« Changer la vie de plusieurs femmes serait une grande victoire », Clémentine Galey, entrepreneure et créatrice du podcast Bliss Stories

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Big Média a choisi de donner la parole à Clémentine Galey, créatrice de Bliss stories, le premier podcast sans filtre sur la maternité. Elle est revenue sur ses débuts, son parcours d’entrepreneure et ses engagements auprès des femmes. Rencontre.

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Clémentine Galey

Elle jongle avec un emploi du temps surchargé et doit enchaîner avec un autre rendez-vous, pourtant, c’est souriante et décontractée, que Clémentine Galey nous reçoit chez elle, le temps d’un court entretien. Elle hésite entre un pull, une veste et une chemise, choisit la chemise, puis s’installe confortablement sur son canapé. En fond, le logo Bliss stories en néon trône comme un trophée. Voilà, l’interview peut commencer. 

De directrice de casting à entrepreneure avec Bliss Stories

Sa carrière débute dans le cinéma et la télévision et, pendant 20 ans, c’est dans le monde de l’audiovisuel que Clémentine Galey évolue. Passant d’une fonction à l’autre, elle est tour à tour assistante réalisateur, assistante de production, chargée de production, puis enfin directrice de casting. Exerçant ce dernier métier avec talent, elle se plaît à dénicher des talents et à rencontrer des gens de tout horizon. Mais au bout de huit ans, après avoir « un peu fait le tour de la question », elle cherche à donner davantage de sens à sa vie professionnelle. Elle décide alors de développer un projet personnel, pour occuper son temps libre mais surtout pour se sentir utile. 

Forte de ses compétences dans les médias et férue de podcasts, il lui vient alors très vite l’idée de créer le sien. « Pour moi, qui venais des médias et de l'image, tout d'un coup, avoir du son pur comme ça et aller droit à l'essentiel, c'était magique », confie-t-elle. Il ne lui faut pas longtemps non plus pour décider du thème sur lequel se lancer : Clémentine Galey est passionnée par la maternité depuis toujours. D’autant qu’à cette période, sa sœur, de 10 ans sa cadette, est enceinte et semble faire face à un désert d’information sur le sujet. C’est une révélation, l’entrepreneure est décidée à « faire quelque chose pour toutes ces femmes enceintes qui se retrouvent parfois dans des parcours compliqués, dans une salle d'accouchement sans savoir ce qui va leur arriver et encore moins après ». Et cela tombe bien, nous sommes en 2018 et il n’y a quasiment pas d’offre média  en la matière. En un rien de temps, elle achète un micro et, en un rien de temps, l’audience est au rendez-vous.

Un succès dont elle admet avoir été surprise : « J'ai vraiment été la première très étonnée de l'envolée des audiences qui a été immédiate. Au bout de quelques mois, je faisais 10 000, puis 20 000, 50 000, et rapidement 100 000 écoutes par mois. Et puis, en 2018, les marques ont commencé à s'intéresser au podcast. (…) Alors on a commencé à venir me démarcher pour mettre de la publicité en pré-roll de mes podcasts, ce qui a constitué la bascule. Tout d'un coup, ce projet très personnel est devenu la possibilité d'un business ». Et voilà, un an plus tard, en 2019, elle lance Bliss Studio et démissionne pour se consacrer à 100 % à son projet. Et pourquoi « Bliss » ? Parce que cela signifie « joie » en anglais, et que cela fait écho au moment suspendu de la rencontre avec le nouveau-né.

Une aventure difficile, mais avant tout, possible

« Le plus difficile, ça a été de me jeter dans le grand bain de l'entrepreneuriat sans avoir aucune formation en tant que telle », confie Clémentine Galey. En effet, malgré son enthousiasme naturel, il lui faut néanmoins mobiliser toute sa ténacité afin de mener à bien son projet. Guidée par son instinct, elle parvient à franchir chacune des étapes de la création de son entreprise avec courage, mais admet y consacrer tout son temps.

