Woodlight, la deeptech qui cultive l’éclairage de demain

Lancée en 2016, Woodlight est une startup spécialisée en recherche et développement de nouvelles biotechnologies. L’entreprise élabore un procédé permettant de rendre les plantes bioluminescentes afin qu’elles servent de source de lumière. L’objectif de la jeune pousse strasbourgeoise est de proposer aux villes et aux particuliers un complément d’éclairage durable et écologique, apportant une réponse aux enjeux de surconsommation et de manque de verdure.

  • Temps de lecture: 5 min
Woodlight propose les plantes bioluminescentes comme complément de lumière.
Woodlight propose les plantes bioluminescentes comme complément d'éclairage.

Le 4 octobre prochain, la troisième édition de La Deeptech voit BIG réunira de jeunes chercheurs lancés dans l’aventure entrepreneuriale. A cette occasion, Big média vous présente ces entreprises qui agissent en puisant dans la science pour trouver des solutions technologiques aux enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux de notre temps. Aujourd’hui, mise en lumière de Woodlight. Cette startup de recherche et développement est dirigée par les biologistes de formation Rose-Marie et Ghislain Auclair, que nous avons rencontré. Les fondateurs envisagent leurs plantes bioluminescentes comme un complément de lumière propre, donnant une raison supplémentaire de végétaliser les villes. Une innovation inspirée des supers-pouvoirs de la nature, digne de la science-fiction. Et pourtant bien réelle, mais surtout utile aux besoins humains : à l’heure de la transition écologique et de la hausse des coûts liés à l’énergie, repenser nos modes de production et de consommation énergétique est primordial. C’est face à cet enjeu écologique et économique que Woodlight entend proposer la bioluminescence comme une solution viable, verte et durable

 

Ghilslain et Rose-Marie Auclair, fondateurs de Woodlight.
Ghislain et Rose-Marie Auclair, fondateurs de Woodlight.

 

Qu’est-ce que la bioluminescence ?

La bioluminescence permet aux plantes de générer leur propre lumière. Ce procédé est grandement inspiré de la nature, où certains organismes (insectes, poissons, champignons…) possèdent cette capacité et l'utilisent pour communiquer, se nourrir, se protéger… Ghislain Auclair explique le processus : « deux molécules, la luciférase et la luciférine, se rencontrent, produisent des protons et donc de la lumière ». La suite du processus consiste à trouver les gènes impliqués dans la production de ces molécules, puis de les introduire dans la plante pour qu’elle produise de la lumière tout en restant capable de réaliser sa photosynthèse. 

Quels sont les avantages liés à l’utilisation de la bioluminescence en ville ? Premier bénéfice, l’application de ce procédé aux besoins de l’être humain se veut vert et propre, comme dans la nature. Le biologiste est admiratif : « la bioluminescence, c’est extraordinaire ! Ça existe depuis 10 millions d’années, sans consommer ni d’électricité, ni pétrole, ça ne réchauffe pas l’atmosphère, évite la pollution lumineuse, etc. ». Autre avantage aux plantes bioluminescentes, leur large champ d’application.

Les plantes bioluminescentes pour végétaliser les villes et comme complément non polluant à l’éclairage urbain 

C’est lors d’un voyage aux Etats-Unis que les fondateurs de la startup ont l’idée d’appliquer ce procédé aux besoins de l’être humain en milieu urbain. Ghislain Auclair nous explique : « lors de ce voyage, nous avons visité de très grandes et belles villes. New-York, Philadelphie… seul bémol, elles manquent drastiquement de nature, de verdure. Nous nous sommes dit que quelque chose n’allait pas là-dedans. Et que, globalement, le potentiel que peut apporter la nature dans l’espace urbain, et notamment le végétal, était vite oublié ». C’est de ce constat qu’est venue l’envie des biologistes de mettre leurs compétences au service de cette problématique de végétalisation des villes. 

Le challenge est de taille ! En France, l’électricité représente 25% de la consommation énergétique. Et, si l’éclairage urbain contribue à la qualité du cadre de vie et participe à la sécurité des piétons comme des automobilistes, il a aussi un coût : 2 milliards d’euros par an. La sobriété, l’économie d’énergie, la décarbonation, sont donc à l’ordre du jour. L’utilisation de la solution proposée par Woodlight contribuerait à rendre les villes moins énergivores, en réduisant l’éclairage urbain sur certaines portions de la ville. Le fondateur de la startup insiste sur ce point, lui qui dès le départ, s’est interdit le greenwashing : « la puissance de la bioluminescence ne surpasse pas celle d’un lampadaire, cependant on peut faire du balisage végétal et lumineux le long des voies vélo, dans les rues, dans les parcs, grâce à des arbres, des buissons bioluminescents. Nos plantes sont un complément à l’éclairage urbain, pas une alternative ». 

Utiliser le procédé de bioluminescence des plantes pour l’usage domestique

La Deeptech s’adresse aussi au marché de la décoration d’intérieur, du design et de l’architecture. A l’intérieur des domiciles et des bâtiments, les plantes Woodlight pourraient créer une ambiance, une expérience unique chez soi, dans un hôtel ou dans un restaurant. « Si on arrive à lier la bioluminescence et le végétal, on pourrait créer ces lampes quasi parfaites, qui fonctionnent sans électricité » envisage Ghislain Auclair, qui image aussi bien un mur végétal fait de plantes bioluminescentes qui ne demanderait pas plus qu’un entretien paysager classique et dont la production se ferait via les solutions d’horticulture traditionnelle.

Après une levée de fonds finalisée en février, l’entrepreneur, en pleine phase d’accélération, prévoit une commercialisation en 2025. Un bel aboutissement pour ce projet qui a mis plusieurs années avant de voir le jour. « Nous avons créé notre propre laboratoire, nous avons connu beaucoup d’étapes avant que tout cela ne commence à se concrétiser. Et nous en sommes très satisfaits », conclut-t-il. 

Pour vous inscrire à l'événement, cliquez ici : La Deeptech voit Big (bpifrance.fr)

Jean baptiste Ganga
Jean Baptiste GANGA Rédacteur web