossible de m’occuper pleinement de GF Biochimicals étant donné que le sport de haut niveau demande une implication totale, raconte l’ancien footballeur. Nous décidons alors de nous entourer d’ingénieurs et de chercheurs pour faire avancer ce projet, tout en nous développant des partenariats avec des universités expertes dans le domaine de la Chimie du Renouvelable. » 

Et où qu’il soit, le milieu de terrain est bien entouré. S’il échange principalement avec des experts de la biochimie au sujet de sa start-up, il lui arrive aussi de discuter avec ses nouveaux coéquipiers, pour la plupart plus âgés. « J’étais l’un des plus jeunes avec Alexandre Pato (24 ans pour le Français et 20 ans pour le Brésilien). Pour le reste, il y avait des joueurs expérimentés comme Clarence Seedorf, qui est également entrepreneur depuis longtemps, ou Kakha Kaladze, devenu Ministre de l’énergie en Géorgie et ensuite maire de la ville de Tblissi depuis 2017. » Des joueurs emblématiques avec de l’ambition sur et en dehors du terrain qui ont inspiré et galvanisé Mathieu Flamini. « Ça m’a énormément motivé à l’époque. » A tel point que le joueur profite même de ses moments de repos pour se plonger dans ses projets. « Nous avions entrainement tous les matins, mais alors que je laissais mon corps se reposer, je stimulais mon cerveau  le reste de l'après-midi ».  

Football et entrepreneuriat, deux mondes finalement assez proches  

Bien qu’il dissocie l’activité sportive de l’entrepreneuriale lors de sa carrière d’athlète professionnel, le CEO de GF Biochimicals voit de nombreuses similitudes entre les deux disciplines, à commencer par la performance sous la pression. « Lorsque vous évoluez dans un stade de 80 000 personnes, non seulement il faut gérer le stress mais en plus rendre une bonne copie à la fin du match, raconte le Marseillais. Dans l’entrepreneuriat la pression est différente mais tout aussi forte. Être entrepreneur, c’est un investissement de tous les jours, que ce soit en temps, argent ou énergie. » Mathieu Flamini met aussi en avant l’importance de faire face aux échecs et périodes de doutes. « Il y a des journées où l’on a l’impression que rien ne marche. Tous les jours, vous pouvez avoir de bonnes raisons de baisser les bras. Il faut savoir être résilient et bien s'entourer car c'est cela qui permet de surmonter les épreuves. Ca passe aussi par l'entourage ».

Dernière similitude, l’esprit d’équipe. Un point primordial pour le compétiteur, d’autant plus après avoir fréquenté des vestiaires garnis de joueurs talentueux et de grands entraineurs comme Arsène Wenger et Carlo Ancelotti. Mathieu Flamini concède d'ailleurs qu'il a encore des progrès à réaliser pour souder davantage ses équipes. « Une équipe de football, comme celles que j'ai pu connaître en Angleterre ou en Italie, c'est comme une meute de loups. C'est ce que j'essaye de recréer au sein de l'entreprise aujourd'hui. Une équipe où tout le monde partage le même objectif, travaille dans la même direction et possède un sentiment d’appartenance fort aux valeurs, principes et raison d’être de GFbiochimical. » Une direction que l’entreprise prendra grâce à son travail, selon l’entrepreneur. « Aujourd’hui, mon rôle est d’unifier et faire en sorte que tout le monde avance dans le même sens », conclu-t-il. 

Emmanuel Lanoe
Emmanuel Lanoe Rédacteur Web