Qu'est devenue Koxie, la chanteuse star des années 2000 ?

Chanteuse phare des années 2000, Laure Cohen, alias Koxie, est une entrepreneure dans l’âme qui n’a jamais eu peur de se réinventer et de suivre son instinct. Aujourd'hui coach en entreprise, elle revient sur son parcours. 

  • Temps de lecture: 6 - 7 min
koxie

 « Ce qui m’a le plus servi dans ma vie d’entrepreneure c’est de me foirer ! » Comment se relever, évoluer, voire se métamorphoser après avoir été à l’origine de l’un des plus gros tubes des années 2000 ? C’est toute l’histoire de Laure Cohen, plus connue sous le pseudonyme de Koxie, l’interprète du non moins célèbre titre « Garçon ». Chanteuse, coach, autrice, productrice et bientôt maman pour la seconde fois, cette touche à tout, entrepreneure dans l’âme, n’a jamais cessé de se réinventer pour continuer à faire ce qu’elle aime le plus…raconter des histoires. 

« Je sais depuis mes six ans que c’est sur la scène que je veux être, et c’était non négociable », se rappelle Laure Cohen. La petite fille qu’elle est alors se rêve en une Catherine Deneuve ou une Isabelle Adjani des temps modernes. « Péniblement », elle patiente donc jusqu’à ses 12 ans et demi et force sa mère à l’accompagner au Cours Florent, une célèbre école de théâtre parisienne qui a compté parmi ses élèves des têtes d’affiches telles que Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Pierre Niney, Alexandra Lamy, Audrey Tautou, ou les humoristes Anne Roumanoff et Gad Elmaleh.  
« Je suis arrivée dans le bureau de la directrice et je lui ai joué le Médecin malgré lui, acte 2 scène 1. J’interprétais les deux personnages à la fois, j’étais déchainée. Mais il fallait que j’intègre Le Cours Florent ». Et ça marche… a un petit détail près. L’âge requis pour intégrer l’école est alors de 14 ans, hors Laure Cohen n’en a que 12 et demi. Pour autant, le talent et la détermination sont bien là, ce qui achève de convaincre la responsable de l’école d’accepter la jeune fille.  

Directrice d’une école des arts de la scène à seulement 20 ans 

Après cinq ans au Cours Florent, Laure Cohen s’envole pour New York sur les conseils d’un professeur de théâtre. Là bas, elle observe et expérimente les méthodes d'enseignement de l'acting à l'américaine. « Aux Etats-Unis, et surtout à New York, un acteur ne joue pas seulement la comédie, il apprend aussi à danser, à chanter ou à jouer d’un instrument. La démarche artistique est fondamentalement différente de celle qu’on inculque en France », note l’artiste.  
De retour dans l’Hexagone, la jeune femme décide de lancer sa propre école, inspirée de son expérience new-yorkaise. Elle n’a pas 20 ans mais déjà tout d’une entrepreneure aguerrie.

« Je suis arrivée devant mon banquier avec un business plan bien ficelé – et rétrospectivement très gonflé – et lui ait assuré que mon projet allait cartonner. Mais en réalité quand j’ai ouvert, je n’avais pas d’élève ». Alors elle fait appel aux copains qui lui glissent des petites annonces dans leurs magazines. Faute de local, elle reçoit ses futurs élèves dans le Virgin mégastore des Champs Elysées. « J’ai clairement mis la charrue avant les bœufs, mais c’est comme ça que j’ai réussi à lancer mon projet. Il n’y avait pas d’autre solution dans mon cas, il fallait y aller au culot et au système D ». 

Avec seulement huit élèves, la toute jeune cheffe d’entreprise ouvre son école baptisée Fame.  « Je proposais des cours de théâtre, de chant, de danse et de cinéma toute la semaine. Sauf qu’avec huit élèves…tu ne les remplis pas tes cours ! » Qu’à cela ne tienne, Laure propose à des copains, des parents ou des cousins, de faire de la figuration dans son école. « Et de fil en aiguille, ça a pris ». On est alors en 1998, bien avant la démocratisation de télécrochets et séries comme la Star Academy ou Un Dos Tres. « Ça ne se faisait nul-part ailleurs en France. On était vraiment précurseurs quand on a lancé l’école ».  

