La Cristallerie de Montbronn : le renouveau par l’innovation et la transmission du savoir-faire

En 8 ans, Frédéric et Camille Muller, un père et sa fille, ont su faire passer la presque centenaire Cristallerie de Montbronn dans le XIXe siècle en misant sur une stratégie de relocalisation, d'innovation et de transmission. 

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Elle se rapproche doucement de son 100e anniversaire. Depuis sa création en 1930 par Joseph Louis Ferstler, la Cristallerie de Montbronn fait partie du paysage de la « vallée du cristal », au cœur des Vosges.  
Transmise à ses deux fils Alain et Gérard Ferstler dans les années 1970, l’entreprise quitte pourtant le giron familliale en 2015 suite à son rachat par Frédéric Muller. Des premières années « difficiles » selon le président et directeur général de la cristallerie, avant qu’un rebond ne s’opère à partir « de l’année du COVID en 2020, qui a vu notre chiffre d’affaires doubler jusqu’à frôler les deux millions d’euros ». Les raisons de ce renouveau ? La création de produits inédits, la relocalisation de l’activité de soufflage et l’arrivée en 2018 de Camille Muller, fille du directeur général, qui a boosté la visibilité de l’entreprise sur internet. 

Miser sur l’innovation 

Des arts de la table (verres à pied, coupes de champagne, accessoires de bar) en passant par la décoration (vases, bonbonnières, bougeoirs) ou même des pièces d’exception sur-mesure : au total, ce sont plus de 500 objets en cristal que propose le catalogue de la Cristallerie de Montbronn. « Nous avons à cœur de présenter deux à trois nouveautés par collection chaque année ainsi que des produits inédits pour nous démarquer de nos concurrents, très nombreux dans la région », affirme Camille Muller, directrice export. 
 
La cristallerie, qui emploie 25 collaborateurs, se distingue ainsi par la création d’objets incrustés d’or ou de pierres précieuses, mais aussi par le mariage du cristal avec des matières nobles, comme le bronze. « Il y a beaucoup de demandes pour ce type de produits uniques. L’innovation est notre fer de lance : si on n’innove pas, on n’existe plus », note Frédéric Muller. L’entreprise travaille actuellement sur un échiquier en cristal, proposé avec une table et des tabourets, qui mêlera cristal, bronze et bois, avec la possibilité d’être personnalisé. 

La maîtrise de la chaîne de production 

Désireux de continuer à innover, les dirigeants de la Cristallerie de Montbronn comptent pousser le curseur plus loin en matière de recherche créative : l’entreprise a récemment renoué avec ce que l’on appelle la « partie chaude » de son activité, c’est-à-dire l’utilisation de fours à fusion et le soufflage du verre. « Cette partie de la chaîne avait été abandonnée dans les années 1970 et délocalisée à cause d’une conjoncture difficile, et la cristallerie s’était concentrée depuis sur la “partie froide”, c’est-à-dire la taille, le décor, le sablage, la gravure, etc. », détaille Frédéric Muller.  

Relancer cette activité localement permettra à l’entreprise de maîtriser la chaîne de production de bout en bout, et en conséquence de développer de nouveaux produits (par exemple des bijoux au chalumeau) en réalisant ses propres tests en matière de création. « L’idée est de laisser libre cours à nos souffleurs dans un premier temps avant de travailler avec des designers qui connaissent les tendances du marché », précise le président de la cristallerie. L’objectif à terme pour l’entreprise - qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’étranger et notamment au Moyen-Orient - est de conquérir de nouveaux pays tels que les États-Unis et le Canada, via la création de petites séries personnalisées. 

La transmission des savoirs 

Pour Frédéric Muller, l’un des accélérateurs du renouveau de la Cristallerie de Montbronn est l’arrivée de sa fille Camille, qui « a redonné un vrai coup de fouet » à l’entreprise, notamment en matière de visibilité. La juriste de formation, pour qui il s’agissait au départ d’un simple job d’été, est finalement « tombée amoureuse de la matière » et s’est employée par la suite à réactualiser les sites internets de la cristallerie, créer un site marchand et des comptes sur les réseaux sociaux. « Depuis le Covid-19, le mode de consommation et de recherche a évolué, les utilisateurs sont beaucoup plus connectés. On ne peut plus se permettre d’être absents des réseaux sociaux », affirme Camille Muller. 

Le père et la fille fonctionnent aujourd’hui en tandem, soucieux de continuer à faire évoluer l’entreprise ensemble, en mariant leurs savoirs complémentaires. Des compétences qu’ils cherchent également à transmettre et à démocratiser auprès des futures générations, en employant chaque année plusieurs apprentis et en mettant en place prochainement des ateliers d’initiation ouverts à tous, dans une nouvelle usine. 
 
En effet, la cristallerie devrait d’ici l’année prochaine déménager à Thal-Drulingen, en Alsace, dans de nouveaux locaux qui permettront de regrouper toutes ses activités et de proposer des visites ainsi qu’un showroom. Une étape importante, qui marque également le lancement d’autres projets pour l’entreprise. « Nous voulons travailler sur la consommation d’énergie de nos fours avec des systèmes de récupération de la chaleur fatale, ainsi que sur le développement d’une nouvelle formule sans plomb pour le cristal, dans le contexte d’une future directive européenne », précise Frédéric Muller. Des investissements importants pour la cristallerie, qui peut toutefois compter sur l’appui de Bpifrance et son Plan Touch. « Bpifrance, qui nous accompagne depuis 2016, est un soutien important pour nous permettre de continuer à croître et à innover », conclut le président de la Cristallerie de Montbronn. 

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