Mêler vie entrepreneuriale et sport de haut niveau, l’exemple de Thomas Leger

Athlète de haut niveau et entrepreneur, deux défis excitants dont la réussite dépend d'un investissement total de sa personne. Pendant deux ans, Thomas Léger a été membre de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (L’INSEP) en parallèle de ses débuts dans le monde de l’entrepreneuriat. Il revient sur son expérience. 

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Thomas Leger

« J’ai toujours considéré l’entrepreneuriat comme un sport. » Vivre en parallèle le monde d’entrepreneur et celui de sportif de haut niveau, c’est le challenge qu’a décidé de relever Thomas Leger. Plus rapide que les autres sur les pistes d’athlétisme, le jeune homme décide de se lancer, en parallèle de son activité et de ses études, dans l’entrepreneuriat. Si beaucoup pensent le tout inconciliable, le jeune entrepreneur ne l’entend pas de cette oreille. « J’ai toujours fait en sorte de pouvoir m’épanouir dans ces deux passions et d’atteindre mes objectifs. » Baigné dans le sport depuis son plus jeune âge et entrepreneur dans l’âme, Thomas Leger revient avec Big média sur l’association de ces univers.   

« J’incitais les autres membres du centre à se lancer dans l’entrepreneuriat ! » 

Big Média : A quel moment la fibre entrepreneuriale s’est-elle mêlée à votre passion pour le sport ?  

Thomas Léger : Très tôt. A l’âge de 16 ans j’enchaînais les compétitions régionales et nationales, avec des titres à la clé. En parallèle je décidais de me lancer dans le monde de l’entrepreneuriat. J’avais comme intuition que ce nouveau terrain de jeu pouvait m’élever plus haut en tant qu’homme et aussi renforcer la discipline du jeune athlète que j’étais. 

A l’époque je faisais mes armes dans plusieurs business, notamment dans la vente de tiramisus, avec des amis, que l'on produisait et livrait tous les jours. J’aidais aussi mes amis qui voulaient se lancer. Logo, pub ou boutique en ligne, dès que je pouvais j’essayais de donner un coup de main, pas seulement pour rendre service mais aussi pour ressentir cette même adrénaline qui me galvanisais dans le sport.  

BM : Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontré dans votre double vie ? 

TL : Une triple vie même avec l’école ! C’était le rush en permanence ! Même si à mes débuts dans l’entrepreneuriat je n’étais pas encore membre de l'INSEP (l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance), je m’entrainais trois à quatre fois par semaines en plus des compétitions certains week-ends. Une fois arrivé en centre de formation c’est devenu encore plus compliqué : je respirais, mangeais et dormais athlétisme. Je ne pouvais plus me rendre aussi souvent à l’école qu’auparavant, j’étais obligé de suivre les cours en visioconférence et ne me rendais qu’aux cours obligatoires.  

Mais c’était mon choix et tout cela me plaisait ! Je ne me suis pas lancé dans cette nouvelle vie en me disant que c’était un moyen de me substituer à mon activité sportive. J’incitais même les autres membres du centre à se lancer dans l’entrepreneuriat ! Ça a même porté ses fruits puisque l’un d’entre eux a créé sa marque de vêtements de sport et je vais lancer mon premier restaurant en septembre avec un ancien coéquipier.   

« Il m'a fallu du temps pour trouver l’équilibre parfait » 

BM : Malgré cet emploi du temps chargé vous avez tout de même réussi dans ces trois domaines. Comment trouver l’équilibre ?  

TL : A vouloir avoir la tête partout on finit par être nulle part. Il m’a fallu du temps pour trouver l’équilibre parfait. Mes journées commençaient avec l’athlétisme. J’enchaînais sur les cours de la faculté l’après-midi. Le soir il fallait avancer sur mon projet entrepreneurial ou celui de mes amis.  

Il était important pour moi de pouvoir me retrouver au milieu de ces journées chargées avec un film, une série ou du temps avec mes proches. Ce sont des choses qui paraissent peut-être futiles mais avec le train de vie que je menais, chacun de ces moments me permettaient de me ressourcer et de repartir encore plus fort. C’était primordial pour tenir le rythme même si par moment je devais « délaisser » l’une de ces trois activités pour pouvoir avancer plus rapidement sur les deux autres.  

BM : Comment votre vie était-elle perçue à la faculté ou au centre de formation ? 

TL : J’ai rejoint l’INSEP un an après avoir commencé ma licence gestion, stratégie et économie d’entreprise à Paris Dauphine. Les professeurs et mes camarades savaient que je devais jongler entre les cours et le sport, j'étais donc peu présent. J’ai tout de même eu la chance de recevoir beaucoup de soutien et d’encouragements.  

Pour ce qui était du centre de formation, mes entraineurs et mes camarades étaient également au courant de ma situation. Je leur ai toujours dit que le sport de haut niveau n’était pas une fin en soi, mais pour eux l’athlétisme était une priorité absolue. Forcément, lorsque mes résultats à l’entrainement étaient en baisse ils savaient que c’était en raison de mon implication dans l’entrepreneuriat.  

« Que je sois sur une piste d’athlétisme ou dans un incubateur, je n’ai qu’un seul objectif : réussir. » 

BM : Quel était le point de vue de vos entraîneurs vis-à-vis de cette situation ?  

TL : C’était parfois délicat. Pendant ces deux années à l’INSEP, j'ai connu deux entraineurs dont l’approche était très différente. Le premier très compréhensif car également entrepreneur, il n’hésitait pas à nous conseiller sur la façon d’allier ces deux mondes.  

Le second était beaucoup moins disposé à entendre ces problématiques. Pour lui le sport était primordial, rien n'existait en dehors de ça. J’étais moins à l’aise pour en échanger avec lui, et, en général, j’évitais le sujet. Mais cette méthode m'a tout de même permis de renforcer ma discipline entrepreneuriale.  

BM : Quelles qualités sont nécessaires pour réussir dans les deux mondes ? 

En premier je dirais avoir du caractère. Il est évident que certains jours on peut se sentir moins motivé. Que parfois même, on aurait envie de tout arrêter. C’est dans ces moments-là qu’il faut arriver à se trouver un second souffle, se persuader que l’on peut le faire. Ce goût de l’effort sans résultat à court terme me sert également dans l’entrepreneuriat où je peux passer des soirées entières à travailler sans en voir les fruits immédiatement.  

L’ambition également. Je pense que se fixer des objectifs très élevés permet de se dépasser. Atteindre ces derniers, et parfois même les dépasser, est d'autant plus galvanisant. Que je sois sur une piste d’athlétisme ou dans un incubateur, je n’ai qu’un seul objectif : réussir. Dans les deux cas, je mettrai tout en œuvre pour y parvenir.  

Emmanuel Lanoe
Emmanuel Lanoe Rédacteur Web