Comment investir dans la musique grâce à Bolero Music

Bolero Music, à travers son nouveau produit Song Shares, permet d’acheter des parts d’un morceau d’un artiste et de toucher des royalties (redevance) en fonction de son succès. Un nouveau marché qui vise à aider les créateurs selon le cofondateur de la start-up, William Bailey. Récit.

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Bolero Music
William Bailey, PDG et cofondateur de Bolero (à gauche) et Arthur Amon, cofondateur et directeur technique.

« Il y a un besoin criant de diversifier les sources de revenus au sein de l’industrie de la musique. » Voici le constat de William Bailey lorsqu'il a créé Bolero Music. A l’époque, le jeune homme est encore chef de produit dans une société d’intelligence artificielle et a déjà rencontré Arthur Amon, avec qui il cofondra la start-up. « Il était à l’origine développeur autodidacte et travaillait en freelance, explique William Bailey. Nous nous sommes rencontrés au Wagon, un lieu de formation pour développeur web, data scientist & data analyst. » A ce moment-là, les deux hommes ne sont pas encore associés et William Bailey, qui commence à s’intéresser à la blockchain, va voir son envie d’entreprendre se concrétiser. « Plusieurs de mes amis font partie de l’industrie musicale et lors des confinements successifs, j’ai assisté en quelque sorte aux difficultés rencontrées pour générer de nouvelles sources de revenus. » 

Pour répondre aux enjeux de rémunération, l’entrepreneur tente de créer un pont entre deux univers : la blockchain et la musique. « Je me suis intéressé à la chaîne de valeur de l’industrie musicale en m’interrogeant sur-ce qui a de la valeur, pour quelles personnes, qui en profite et comment les flux de valeurs circulent entre les différentes parties prenantes. » L’ancien chef de produit comprend alors que la propriété intellectuelle et les droits musicaux sont des éléments majeurs pour parvenir à créer des revenus actifs dans ce secteur. « Aujourd’hui il y a plus de 43 milliards de dollars de droits musicaux dans le monde et pourtant il n’existe pas de marché liquide pour ces droits. (Un marché est dit liquide lorsqu'il peut être acheté ou vendu rapidement sans que cela n'ait d'impacts majeurs sur son prix. La liquidité reflète donc la facilité avec laquelle cet actif peut être échangé) »  

La tokenisation pour acheter et revendre des droits musicaux 

Bien que le secteur de la musique passionne William Bailey, il n’était pas primordial pour lui d’évoluer dans ce monde-là au cours de sa carrière. « Avant tout, je voulais entreprendre dans la technologie. C’est un peu le croisement de ces deux centres d’intérêts qui font que Boléro est née. » L’entrepreneur et Arthur Amon pénètrent le marché à un moment où la blockchain n’est pas encore totalement comprise et expérimentée. « Réussir à se créer un savoir-faire et une légitimité dans ce milieu nous a énormément aidés, d’autant que nous n’avions aucune expérience dans ce secteur. A côté de cela, nous apportions une expertise à la fois technologique et économique, ce qui nous rend crédible. » 

C’est afin de construire ce pont entre la Tech et l’industrie musicale que Bolero Music est cocréée en 2021. « En arrivant à créer de la liquidité sur les droits musicaux en les tokenisant, on pourra faire rentrer davantage de valeur dans la poche des créateurs. » En effet tout cela permet de réduire l'exposition des données sensibles à des applications, utilisateurs ou processeurs et ainsi limiter les risques de compromission. Une fois tokenisées, les données critiques sont réputées désensibilisées puis peuvent circuler et être traitées ou stockées dans les systèmes. Et après deux années de recherche et développement afin de créer l’architecture de la boîte, les deux associés permettent donc aux particuliers et entreprises, souhaitant acquérir des droits musicaux, de percevoir un rendement trimestriel basé sur les performances des morceaux investis. Il est également possible pour ces derniers de revendre ces droits musicaux et donc réaliser une moins ou plus-value selon la situation. Une opportunité des plus intéressantes au vu de la croissance que connaît le secteur selon William Bailey : « L’industrie musicale réalise une croissance à deux chiffres, notamment depuis l’ère du streaming qui a totalement redistribué les cartes sur les sources de revenus. Aujourd’hui les morceaux qui se streament ou synchronisent bien (films, pubs, etc.) génèrent des montants significatifs de royalties. »  

Riles, Petit Biscuit, Le Motif… au capital de Bolero Music 

L’aventure Bolero Music a déjà été soutenue par plusieurs acteurs du secteur à l’instar du rappeur Riles ou du DJ Petit Biscuit. « Pour les artistes et les maisons de disque l’intérêt est de générer plus de liquidités sans s’en occuper », développe William Bailey. Outre cet avantage, ces derniers conservent également le contrôle créatif sur l’œuvre, tout en ayant la possibilité de toucher des commissions sur le marché secondaire proposé par l’entreprise, pour celles et ceux qui souhaitent revendre leurs actifs avant les délais classiques pour toucher les royalties. Pour ce qui est des investissements, le panier moyen varie en fonction de la nature de l’investisseur. « Pour une entreprise, les chiffres se situent plus aux alentours de 5 000 ou 6 000 dollars contre 250 pour un particulier. » 

Et si, pour Bolero Music, la majorité des œuvres proviennent de France, la jeune pousse commence à en voir de plus en plus arriver en provenance d’Espagne, Allemagne, Suisse, Belgique, Maroc et Algérie. « On se diversifie petit à petit, revendique William Bailey.  Aujourd’hui nous sommes agnostiques, le but est de devenir la plus grosse infrastructure d’investissement musical au monde. » Et pour y parvenir, l’entreprise compte logiquement augmenter son catalogue avec un ajout de 800 nouvelles musiques prochainement. « D’ici la fin de l’année nous devrions avoir plus de 400 artistes et 2000 morceaux sur la plateforme. Nous estimons avoir dépassé le stade de l’expérimentation et sommes en train de chercher à changer d’échelle. » Bolero Music prévoit notamment une plateforme dédiée aux professionnels de la finance comme les asset manager, gestionnaires de patrimoine et banques privées. « Il y a également un sujet autour de la data où aujourd’hui, la majorité du temps, les montants sont reversés de manière trimestrielle. Nous aimerions augmenter la fréquence de versement. » 

Emmanuel Lanoe

Emmanuel Lanoe

Rédacteur Web