Avec son moteur sans hélice, FinX contribue à un transport maritime plus durable

Un moteur à nageoire qui s’inspire de la nature, tel est le concept premier de FinX. La jeune pousse décline cette innovation à travers différents produits et équipera même un bateau lors des prochains Jeux Olympiques. Rencontre avec son PDG, Harold Guillemin.

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Harold Guillemin, CEO de FinX

Le monde marin est un monde du silence. Et FinX entend bien respecter cette caractéristique. Comment ? En développant des moteurs à nageoire, c’est-à-dire sans hélice mais dotés d’une membrane en élastomère. Cette dernière, telle la nageoire du dauphin par exemple, appréhende les mouvements de l’eau. Résultat : l’embarcation avance sans un bruit, plus respectueuse des usagers et de l’environnement. « La membrane a la forme d'un disque. Elle ondule de la périphérie vers le centre et prend la propulsion sans aucune pièce mécanique en rotation. C’est une technologie qui se veut plus sûre et électrique, donc beaucoup plus silencieuse que les moteurs thermiques conventionnels », présente Harold Guillemin, PDG de FinX. Pour l’entrepreneur, plus que de biomimétisme, il s’agit de bio-inspiration. «Nous boostons la nature en sous-ondulant cette membrane, cette nageoire à haute fréquence, pour limiter les vibrations et supprimer le tangage que l’on pourrait avoir avec une nageoire conventionnelle», précise-t-il.  

Décarbonation : le nautisme doit rattraper son retard

Bien qu’ingénieur de formation, Harold Guillemin n’est pas l’inventeur de cette innovation. On la doit à un ami de son père qu’il rencontre en 2014. Ensemble, ils développent un premier prototype à destination des pompes industrielles. S’en suivent cinq ans de R&D et une envie tenace, pour Harold Guillemin, de lancer sa propre entreprise. « J’ai alors acheté une licence exclusive pour exploiter cette technologie, avant de la décliner pour les moteurs de bateaux, se souvient-il. En termes de réduction des émissions de carbone, le nautisme n’en est qu’à ses prémices. Le secteur a même au moins dix années de retard par rapport à l’automobile ! » Convaincu du potentiel de la solution dans un secteur qui cherche à se verdir, il crée ainsi FinX en 2019. L’entreprise compte aujourd’hui 30 salariés et est à l’origine de 24 familles de brevets.  

Une production Made in Normandie

Le premier produit que commercialise la jeune pousse est baptisé Fin S. Il s’adresse aux petites embarcations de plaisance et est distribué auprès de revendeurs qui aident à décarboner les flottes, grâce au procédé du retrofit (soit remplacer un moteur thermique polluant existant par un système plus vertueux). Ainsi, de salon professionnel en salon professionnel, FinX s’est constitué un large réseau de distributeurs : désormais, l’entreprise peut se targuer d’être présente dans 25 pays. Quant au moteur en lui-même, si seulement 80 % de sa production sont réalisés en Normandie, l’assemblage est lui assuré en intégralité dans la région, à l’aide d’un partenaire industriel, Calip. « Cela peut paraître prétentieux, mais c’est un challenge de tous les jours dindustrialiser en France. Notre technologie semble peut-être simple, en réalité elle est très délicate », commente Harold Guillemin. Depuis octobre 2023 (date du début de l’industrialisation du moteur), FinX a distribué une cinquantaine de Fin S. Son ambition ? Atteindre la barre des 100 moteurs d’ici la fin de l’année. Mais ce n’est pas son seul objectif, car, en parallèle, la start-up planche déjà sur d’autres moteurs…  

Des moteurs adaptés au monde de demain

Pour toucher un plus grand nombre d’acteurs du secteur maritime, FinX travaille sur le Fin E, un moteur électrique d’une puissance de 150 chevaux. Elle le peaufine avec l’aide d’un fabricant automobile dont le nom est tenu secret. « Les moteurs compris entre 100 et 250 chevaux représentent 50 % du marché de la plaisance, estime Harold Guillemin. Or, il y a très peu d'acteurs positionnés sur cette puissance-là. Et c’est en liant nos forces avec un constructeur automobile que nous pourrons relever le défi. » Pour autant, voir toujours plus gros n’est pas une fin en soi pour les équipes de FinX. « Notre rêve, ce n'est pas de réaliser des moteurs pour supertankers, pour des porte-conteneurs surdimensionnés. Notre rêve, c'est de décarboner le nautisme et le maritime. Et cela se fait en concevant des moteurs de bateaux électriques de plus petite puissance, davantage adaptés au monde de demain, partage le fondateur. Toutefois, nous visons également les cargos voiliers qui sont munis d'une voile pour opérer de grandes traversées et qui possèdent des moteurs beaucoup plus petits et plus agiles pour des manœuvres de port. » Aussi, FinX prévoit de développer le Fin O, « comme Omega, Océan », selon les mots de son PDG. Soit un moteur de 1 500 chevaux adapté aux cargos voiliers. Le premier prototype devrait voir le jour d’ici trois ans. « Quand on est une start-up, il faut se concentrer, tout en rassemblant son énergie et ses ressources, pour arriver à déplacer les montagnes. Il faut avancer étape par étape », poursuit Harold Guillemin. 

Cap sur les JO pour FinX

Et sa prochaine étape, justement ? Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Lauréat de l'appel à innovation de France Mobilités pour promouvoir la mobilité verte lors de l’événement, FinX a participé à la conception du bateau Imagine, destiné au transport de passagers et d’athlètes. « Imagine, c'est un bateau en matériaux biosourcés, accessible aux personnes à mobilité réduite, qui est très ouvert, très élégant. Il est équipé de nos moteurs, ainsi que d’une pile à hydrogène pour améliorer l’autonomie », explique Harold Guillemin. Post jeux, ce navire sera destiné à la location, pour des balades d’une heure ou deux sur la Seine. Ou comment visiter Paris en réduisant son impact environnemental. 

Céline Tridon

Céline Tridon

Rédactrice en Chef