Sensus, la marque de running Made in France et éco-responsable

Ancien athlète de cross-country, discipline dans laquelle il a notamment été sélectionné en équipe de France de moins de 20 ans, Théo Lapouge s’est lancé dans l’entrepreneuriat en 2022. Il a lancé Sensus, une marque de vêtements de running Made in France fabriqués à partir de bouteilles plastiques, de déchets textiles et de pulpe de bois. Récit.

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Théo Lapouge

« À 17 ans j’avais déjà déposé un nom de marque de vêtements. » Si la première tentative n’était pas la bonne, la seconde fut prolifique pour Théo Lapouge, fondateur de la marque Sensus, notamment grâce à ses expériences personnelles et professionnelles. « Entre mes deux années de master en commerce, je réalise un stage chez Adidas en tant qu’assistant puis chef de produit junior, où je m’occupe de la création de chaussures de running, explique l’entrepreneur. J’étais familier à l’utilisation des produits de running mais je n’avais jamais pu les créer auparavant. » Une expérience qui renforce son envie d’entreprendre. À tel point que l’étudiant décide de débuter son projet alors qu’il est encore sur les bancs de l’école. « C’était très compliqué au début, raconte l’ancien étudiant. J’ai rapidement reçu le soutien de mes professeurs une fois mon projet défini. » Certains enseignants, comme celui de comptabilité, l’épaulent notamment aux prémices de son projet. « Une aide fondamentale, puisque si j’ai les bases dans ce domaine, je ne serai jamais expert-comptable », s’amuse Théo Lapouge. 

En parallèle de ses cours, le jeune entrepreneur décide de se former à la couture afin de créer et développer une gamme de produits encore inexistante en France. « À la suite d’un benchmark, je constate qu’il n’existe pas de marque de vêtements de sport éco-responsable ou de techniques 100 % Made in France. »  Theo Lapouge découvre alors un métier qui le galvanise. « J’avais déjà travaillé sur la confection des chaussures mais les vêtements, jamais, raconte-t-il. J'ai décidé que tant que je ne comprendrais pas l'utilité de la couture, la nécessité de faire un col d'une façon plutôt que d'une autre, je continuerais à me former. Ça m’obsédait presque ! » Force du travail, le fondateur de Sensus finit par obtenir son premier prototype et se sent prêt à s’aventurer dans la course entrepreneuriale.  

« Tout doit être Made in France à 100 %, que ce soit les tissus, les rubans ou l’élastique » 

Pas question donc pour Théo Lapouge de créer une marque de sport française où les vêtements seraient produits à l’étranger, ni de seulement utiliser des matières recyclées comme certains géants du secteur (la marque aux trois bandes par exemple). L’ancien sportif souhaite inventer une marque de sport qui prône la technicité et le Made in France. « Ma volonté est que l’on puisse différencier à l’aveugle nos produits de ceux des concurrents, raconte-t-il. Tout doit être Made in France à 100 %, que ce soit les tissus, les rubans ou l’élastique bleu, blanc, rouge sur la manche du tee-shirt. » Autre critère des plus importants pour l’entrepreneur, l’éco-responsabilité. « Les matières premières, en plus d’être locales, se doivent d’avoir le moins d’impact environnemental possible, avec par exemple l’utilisation d’étiquettes Craft et un conditionnement en papier de soi biodégradable et recyclable. » Nouvelle innovation en vue pour l’entreprise en 2024, les vêtements à base de graines de ricin, permettraient de réduire encore d’avantage l’empreinte carbone par rapport au polyester et aux bouteilles recyclés.   

Si l’entrepreneur ne se pose pas en tant que donneur de leçons au sujet de la cause environnementale, il souhaite pouvoir communiquer avec transparence sur sa consommation en Co2. « Il n’est pas question pour nous de montrer que nous faisons mieux que les autres, mais l’éco-responsabilité en plus d’être un facteur important pour nous, l’est aussi devenue pour les consommateurs. » Sensus propose alors pour chaque produit, un document Excel, renseignant les quantités de Co2 émises lors de la production de chacun de ses vêtements. « Chaque document informe sur l’impact précis du produit, le temps de confection, le détail de chaque matière utilisée, les KW d’électricité utilisés, le transport, le nombre de lavages et la possibilité de recycler chaque élément », détail Théo Lapouge.    

Développer le e-commerce pour rester attractif  

Alors oui, tous ces critères paraissent alléchants et certains s’imaginent sans doute à travers leur écran qu’une entreprise alliant environnement et production locale mène sans doute à une addition salée, pourtant il n’en est rien. « Tu ne peux pas changer l’industrie des sports de running en vendant des tee-shirts à 90 euros, explique le fondateur de Sensus. Tu ne touches pas le grand public. » Pour pouvoir faire bouger les choses, l’entreprise a donc décidé de créer une offre accessible et aux mêmes tarifs que les marques qui produisent aujourd’hui à l’étranger (outre Décathlon). « De nos jours, un tee-shirt de sport Made in France coûte en moyenne 67 euros, nous proposons le nôtre à 45 euros. » Tout cela est notamment possible grâce au site internet. En effet, Théo Lapouge ne pourrait proposer des prix attractifs s’il vendait en boutique. « L’idée est d’avoir le meilleur compromis possible : technique, local et éco-responsable, avec un tarif se situant dans la fourchette de prix de ce qui existe aujourd’hui et qui est fabriqué à l’étranger. » Et si la grande majorité des ventes se réalisent en ligne, il est possible de retrouver les produits Sensus lors d’événements comme le salon du Running à Paris ou celui du Made in France. « C’est un moyen pour nous d’exposer nos produits mais aussi de rencontrer nos clients physiquement », conlut-il. 

En effet, si les consommateurs des produits Sensus n’ont pas pour habitude de voir Théo Lapouge lors des ventes, le fondateur de l’entreprise a réussi à créer une proximité via les retours sur les produits. « J’échange avec de nombreux clients à la suite de nos questionnaires afin d’avoir des idées d’amélioration. Nous nous basons sur la satisfaction du client, il est donc primordial d’être en contact aussi bien par mail que par téléphone. » D’autant que les propositions sont très rapidement prises en compte afin d’améliorer la qualité des vêtements. « Nous avons réalisé beaucoup d’optimisations et d’améliorations pour l’un de nos premiers produits avec des échanges. Grâce à tout cela, depuis trois semaines certains de nos tee-shirts ont été rallongé de 4cm pour les hommes et 3 cm pour les femmes. » Des modifications subtiles pour certains mais qui permettent à Sensus d’avoir un taux de retour pour remboursement de seulement 0,3 %.

Emmanuel Lanoe
Emmanuel Lanoe Rédacteur Web