Gatien Letartre, CEO de TrainMe : « Proposer des cours et activités autour de la santé et du sport dans son entreprise est devenu un point fort de marque employeur. »

Lancée en 2015 par Gatien Letartre et Anatole Saby, TrainMe est une plateforme qui met en relation particuliers ou entreprises avec des coaches sportifs. Pour Big média, le jeune homme revient sur l’évolution des cours de sport en entreprise depuis ces dernières années.

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Gatien-Letartre

« Ça fait maintenant deux ans que nous axons notre stratégie et maximisons nos efforts sur du B2B », raconte Gatien Letartre, CEO de la start-up TrainMe. Si à l’origine la jeune pousse mettait principalement en relation des particuliers avec des professeurs de sport, elle a dû adapter son business modèle à la suite d’une demande croissante de la part des entreprises d'organiser des cours collectifs. « Au début nous y répondions au cas par cas, et nous avons fini par faire une offre spécifique pour les sociétés », poursuit Gatien Letartre. A tel point qu’aujourd’hui 90 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, et de ses efforts, sont orientés vers le B2B. Avec Big média, le CEO se confie sur l’évolution de ce marché et de l’impact que les cours de sport en entreprise ont désormais sur la marque employeur. 

Big média : Selon-vous quelles sont les raisons de la hausse de la demande des cours de sport en entreprise, hormis le covid ?  

Gatien Letartre : Pour moi il y a deux raisons, déjà, le marché de l'emploi qui est de plus en plus tendu. Depuis quelques années, il devient plus difficile pour les entreprises de recruter et de fidéliser des talents, c'est pourquoi la marque employeur a pris une place si importante. Et face à ce constat nous travaillons en continu dans le but de l’améliorer.

Le deuxième sujet, c’est la prise de conscience de l’importance de l’activité physique et du bien-être par la population française. Il y a 10 ans, quand on demandait aux Français quels étaient leurs passe-temps favoris, la pratique sportive et le bien-être n’arrivaient clairement pas dans le top 5. Mais depuis cinq ans, on les retrouve systématiquement dans le top 3. Ces deux pratiques sont devenues une marque d’épanouissement pour la plupart des concitoyens.  

« Proposer, au-delà du salaire, un environnement agréable et une certaine qualité de vie au travail. »

BM : Pendant longtemps le sport était une activité individuelle que l’on pratiquait avant ou après le travail. A quel moment tout cela a changé ? 

GL : Il y a trois raisons à cela d’après moi. La première, c’est que les personnes qui travaillent en entreprise passent entre 60 et 70 % de leur temps au bureau. Limiter le temps de transport et faciliter la pratique pour optimiser son temps est devenu essentiel. Deuxièmement, la perception du monde professionnel a changé avec l’arrivée, par exemple, de la hiérarchie horizontale qui a facilité la pratique de cours de sport en entreprise. Et la troisième, c’est qu’avec un marché de l’emploi de plus en plus tendu, il faut pouvoir montrer que sa société peut également proposer, au-delà du salaire, un environnement agréable et une certaine qualité de vie au travail. 

BM : Quels sont les bienfaits engendrés par la mise en place de cours sportif dans les entreprises ? 

GL : Aujourd’hui, proposer des cours et activités autour de la santé et du sport dans ses locaux est devenu un point fort de sa marque employeur. C’est d’ailleurs l’une des questions les plus posées lors des entretiens d’embauche. A l’inverse, ne pas en proposer pourrait être un frein au fait de garder ou d’attirer des talents. En fait, c’est presque devenu un basique en entreprise.  

La marque employeur est clairement l’un des enjeux majeurs pour nos clients et partenaires. En outre, il existe trois raisons pour lesquelles les entreprises s’adressent à TrainMe : développer leur marque employeur, améliorer l’environnement de travail, la productivité, le bien-être de leurs collaborateurs et bonifier la santé de ces derniers. 

« La pratique d’activité sportive en entreprise diminue l’absentéisme, améliore la productivité et l’engagement d’un collaborateur »

 BM : Selon vous, pourrait-on arriver à une normalisation du sport en entreprise ?  

GL : Je ne pense pas que le marché soit arrivé à maturité. Il est encore en développement et nous ne sommes qu’au début de l’histoire. Ça va se normaliser, l’Etat compte également mettre en place des activités pour ses agents, et les chefs d’entreprises ne trouvent plus que ce soit un gadget. D’autant plus que les offres sont de plus en plus claires et identifiées grâce à des acteurs forts qui permettent d’avoir une solution clé en main. 

Pour arriver à maturité, je pense qu’il y a un sujet de démagogie qui n’est pas assez diffusé : « C’est quoi le sport en entreprise ?  A quoi ça sert ? Quels sont les impacts ? » Pour parvenir à l’évangéliser nous devons être plus visible en tant qu’acteur. Il peut également y avoir des initiatives étatiques de communication, ce qui devrait être le cas puisque le sport va devenir une cause nationale en 2024. L’aspect culturel aussi rentre en jeu. Pourquoi le sport se pratiquerait-il forcément entre 12h et 14h ? C’est pour l’instant le cas pour 90 % de nos clients et il est très rare d’assister à des cours de sport entre 10h et 11h. Je pense que ce sont des choses qui vont évoluer. Notre enjeu c’est aussi de rendre les sociétés meilleures d’un point de vue économique.  

« Au-delà des JO, l’objectif est de proposer des situations toujours plus adaptées et pertinentes aux collaborateurs. »

BM : Avec l’annonce de la Coupe du Monde de Rugby et des Jeux Olympiques en France, avez-vous remarqué un engouement pour les cours de sport en entreprise ?   

GL : On peut dire que l’organisation de ces compétitions a eu un impact pour les employés et les entreprises même s'il faut différencier selon moi la Coupe du Monde et les JO. Pour ces derniers il y a un véritable engouement, notamment à travers l’héritage de Paris 2024 où le sport en entreprise a clairement été identifié. Nous commençons à constater que le fait d’accueillir sur notre territoire une compétition d’une telle envergure est un moyen de convaincre, l’employeur comme les employés, que la pratique sportive dans le milieu professionnel est primordiale. 

Pour donner un exemple concret, ce phénomène se traduit à travers les différents partenaires des Jeux 2024. On peut proposer aux collaborateurs de découvrir différents sports paralympiques ou même des disciplines plus méconnues comme le breakdance. Pour nous l’objectif c’est qu’après les JO ça ne s’arrête pas, sinon ce serait un échec.  

BM : De quelles façons comptez-vous faire perdurer ces bonnes habitudes après les Jeux Olympiques ?  

 GL : Vous savez, le sport c’est un peu comme une drogue, plus vous en faites plus vous avez envie d’en faire. Le plus dur c’est de commencer. De notre côté, nous mettons en place des animations sportives qui donnent aux gens l’envie de se lancer dans la pratique, voire les encourage à faire davantage d’exercice physique qu’auparavant. Pour les employeurs, retirer le sport en entreprise s’avérerait être un désavantage. Au-delà des JO, l’objectif est de mettre en place des infrastructures toujours plus adaptées et pertinentes pour les collaborateurs.

Emmanuel Lanoe

Emmanuel Lanoe

Rédacteur Web