L’histoire inspirante d’Enzo Lefort, champion du monde d’escrime

L'escrimeur Enzo Lefort était présent sur la scène de l'Ampli lors de la 8e édition de de Big. L’occasion pour le membre de l’équipe de France de fleuret de revenir sur un parcours qui l’a emmené au sommet du sport tricolore. 

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Enzo Lefort, champion du monde d'escrime

Triple champion du monde, double champion d'Europe et médaillé d'argent aux Jeux olympiques d'été de Rio. À seulement 31 ans, Enzo Lefort fait figure de modèle de réussite et d’abnégation. Également diplômé d’une école de kiné, photographe émérite et auteur de trois ouvrages, focus sur un jeune homme qui vit à cent à l’heure. 
 

Les JO de 1996, là où tout a commencé

« J’ai débuté l’escrime à l’âge de 5 ans grâce à Laura Flessel, qui est guadeloupéenne comme moi », confie d’emblée Enzo Lefort. C’est à l’occasion des JO d’Atlanta en 1996 que le jeune antillais, né en Guyane, découvre l’escrimeuse et femme politique qui lui donnera envie de s’essayer à ce sport. « À l’époque j’étais licencié au tennis et à la fin des JO, j’ai annoncé à mes parents que je voulais tout arrêter pour me mettre à l’escrime. »
 
Mais la compétition, le jeune Enzo ne la découvre véritablement qu’à la fin de l’adolescence, lorsqu’il doit se résigner à quitter la Guadeloupe pour s’installer en métropole. « Avant mes 16 ans, j’ai suivi le parcours classique d’un licencié qui pratique son sport en France, à savoir m’entraîner 1h30 deux fois par semaine. À l’époque, clairement, ce n’était pas du tout dans mes objectifs de devenir champion olympique ou du monde. »

 

 

Des premiers doutes naissent les plus belles victoires

Admis en première scientifique au lycée, Enzo Lefort débarque donc en région parisienne en section sport-études. « C’était dur de quitter ma famille si tôt et d’aller vivre en internat avec 12 autres jeunes, mais ça devenait compliqué financièrement pour mes parents d’assurer des aller-retours en Europe pour que je dispute des tournois. Et puis j’avais également de l’ambition à l’école, c’était plus facile pour concilier les deux. » En 2010, il entre à l’'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEEP), la fabrique à champions, mais également en école de kiné, de laquelle il sortira diplômé.  
 
« Le sport de haut niveau, ce n’est pas une pratique "santé", c’est extrême », explique Enzo Lefort. S’il éprouve du plaisir dans la pratique de son sport et obtient rapidement des résultats, l’escrimeur évoque également la souffrance quotidienne et les nombreux sacrifices pour arriver à un tel niveau. « Tous les jours, on se doit de dépasser ses limites. On goûte à l’échec et le doute peut parfois s’installer. Cela peut être compliqué à vivre au quotidien, notamment lorsque l’on doit également poursuivre sa scolarité. » Pourtant le jeune homme persiste et, ce, grâce à un mantra bien à lui : « C’est la passion qui m’a toujours permis de tenir le cap », confie le champion du monde. « Beaucoup de passion d’ailleurs car mon sport n'est pas très médiatisé. Les gains en escrime sont dérisoires comparés à ceux perçus en football par exemple. »
 

L’escrime comme accélérateur d’inclusion et de diversité

Une passion omniprésente qui ne lui fait pourtant pas perdre de vue la dure réalité du métier d'athlète. Enzo Lefort sait qu’il peut compter sur son travail de kinésithérapeute une fois sa carrière terminée ou en cas de blessure. Et c’est loin d’être la seule corde à son arc. Après avoir été un simple hobby, la photographie occupe aujourd’hui une grande partie de son temps libre. Au point d’avoir déjà publié trois ouvrages. Le premier, « Behind the mask », paru en 2020, traite de l’ouverture de l’escrime aux classes sociales plus modestes, ainsi qu’à une population plus diversifiée en France. « Dans l’imaginaire collectif, c’est un sport réservé à une certaine élite sociale », affirme Enzo Lefort. « À travers une série de photos de mes coéquipiers, je souhaitais démontrer que ça n’était plus du tout le cas. L’équipe de France d’escrime est représentative de la société française, avec ses diversités ethniques, géographiques et sociales. »
 
Le corps et la tête bien faits, avec les JO 2024 à Paris en ligne de mire, nul doute qu’Enzo Lefort n’a pas fini de nous étonner.
 

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Simon NAPIERALA

Simon Napierala

Redacteur web