Lever des fonds sans compromettre ses engagements écologiques, l'exemple de la néo-banque Green Got

Green-Got est une néo-banque qui souhaite financer la transition écologique et énergétique. Après avoir levé 5 millions d'euros avec la fintech, Maud Caillaux, co-fondatrice de la start-up, revient sur sa volonté de se développer dans le milieu bancaire tout en conservant ses engagements. 

  • 05 juillet 2023
  • Temps de lecture: 2-3 min
Green Got

« Notre objectif ? 66 millions de Français avec une carte Green Got. » Si c’est avec une pointe d’ironie que Maud Caillaux répond à cette question, l’ambition de la CEO reste élevée. Plus gros lancement de néo-banque l’année dernière avec plus de 10 000 nouveaux clients et près de 17 millions d’euros de dépôts, la fintech compte bien continuer à prendre de l’ampleur dans le secteur bancaire. C’est dans cette démarche que l’entreprise a levé 5 millions d’euros le 4 mai 2023. Mais alors comment récolter de telles sommes tout en préservant ses idéaux ? Maud Caillaux vous l’explique avec Big média. 

« Il n’est pas question de viser une croissance à trois chiffres au détriment de la nature et de la planète. » 

 

Big média : La dernière fois que vous avez répondu aux questions du Big média, Green Got "n'était qu'un embryon". Qu'en est-il aujourd’hui ?  

Maud Caillaux : Ce que je voulais dire à l’époque c‘est que nous en étions à la première étape. Aujourd’hui nous proposons à nos clients un compte courant et nous souhaitons développer un maximum de produits bancaires et favoriser des investissements qui auront toujours plus d’impact dans le financement de la transition écologique. C’est en cela que nous sommes au début du bébé. 

BM : Vous expliquiez aussi avoir refusé le soutien financier de grosses banques et de fonds d’investissement. Pourquoi ?  

MC : Les grosses banques sont des établissements qui ne correspondaient pas du tout à nos valeurs. Nous avons deux objectifs d’impact avec Green Got : le premier concerne les investissements et fonds en faveur de la TEE. Le second, tout aussi fort, est la sensibilisation au sujet des banques, du financement des énergies fossiles, des émissions de gaz à effets de serres et du non-financement de la transition qu’il faut pourtant faire advenir. Tout cela s’explique par le fait que les principaux établissements bancaires financent largement les énergies fossiles comme le charbon et le pétrole. Il est donc primordial d’éveiller ces grandes banques. Nous espérons qu’elles vont évoluer mais en attendant on ne veut pas qu’elles puissent avoir un mot à dire sur Green Got.  

Pour ce qui est des fonds d’investissements, nous ne les avons pas tous refusés. Un accord a d’ailleurs été trouvé avec l’un d’entre eux qui se veut à impact positif et nous aide pour ce qui est de notre financement. Nous sommes sur une lancée d’entreprise durable qui met plus de temps à se construire et ne souhaite pas sacrifier l’impact pour obtenir un maximum de rendement. Il est primordial d’avoir des externalités positives tout en étant rentable mais il n’est pas question de viser une croissance à trois chiffres au détriment de la nature et de la planète. 

« Pour nous, il était primordial de sélectionner un fond à mission et des Business Angels qui partagent et adhèrent à nos valeurs. » 

 

BM : Vous avez levé 5 millions d’euros en mai dernier. En quoi ça consiste, concrètement, de lever des fonds de manière écologique ?  

MC : Il n’existe pas de façon précise. Pour nous, il était primordial de sélectionner un fond à mission et des business angels qui partagent et adhèrent à nos valeurs. Le concept de notre fintech est de tout construire en transparence avec notre communauté. C’est pour cela qu’il était important pour nous que notre clientèle garde une part d’action, à hauteur de deux millions d’euros, pour qu’elle puisse les posséder et que ce soit également son entreprise. En tout, nous avons réussi à lever trois millions d’euros grâce au fonds capital-risque spécialiste de la ClimateTech et deux autres sur une plateforme de Crowdfunding avec la participation de 1300 personnes.  

BM : Vous êtes parmi les premiers à véritablement prendre ce tournant écologique dans le secteur bancaire. Est-ce que vous avez l’impression d’insuffler un nouvel élan à la finance ?  

MC : Nous l’espérons ! Aujourd’hui nous avons l’impression de braquer les projecteurs sur un sujet qui n’était pas du tout populaire auparavant. Les établissements commencent à imaginer la possibilité se lancer dans cette voie mais pour ce qui est des résultats il est toujours question de vieilles logiques avec de l’énergie fossile et l’industrie classique qui sont très polluantes. 

Nous voulons démontrer aux gros établissements bancaires qu’au-delà de l’impact négatif qu’elles peuvent avoir, ce sont des entreprises surtout très intéressées par les chiffres. Il faut démontrer que c’est avec une réelle demande. Si demain ils veulent encore des clients, ils doivent absolument se mettre au diapason.

Emmanuel Lanoe
Emmanuel Lanoe Rédacteur Web