« Évidemment, ça prend d'un coup toute la place, mais aussi sur la vie personnelle. On travaille sept jours sur sept, 24h sur 24. Il n'y a pas de vacances, pas de jours fériés. C'est pour ça qu'il vaut mieux avoir un projet qui nous porte suffisamment pour pouvoir y consacrer toute cette énergie et ce temps sans avoir de remords ou de regrets, sans se dire qu’on s’investit trop dans sa boîte et plus assez dans sa vie de famille. » Un travail sur soi que cette mère de deux enfants semble avoir trouvé parfois compliqué et qui, elle le souligne, l’aurait sans doute été davantage sans l’aide essentielle de son conjoint.

S’imposer en tant que créatrice d’entreprise

Il a donc fallu impliquer sa famille, convaincre ses interlocuteurs, mais aussi mettre de côté le syndrome de l’imposteur dont l’entrepreneure regrette ne pas s’être totalement libérée. Et c’est en grande partie grâce à son associée mais aussi à ses équipes qu’elle est parvenue à se faire confiance. Aujourd’hui, accompagnée d’une dizaine de femmes « habitées par la même flamme », Clémentine Galey peut compter sur ces dernières pour l’aider à être le moteur de son entreprise au quotidien, mais aussi à s’imposer dans un milieu qu’elle qualifie de « très patriarcal ».

Pour autant, malgré le fait qu’il « y ait toujours beaucoup d'interlocuteurs masculins, qui te regardent  de haut, qui vont te mettre des bâtons dans les roues et qui vont te faire sentir avec moins de valeur que tu n'as », cette dernière se réjouit du déploiement de l’entrepreneuriat féminin. Et dans cette aventure, elle encourage d’ailleurs les entrepreneures à s’entourer intelligemment, notamment par des rôles modèles : « J'ai eu plein de femmes autour de moi qui m'ont inspirée, m'ont nourrie. Ça fait se dire que rien n'est impossible ». Toujours grâce à son instinct, elle reconnaît s’être accompagnée dès le départ de mentors ou de conseillers bienveillants, qui l’ont aidée à s’accomplir professionnellement.

Objectif : accompagner les femmes dans chaque étape de leur maternité et créer du lien

Grossesse, accouchement, post-partum, autant d’étapes dans la vie d’une femme que Clémentine Galey souhaite adresser avec Bliss Stories. Afin de créer du lien, un soutien, de transmettre et d’informer, le podcast a pour but de libérer la parole des femmes et de devenir une caisse de résonnance pour toutes. 

« Très vite, on s'est rendu compte que toutes ces histoires personnelles étaient évidemment universelles et que chacune de ces femmes qui témoignaient allaient toucher des millions d'autres », explique la créatrice du podcast. Mais cela ne s’arrête pas là, car si ces récits intéressent les femmes, ils concernent aussi les hommes et les professionnels de santé. En effet, Clémentine Galey raconte que beaucoup de gynécologues, de sages-femmes, de kinésithérapeutes, de doulas apprécient d’avoir accès à cette parole, afin de se mettre à la place de leurs patientes.  

Qualifié parfois d’utilité publique, le podcast de Clémentine Galey a de quoi la rendre fière, surtout lorsque des auditrices lui écrivent pour la remercier. En cinq ans et demi, pas moins de 235 témoignages de femmes ont été recueillis et parmi eux, nombreux ont changé leur vie. Une communauté s’est même créée autour de Bliss Stories, qui a eu la chance de se rassembler lors des deux spectacles organisés au Trianon et à l’Olympia les 8 mars 2022 et 2023. Une date éminemment symbolique pour Clémentine Galey qui considère la journée internationale des droits des femmes comme essentielle, dans la mesure où elle permet aussi « de regarder dans le rétroviseur et de se féliciter des petits pas accomplis tous ensemble pour faire avancer la cause des femmes, et des combats portés toute l'année ».

En 2024, avec l’inscription de l’IVG dans la Constitution française la semaine du 8 mars, cette date continue de retentir avec force. Emue, Clémentine Galey ajoute : « émotionnellement, politiquement, socialement, c'est une année à marquer au fer rouge, c'est une énorme victoire pour les femmes ».

Le film des spectacles sera, lui, disponible sur le site internet Bliss Stories à cette date, afin de continuer à libérer la parole des femmes. 

Amélie Fonlupt
Amélie Fonlupt Rédactrice Web