Bio-climatisation : l’exemple de la deeptech Caeli Energie

Réduire l'empreinte environnementale des climatiseurs. Tel est l’objectif de la deeptech grenobloise Caeli Energie qui développe depuis 2019 un produit 100 % made in France. Portrait.

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La façade d'un immeuble à Shenyang, dans le nord de la Chine.

Si la climatisation semble devenir indispensable en entreprise ou aux domiciles des plus vulnérables, elle a pourtant un impact non négligeable sur la planète. A l’heure du dérèglement climatique, comment intégrer ces enjeux environnementaux tout en respectant les obligations générales en matière de santé de la part des exploitants et constructeurs de bâtiments ?
« Il faut savoir que 5 400 000 tonnes de CO2 sont rejetées par les climatiseurs dans l’atmosphère chaque année. L’équivalent de l’empreinte carbone annuel du Japon », affirme Rémy Pérony, fondateur de Caeli Énergie, une deeptech spécialisée dans des solutions de climatisation bas carbone. « Et dans la quasi-totalité des cas, les compresseurs et pièces nécessaires au bon fonctionnement de ces climatiseurs proviennent d’Asie », déplore l’entrepreneur. Un constat qui le pousse à développer d’un produit 100 % français et bas carbone.  

Une innovation basée sur le principe d’évaporation de l’eau pour rafraîchir l’air

Sur le principe, c’est assez simple. Pour passer de l’état liquide à l’état gazeux l’eau a besoin d’énergie. La mise en contact de l’air avec l’eau permet l’évaporation de celle-ci et l’abaissement de la température de l’air. Un rafraîchisseur adiabatique permet l’échange entre l’air et l’eau et l’insufflation d’un air plus frais. Basée sur le principe d’un rafraichisseur adiabatique indirect (process dans lequel on utilise de l’eau de reconduction froide dans un échangeur de chaleur pour pré-refroidir l’air ambiant), la solution de Caeli Énergie permet de descendre à des degrés de soufflage équivalents à ceux d’une climatisation, et sans augmenter l’humidité de la pièce. De plus elle ne nécessite pas l’utilisation de fluide frigorigène polluant et ne rejette pas d’air chaud à l’extérieur, ce qui limite le phénomène d’îlot de chaleur.

Si l’idée n’est pas nouvelle, elle est pourtant loin d’avoir fait son chemin dans le secteur du BTP, très frileux à l’idée de changer ses process. « Pour de nombreux métiers du bâtiment, l’innovation c’est surtout du risque », affirme le dirigeant. Selon lui, en changeant les habitudes et les compétences, les nouvelles solutions innovantes sont davantage perçues par le secteur comme potentiellement nuisibles au bon déroulement d’un chantier que comme un gain de temps ou une source d’amélioration de l’impact environnementale. « Donc imaginez un peu leur réaction quand on a débarqué avec nos gros sabots pour leur dire qu’on allait tout changer et que la climatisation qu’ils utilisaient jusqu’alors était bonne à mettre à la poubelle…ça prend du temps à être accepté ». Pourtant, les résultats sont là et permettent aux bâtiments équipés de cette technologie d’améliorer leur sobriété énergétique en consommant 3 à 5 fois moins qu’avec une climatisation classique.

Avec un modèle BtoBtoC, Caeli Énergie propose ses produits à des professionnels du BTP qui les installeront ensuite dans le secteur résidentiel (collectif ou individuel) ou dans le tertiaire, en entreprises. « Pour autant, on n'exclut pas de lancer une campagne de prévente l’année prochaine à destination des particuliers afin de leur permettre d’acheter nos climatiseurs éco-responsables », ajoute Rémi Pérony. En parallèle, l’entreprise grenobloise compte bien faire souffler un vent d’air frais dans toute l’Europe… mais pas que ! « Si l’Europe reste bien sûr notre marché numéro un, on ambitionne également de proposer nos climatiseurs écoresponsables en Amérique du sud et dans certaine partie de l’Afrique. Mais avant d’aller en Ouganda, on va commencer par les vendre en région parisienne ou à Marseille, ça sera déjà un bon commencement », ironise le dirigeant.

 

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Mélanie Bruxer Rédactrice web