Milan Presse réconcilie la lecture et les écrans

L’entreprise qui fête ses 40 ans cette année voit ses titres de presse gagner en popularité. Et ceci grâce aux dispositifs digitaux qu’elle allie à ses magazines à destination des enfants, des parents, mais également des enseignants. 

  • Temps de lecture: 5 min
Milan Presse DG

Non, les jeunes ne lisent pas moins ! Toboggan, Wapiti, Julie : le groupe toulousain qui édite à ce jour une vingtaine de magazines par mois pour les enfants et adolescents, dispose d’un business florissant. Contre toute attente, la crise sanitaire a permis à l’entreprise employant 270 salariés de conforter, voire retrouver sa place dans les foyers et les classes. Et ce, grâce au tournant digital pris par ses équipes. Podcasts, webinaires, outils pédagogiques, vidéos... Milan Presse s’adapte aux usages en proposant une pratique des écrans intelligente et active, complémentaire à la lecture. Marie-Anne Denis, directrice générale de Milan Presse depuis neuf ans, se réjouit de la dynamique de son groupe de presse.

Une volonté de divertir intelligemment

La pandémie a permis de conforter le redécollage économique de l’entreprise depuis 2018, notamment grâce à la préoccupation des parents et des enseignants de divertir intelligemment les enfants pendant le confinement. « Lancé juste avant le premier confinement, notre nouveau site internet, plus ergonomique, a facilité la souscription aux abonnements », précise Marie-Anne Denis. Depuis, le soufflet n’est pas retombé. Magazine emblématique à destination des jeunes filles de 10 à 14 ans, Julie, qui existe depuis plus de vingt ans, a vu son nombre d’abonnés augmenter de 30 % ces deux dernières années.  

« Le temps consacré à la lecture des magazines ne baisse pas, ou du moins très peu chez les ados », confirme la directrice générale de Milan Presse, étude à l’appui. Tous les deux ans, le rapport Junior Connect analyse la pratique de lecture des enfants et ados. Non, leur temps de lecture ne baisse pas. En revanche, le temps devant les écrans augmente de manière fulgurante et touche les très jeunes (dès 3 ans). « On ne peut pas être étranger au phénomène si l’on souhaite continuer à toucher les enfants et les aider à s’épanouir », insiste la directrice générale du groupe de presse. 

Une complémentarité entre lecture et écrans

Les jeux vidéo et le contenu en ligne sont particulièrement consommés par les jeunes lecteurs, au grand désespoir parfois de parents qui ne savent pas toujours comment appréhender ces médias. « Ils ont souvent la conviction que lecture et écran s’opposent. On essaie de faire passer le message qu’il peut exister une pratique intelligente et active des écrans », explique Marie-Anne Denis. Un juste compromis que l'entreprise semble avoir trouvé par le biais de l'audio. Avec des podcasts comme « SOS BFF » du magazine Julie, disponible depuis octobre dernier, la maison d'édition surfe sur la tendance grandissante de ce nouveau type de contenu avec l'aval des parents qui y voient une alternative à la captivité provoquée par l’écran. Grâce à un savoir-faire établi depuis plusieurs années maintenant, Milan Presse couple magazine et CD, comme c’est le cas pour J’apprends à lire.

Fonctionnant en laboratoire d’idées avec les autres entités du groupe Bayard, Milan Presse teste et innove différents concepts qui semblent trouver son public. Le podcast « Même pas vrai » déconstruit les stéréotypes avec des élèves de CM1/CM2 et dénombre 40 000 écoutes… dont la plupart sur YouTube. « On s’est rendu compte, grâce à une étude interne, que le contenu audio pour enfants était surtout écouté sur cette plateforme. C’est contre-intuitif mais il faut nous adapter à ces usages », analyse Marie-Anne Denis.  

Le contenu produit par le groupe de presse, disponible sur la plateforme de vidéos en ligne, est devenu un véritable outil pédagogique pour les enseignants et documentalistes. Co-produit avec France Télévisions depuis neuf ans, le programme « 1 jour, 1 question » explique en dessins de presse animés l’actualité à près de quatre millions de jeunes téléspectateurs chaque mois. La chaîne « Info ou Mytho » compte quant à elle 440 000 abonnés. Une tendance qui n’a pas échappé aux enseignants. De plus en plus friands de contenus digitaux pour alimenter leurs séances pédagogiques, ces derniers sont devenus une cible intermédiaire. Milan Presse travaille d’ailleurs à la réalisation de fiches pour les aider à intégrer ces contenus en classe.  

Réussir à monétiser le digital… pour faire perdurer le papier

Podcasts, chaînes YouTube, émissions télévisées : ces contenus cartonnent. Mais leur accès est majoritairement gratuit, tandis que leur production représente un coût significatif à Milan Presse. Lancée grâce au soutien financier de YouTube, la chaîne « Info ou Mytho » nécessite le travail de deux journalistes à temps plein. « Si l’on veut que ça marche, il faut créer du contenu régulièrement, sans quoi la chaîne ne peut pas décoller », détaille la directrice générale.

La monétisation est le nerf de la guerre sur le digital. Milan Presse l’a bien compris mais peine à pérenniser un nouveau modèle où cohabiteraient magazines, podcasts et vidéos comme l’explique Marie-Anne Denis : « Certains contenus digitaux sont hébergés sur nos sites redirigeant vers des offres d’abonnement papier. Le pont commercial fonctionne mais seulement à la marge ». D’autant plus nécessaire avec la hausse des prix de l’énergie et du papier, la monétisation va devenir nécessaire à la pérennisation économique de ce nouveau modèle hybride, entre magazine, podcast et vidéo.