Marc-Antoine Blanchet [Bpifrance] : « Les biocarburants avancés vont jouer un rôle important dans la décarbonation des transports »

Les technologies de rupture qui permettront la décarbonation des transports ne sont pas attendues avant 2040.  D’ici là, d’autres alternatives sont à envisager, comme les biocarburants. De la solution à la structuration d’une filière dédiée, il reste de nombreuses étapes à franchir pour y parvenir. Dans le cadre du projet Demain, Bpifrance prend la parole sur le sujet.

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biocarburant

« 31 % des émissions françaises de gaz à effet de serre (GES) sont dues au secteur des transports, dont environ 5 % par le biais du transport aérien », peut-on lire sur le site notre-environnement.gouv.fr. Décarboner le secteur des transports représente donc un des enjeux majeurs du plan France 2030. A l’heure actuelle, un premier pas a été franchi avec l'utilisation de biocarburants conventionnels fabriqués à partir de maïs, de betterave ou de colza. Pourtant, « ce type de carburant a déjà montré ses limites sociales et environnementales », constate Constance Legallais, chargée de mission Plan Climat chez Bpifrance. Pour pallier cette situation, une deuxième famille de biocarburants a été développée : les biocarburants avancés. Ces derniers sont fabriqués à partir de déchets et de résidus.  Cette solution, qui s’inscrit dans un système d’économie circulaire, représente l’avenir pour la chargée de mission Bpifrance.

Les biocarburants, une solution crédible pour le transport de demain 

« Je suis convaincu que les biocarburants avancés vont jouer un rôle important dans la décarbonation des transports, en particulier l’aérien. », appuie Marc-Antoine Blanchet, chargé d’affaires innovation chez Bpifrance. En effet, pour le domaine de l’aéronautique les innovations de rupture, comme l’avion à hydrogène ou électrique, ne sont pas attendues avant 2035 voire 2040. « Les biocarburants sont la seule solution crédible pour que les avions puissent continués de voler à moyen-long terme », explique le chargé d’affaires. D’autre part, l’analyse du cycle de vie du puits à la roue des biocarburants montre une réduction de 80 % des GES pour les biokérosènes.   

La France est déjà productrice de biocarburants avancés à base d’huile et de graisse, mais le rendement se révèle trop faible et limité. De ce fait, les experts recommandent de se tourner vers les résidus forestiers et le bois par exemple « On estime que les déchets issus des filières qui ne sont pas encore exploitées pourraient couvrir 50 % des besoins », assure Marc-Antoine Blanchet. Afin de mener à bien ce projet, il devient essentiel de prioriser les accès à la ressource afin de sécuriser le secteur et concurrencer la méthanisation et le retour au sol.

Structurer pour développer 

« Le biokérosène avancé est deux à huit fois plus cher que le kérosène fossile », détaille Constance Legallais. C’est pourquoi l'experte insiste sur l'importance de la restructuration de la situation économique de la filière des biocarburants notamment via des CAPEX (dépenses qui ont une valeur positive sur le long terme NDLR) à hauteur nécessaire pour la création d’usines. « Structurer cette filière naissante est également très couteux ce qui empêche le passage à l’échelle de l’industrialisation », ajoute Constance Legallais. Les acteurs du secteur attendent donc une prise de position claire et pérenne de la part de l’Etat afin de permettre un véritable amorçage. 

« Les acteurs de la filière ne se réunissent pas autour d’un seul projet, comme celui du biokérosène, sans signal clair », déplore la chargée de mission. C’est pourquoi la production de biokérosène avancé s’inscrit logiquement dans la stratégie de réindustrialisation de la France. Structurer le secteur en liant les différents maillons de la chaîne notamment sur l’aspect de la collecte de déchets permettrait donc de consolider durablement la filière française.

 

A noter : Bpifrance propose un programme d’accompagnement Diag Décarbon’Action permettant aux entreprises de définir une trajectoire de décarbonation adaptée à leur activité et à leurs enjeux.