« Ma carrière artistique, je l’ai gérée comme une petite entreprise » 

« Il faut savoir que quand tu lances ton projet avec zéro euro en poche, tu dois être partout », affirme l’entrepreneure. « Je nettoyais les toilettes, je reparais la clim, je gérais l’URSSAF, les problèmes de salaires, les soucis d’élèves. J’étais partout. Donc à ce moment-là, je ne pouvais pas mener de front ma vie d’artiste et ma vie de cheffe d’entreprise ». Pendant six ans, Laure Cohen se consacre corps et âme à former les talents de demain et à leur transmettre sa passion pour les arts de la scène. Mais à l’aube de la naissance de sa première fille, ses envies changent, et un second souffle devient alors nécessaire. « Je n’avais plus l’impression d’être une artiste, seulement une cheffe d’entreprise, mais qu’avec les mauvais côtés ». Une fois maman, la jeune femme décide de reprendre sa carrière en main. Elle ferme l’école et passe une audition pour un petit rôle dans un film aux cotés de Pascal Elbe, « et je l’ai eu ! C’était le signe que j’attendais ».  

Parallèlement à sa vie d’actrice, Laure Cohen, touche à tout dans l’âme, aime à composer et enregistrer des chansons. Un hobbie qui se mue progressivement en projet de vie et qui prend la forme de Koxie. « Ma carrière artistique, je l’ai gérée comme une petite entreprise », affirme-t-elle. « Je suis très « artisan » dans ma démarche. Mes chansons je les aient toujours faites toute seule ou avec l’aide de potes. C’était vraiment du système D. Pendant les quatre années qui ont précédé ma signature chez Universal, je faisais des maquettes avec zéro euro ». Quitte à proposer des prestations de manucure pour payer les frais d’enregistrement. 

Adepte du « bricolage », c’est en récupérant une musique instrumentale de Dr Dré que la jeune femme imagine « Garçon ». Et là encore, la sortie de ce titre ne va pas se révéler de tout repos. Une fois la chanson bouclée, Laure décide de la partager à une cousine et là… c’est l’effet boule de neige ! Le titre passe de mains en mains et devient viral en moins de quelques semaines. « J’ai vraiment été surprise de l’ampleur qu’a pris un titre que j’avais bidouillé dans mon coin », reconnait la chanteuse. A peine 24 heures après avoir uploadé « Garçon » sur sa page Myspace, Laure Cohen fait face à une vague d’insultes de la part des internautes. On l’accuse d’avoir volé ce titre. « Heureusement je l’avais déposé, donc j’étais tranquille. Les attaques ont rapidement cessé et dans la foulée j’ai été contactée par des boites de prod, dont Universal avec qui j’ai signé ».  

« Garçon, c’est un peu la frustration de ma carrière » 

Véritable phénomène de société, le titre « Garçon » se hisse en première position du classement officiel des ventes de singles en France, et son clip sera visionné pas moins de 2 500 000 fois sur internet. « Garçon c’est un peu la frustration de ma carrière. 'Ca a été un tel phénomène de société que passer à autre chose, proposer de nouveaux titres, a été un vrai parcours du combattant », déplore Laure Cohen. Malgré tout, la chanteuse parvient à enregistrer un deuxième album et imagine une série promotionnelle : “Buzz moi”, dans laquelle elle joue son propre rôle. Une idée novatrice qui génère à elle seule près de 500 000 vues mais laisse pourtant de marbre ses producteurs. « Pour eux, il fallait attendre que le public ait eu le temps d’oublier Garçon ». A cet écueil viendra s’ajouter un nouveau coup dur pour l’artiste : son départ d’Universal.   

« Mon producteur a été remplacé par un personnage aux valeurs diamétralement opposées aux miennes », déplore la chanteuse. Il lui fait rapidement savoir que sa musique ne l’intéresse pas et qu’il souhaite la remercier. Combattante dans l’âme, Laure Cohen ne compte pas en rester là et bataille pour obtenir ce à quoi elle a légitimement le droit. « Cet égo, cette lutte, ce narcissisme, tout ça ce n’était pas moi, ce n’était pas mon monde. J’ai pris mon argent et j’ai fermé la porte de la musique. A ce moment-là pour toujours ». Pendant près de trois ans l’artiste n’écoutera plus un seul titre. 

