Bluemarket, le nouveau « Leboncoin » de l’industrie, pour le réemploi industriel

Bluemarket, c’est le « Leboncoin de l'industrie », la nouvelle marketplace qu'Arnaud Moulin et Guillaume Vailland ont créé en 2022. Son objectif ? Favoriser le réemploi industriel, un concept dans l’ère du temps qui pourrait permettre de déstocker bien des entrepôts.

  • Temps de lecture: 2-3 min
Arnaud Moulin et Guillaume Vailland, les fondateurs de Bluemarket
Bluemarket

Moins de déchets, d’extraction de matière, de transport... Le réemploi industriel est une solution écologique et économique qu’il est grand temps de déployer sur tout notre territoire. Tout ça, Arnaud Moulin, co-fondateur et responsable commercial de Bluemarket, l’a bien compris. Le jeune entrepreneur présente à Big Média son invention...

Big Média : D’où vous est venue l’idée de créer Bluemarket ?

Arnaud Moulin : J’ai travaillé 2 ans et demi chez un équipementier et j’ai constaté que dans tous les sites industriels que j’allais voir, un peu partout en Europe, il y avait ce même problème de stocks morts et d’équipements inutilisés et jetés. Les raisons sont multiples, les industriels changent de référence, de lignes de production, ont des nouveaux investissements, font parfois des erreurs de commande… Ils se retrouvent donc avec des produits fonctionnels qu’ils ne peuvent pas stocker. 

BM : Quelles conséquences pour les industriels ?

AM : C’est dommage pour deux raisons. Premièrement, pour l’environnement car les articles ont de la valeur, une utilité... C’est un véritable gâchis. On créé des déchets avec ce qui n’en est pas. Deuxièmement, c’est une perte économique car l’acheteur va décoter ses articles.

BM : Quel est l’objectif de cette plateforme de réemploi industriel ?

AM : Notre but est d’éviter les déchets mais aussi d’amener plus de bon sens et de bonnes pratiques dans l’industrie. Il est absurde qu’une entreprise subisse une rupture de stock sur un article, alors que ce même article prend la poussière chez un autre industriel.

“Le réemploi est un sujet très compliqué, on doit par conséquent bien accompagner les industriels, notamment sur la garantie, la logistique, la traçabilité”

 

BM : Comment fonctionne la solution Bluemarket ?

AM : Nous avons créé un large catalogue pour tout secteur d’activité, comprenant aussi bien de la visserie que des outils à mains, des moteurs... Les industriels peuvent acheter des articles ou revendre les produits dont ils ne se servent pas, qu’ils soient sous garantie ou non. Le réemploi est un sujet très compliqué, on doit par conséquent bien accompagner les industriels, notamment sur la garantie, la logistique, la traçabilité… et intégrer leurs contraintes commerciales, à savoir la négociation, le transport, le paiement en ligne… 

BM : Que trouve-t-on sur votre marketplace ?

AM : On trouve sur Bluemarket du petit matériel (vis, fixations…), des petits équipements (outillage à main, transpalettes, chariots…), mais aussi des automates, des variateurs, cartes électroniques, motoréducteurs… ainsi que des objets plus atypiques (matière plastique, métal…).

BM : Quelle marge peuvent espérer les acheteurs sur Bluemarket ?

AM : Les marges sont très variables selon le type d’article, sa disponibilité sur le marché... Pour la visserie par exemple, le prix peut être divisé par 2. Pour une machine-outil, par 2 ou 3. D’autres produits sont rares et très recherchés, comme un variateur neuf dont le prix sera réduit de « seulement » 5 à 10%. Il faut savoir que beaucoup d’industriels viennent juste voir si on a la référence, ils ne regardent même par le prix.

“Le réemploi, c’est dans l’ère du temps : moins de déchets, moins d’extraction de matière, moins de transport et un meilleur usage !”

 

BM : Combien d’utilisateurs comptabilisez-vous ?

AM : Plusieurs centaines d’industriels utilisent notre marketplace aujourd’hui - des membres plus ou moins actifs. Grâce à une levée de fonds fin 2023 et à des embauches, on vise un minimum de 1 000 utilisateurs d’ici fin 2024.

BM : Et quel est le profil de ces utilisateurs ?

AM : Actuellement, on cible l’industrie manufacturière et des logisticiens. Certains marchés de niche émergent comme la plasturgie, le photovoltaïque, l’industrie navale... Il y a énormément de choses à faire, et on compte bien s’adapter aux demandes. Pour le moment 80 % de nos utilisateurs sont des PME, car les petites structures ont plus de mal à s'approvisionner. Certains sont même prêts à adapter leurs besoins aux produits disponibles. Du point de vue géographie, nos utilisateurs sont essentiellement présents dans le Grand Ouest, mais on vise un déploiement rapide sur tout le territoire français.

BM : Pourquoi une marketplace comme la vôtre n’existait pas avant ?

AM : Les industriels avaient l’habitude de jeter ou de stocker facilement. Mais depuis quelques années certaines contraintes s’accumulent et prennent de l’importance : espace de stockage, coût des déchets, image de marque, évolution de la réglementation... Et puis le réemploi, c’est dans l’ère du temps : moins de déchets, moins d’extraction de matière, moins de transport et un meilleur usage !

Marion Bouche, Rédactrice Web
Marion Bouche Rédactrice Web