Constance Gennari (The Socialite Family) et Frédérique Picard (Carel) : comment provoquer une rencontre décisive

Présentes sur la scène Plein cadre lors de We Are French Touch (WAFT), le premier rendez-vous des industries culturelles et créatives françaises, Constance Gennari, fondatrice et directrice artistique de The Socialite Family et Frédérique Picard, directrice générale de Carel, ont échangé sur le passage du temps, l’association de leur marque respective et leurs inspirations créatives. Asseyez-vous confortablement, vous trouverez chaussure à votre pied. 

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Frédérique Picard (Carel) et Constance Gennari (The Socialite Family) sur la scène Plein cadre lors de We Are French Touch
Frédérique Picard (Carel) et Constance Gennari (The Socialite Family) sur la scène Plein cadre lors de We Are French Touch

« C’était dans le quartier bourgeois du XVIème arrondissement de Paris. On voyait nos mères ou nos grands-mères qui portaient des chaussures Carel et on en rêvait », commence Constance Gennari sur la scène Plein cadre lors de We Are French Touch. La fondatrice de The Socialite Family, média et marque de mobilier et de décoration, semble encore porter en elle ce souvenir d’enfance de la célèbre marque de chaussures à l’allure discrète et élégante, créée en 1952 par le chausseur-maroquinier Georges et son épouse Rosa Carel. Elle admet avoir suivi de près l’arrivée de l’actuelle présidente : « Le renouveau de Carel m’a intéressée pour The Socialite Family quand j’ai vu ce que Frédérique en a fait, dit-elle. J’ai donc provoqué une occasion pour la rencontrer et la photographier ».  

Carel, le réveil d’une marque très française 

« On est très pragmatiques, on fait juste marcher les femmes avec de la couleur aux pieds », s’amuse Frédérique Picard, qui revient sur les modèles phares de Carel : les babies Mary Jane à trois brides, les ballerines, les bottines. L’entrepreneure s’exprime aussi sur la stratégie à l’export qu’elle a mise en place vers la Corée, la Chine, les Etats-Unis. « On fait 60 % de notre chiffre d’affaires à l’international (en 2023 la marque avait enregistré un chiffre d'affaires de 20 millions d’euros de vente, soit une croissance de 30 %, ndlr), alors qu’avant on était strictement parisiens. On est très fiers de ce passage d’une marque française typique à une histoire de femmes un peu plus iconique », présente Frédérique Picard. De Françoise Hardy, à la nouvelle génération, Alexa Chung ou Clara Luciani, Carel est une marque qui sait se renouveler sans cesse. Une dynamique qui paraît avoir inspiré la fondatrice de The Socialite Family et qui lui a donné envie de faire naître un partenariat aux airs d’alliance créative, car si Carel suit un modèle de développement majoritairement digital, son identité visuelle dans ses points de vente physiques reste fondamentale. 

 

Carel et The Socialite Family, un socle créatif commun 

Si une belle entente donne l’impression d’envahir la scène de WAFT, c’est assurément que les deux cheffes d’entreprise ont pléthore à partager. « Frédérique et moi, on chine beaucoup toutes les deux, on aime la mode, on aime le mobilier », confie Constance Gennari. Un élan créatif partagé qui a certainement rendu possible l’alliance de leur entreprise respective : « Je lui ai proposé de refaire l’une de ses boutiques, d’imaginer non pas une collaboration sur un produit mais tout un univers, pour tirer le fil de l’image d’enfance que j’avais de la marque, et une interprétation de ce que pourrait être aujourd’hui le salon de la femme Carel », expose l’intéressée. Le résultat, à la fois haussmannien et pop, coloré, évitant les angles droits et comportant beaucoup de miroirs, a habillé la boutique Carel du 2, rue Tronchet, dans le quartier parisien de la Madeleine pendant plusieurs mois et restera dans les archives pour longtemps.

Un bel exemple de collaboration entre deux marques emblématiques, scellées par un souvenir d’enfance, et qui vise à raconter un passé de famille. « Le fondateur George Carel est toujours vivant, il a 101 ans, et une partie de la famille travaille encore avec nous. Emilie, la petite fille, Roman qui est actionnaire… c’est une histoire de transmission. On n’oublie pas d’où l’on vient, et pour moi c’est extrêmement important car c’est un travail de tous les jours sur des détails : le mobilier choisi, le bonheur de s’assoir dans un bon siège pour essayer des chaussures... », retrace Frédérique Picard. Sans doute un partenariat qui aura participé au renouvellement permanent de la marque, une collaboration unique pour résister au passage du temps. 

Jean baptiste Ganga

Jean Baptiste GANGA

Rédacteur web