Pour sortir la tête de l’eau et passer à autre chose, Laure décide de changer radicalement de métier et se tourne vers la cuisine avec pour objectif d’ouvrir son propre restaurant. Grâce à du bouche à oreille, elle obtient un stage chez le chef Guy Savoie. « C’était un soulagement de pouvoir côtoyer des gens qui étaient dans la générosité, dans la transmission, dans l’artisanat, la passion. Je portrais des marmites toute la journée, j’étais fatiguée en rentrant chez moi, je n'avais plus à réfléchir ». Après huit mois de stage, Laure candidate au programme de reconversion professionnelle initié par Thierry Marx afin d’assoir ses connaissances. Mais au moment de défendre son dossier devant un jury, rien ne se passe finalement comme prévu…  
« Un peu avant de passer le concours on m’a proposé de coanimer une matinale à la radio avec Camille Combal. J’ai passé des essais sans même imaginer que je pourrais être prise et finalement, une heure avant mon oral pour la formation de cuisine, j’ai appris que j’étais retenue ».  

Actrice, chanteuse, animatrice et maintenant coach 

Pendant trois ans, Laure Cohen anime la matinale de Virgin Radio avant de se faire débaucher par NRJ. Et c’est à ce moment-là, qu’une porte qui semblait condamnée pour toujours s’est doucement réouverte. « Je recevais des invités phare de la chanson française comme Bigflo et Oli, MC Solaar, Orelsan… et je me suis rapidement rendu compte que je ne voulais plus être celle qui interviewait mais au contraire celle à qui on posait les questions ». 
Sans regrets, elle raccroche le micro de la radio pour reprendre le chemin des studios. Pragmatique, la chanteuse contracte un emprunt bancaire pour s’assurer une tranquillité d’esprit, mais mine de rien, l’argent file à une vitesse folle. A peine son album bouclé, voilà Laure Cohen complètement sur la paille.  
Elle décide alors d’accepter l’offre d’emploi que lui propose son cousin, spécialisé en coaching professionnel. « Si jusqu’alors j’avais refusé parce que je ne pensais pas être faite pour ça, à ce moment-là, je ne pouvais plus me permettre de faire la fine bouche », reconnait-elle. Sans grande conviction, elle commence à accompagner particuliers et entreprises dans la prise de parole en public, la gestion du stress ou de la colère.  

 « J’ai fait un premier atelier chez Safran, une entreprise bourrée de polytechniciens et de diplômés des Mines », se souvient Laure Cohen. Près de 15 minutes lui seront nécessaire pour réaliser qu’elle n’est pas une « imposture », mais bien une professionnelle qui, contrairement à la majorité des salariés participants à cet atelier, n’a pas peur de prendre la parole en public. « C’est là que j’ai commencé à prendre conscience de l’étendue de ma palette de compétences ». Une prise de conscience qui arrive à point nommé tant la jeune femme désire retrouver du sens dans son travail et se sentir « cérébralement stimulée ». Et plus qu’un métier alimentaire, c’est devenu une véritable vocation. « Le coaching, j’ai ça dans le sang, depuis que j’ai ouvert mon école, il y a 20 ans ». Au fil du temps, Laure Cohen développe une méthode et des outils pointus qu’elle partage aujourd’hui dans un livre. En parallèle, l’artiste, coach, autrice et productrice [elle lancera prochainement l’album de sa fille, NDLR] renoue ponctuellement avec la scène.
« Mon métier de coach me permet aujourd’hui d’être bien plus en confiance, de profiter des gens quand je suis en concert. A présent, je monte sur scène comme une coach, pas comme une chanteuse », partage-t-elle avant de conclure. « Ces expériences ont toutes en commun une chose, un but, raconter des histoires. Je prends seulement un moyen différent pour le faire ».  

mélanie
Mélanie Bruxer Rédactrice web