Entrepreneuriat féminin : quelle situation en 2024 ?

3 Françaises sur 10 sont engagées dans une démarche entrepreneuriale, c’est ce qui ressort de la 4e édition de l’indice entrepreneurial français réalisée par OpinionWay. 

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Entrepreneuriat au féminin 2024

« Les femmes osent de plus en plus entreprendre, et c’est le rôle de Bpifrance, la banque de tous les entrepreneurs, de favoriser la mixité pour que tous les talents soient valorisés et soutenus. » Marie-Adeline Peix, directrice exécutive des partenariats, de la création et de l’action territoriale chez Bpifrance, démontre par cette phrase que si des freins spécifiques à l’entrepreneuriat persistent pour les femmes, la bonne nouvelle c’est que leur place évolue rapidement. 48 % des Françaises souhaitent en effet entreprendre en 2024, d’après la 4e édition de l’indice entrepreneurial français réalisée par OpinionWay. Tour d’horizon. 

Encore des freins et des stéréotypes… 

À travers la question des freins spécifiques à l’entrepreneuriat féminin, se dessine en creux celle du poids des stéréotypes de genre. Ces derniers pèsent en effet encore lourd sur les levées de fond et la confiance des investisseurs ou partenaires potentiels, conduisant à une sous-estimation des projets portés par des femmes. Les entrepreneures font ainsi encore trop souvent face à un entre-soi qui favorisent les projets portés par des hommes. Résultat : l’accès au financement est plus complexe et se ressent dans les données chiffrées. Si 33,5 % des entreprises créées en 2023 l’ont été par des femmes, celles-ci ne représentent que 11 % des montants collectés en 2022. La question des secteurs pèse également dans les représentations alors que certains comme la Tech, les sciences et l’industrie seraient davantage perçus comme des secteurs masculins, à l’inverse de la culture, de l’éducation ou encore de la santé.  
 
Enfin, la prise en compte des enjeux personnels comme la vie de famille ou la peur du manque de soutien de l’entourage renforce ces difficultés. La conjonction de ces facteurs participe ainsi d’un climat plus hostile aux femmes portant des projets entrepreneuriaux. Pour autant, leur place dans le paysage entrepreneurial français continue de progresser. En réaction à ces stéréotypes, de nombreuses actions de sensibilisation se sont développées. 

… mais une place qui progresse 

Signe d’un environnement qui change, l’envie d’entreprendre est aujourd’hui plus importante chez les femmes que chez les hommes : 48 % en 2024 contre 40 % pour les hommes, d’après une étude d’OpinionWay datée de mars 2024. Avec le développement de structures et des dispositifs qui visent à renforcer la place des femmes entrepreneures, les dernières années ont vu l’émergence de nouveaux modèles féminins de l’entrepreneuriat comme Céline Lazorthes (Leetchi), Roxanne Varza (Station F), Eva Sadoun (Lita.co) ou encore Marie Ekeland (France Digitale). 
 
Mais au-delà des représentations, c’est aussi la réalité des chiffres qui progresse : la part des créations d’entreprises par des femmes a ainsi atteint 39 % (+ 2 points entre 2018 et 2023 quand celle des hommes retrouve simplement son niveau de 2018, d’après Bpifrance. Autre bonne nouvelle, cette dynamique est notamment portée par des cheffes ou ex-cheffes d’entreprise (+ 4 points) : en d’autres termes, la chaîne entrepreneuriale relève de moins en moins de l’intention pour devenir de plus en plus concrète. Plus jeunes, plus diplômées, mais aussi plus résilientes, c’est également ce que relève l’indice entrepreneurial français 2023 de Bpifrance : quand la conjoncture économique, se dégrade, elle impacte davantage les hommes. 

Un réel besoin d’accompagnement pour tous les entrepreneurs 

De nombreux réseaux d’entraide, d’accompagnement et de soutien émergent à destination des femmes entrepreneures, à l’image de Les Premières, Action’Elles, Femmes de Territoires ou encore Empow’Her. Néanmoins, la demande d’accompagnement reste forte chez les femmes et chez les hommes. Ainsi, 2 porteurs de projet sur 10 et 4 chefs d’entreprise sur 10 ont été accompagnés, quel que soit leur genre. Mais c’est la nature du soutien qui diffère pour les porteurs de projets : ainsi, les femmes ont davantage recours à des communautés d’entrepreneurs (25 % des porteuses de projet), à leur entourage proche (23 %) ou encore à un acteur social de proximité (22 %). De leur côté, les hommes sont nettement plus accompagnés par des incubateurs ou accélérateurs (37 %) que par d’autres formes d’accompagnement.

Simon NAPIERALA

Simon Napierala

Redacteur web