Aurélie Dyèvre [SporTech FR] : « Le grand défi sera de maintenir la flamme après les JO et de convaincre un peu plus encore les fonds d’investir dans ce secteur »

Aurélie Dyèvre est co-présidente du collectif SporTech FR et cofondatrice de la startup Joinly. A l’approche d’événements comme la Coupe du monde de rugby et les JO 2024, elle revient sur le développement de la sportech en France.

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aurelie dyevre

SporTech FR mouille le maillot. Depuis sa création en 2019, le collectif rassemble et fédère l’écosystème sportech français pour le structurer et le faire connaître auprès des médias, institutions et investisseurs. « L’objectif est d’apporter de la visibilité et une caisse de résonnance auprès des startups tech dans le sport. Le collectif est donc un relai qui créé des connexions entre elles et d’autres secteurs », affirme Aurélie Dyèvre sa co-présidente.

BM : Si on devait faire un panorama de la Sportech en France, que diriez-vous ?

AD : On classe les startups en 3 catégories : celles qui s’adressent aux fans, celles qui s’adressent au sport professionnel et celles qui s’adressent au sport amateur, en proposant des solutions aux fédérations, clubs et pratiquants. Au niveau des différentes tendances, on voit que les solutions à destination des fans utilisent de plus en plus le web 3 ou mettent en place des expériences immersives à l’intérieur des stades quand les solutions à destination du sport professionnel intègrent de l’intelligence artificielle, notamment pour le suivi des joueurs.

A l’intérieur de ces 3 catégories, on a aussi des verticales plus « générales », qui concernent tous les secteurs. Dans le collectif SporTech, certaines startups sont également classées en fintech ou healtech par exemple, et ces deux dernières années, on voit l’émergence de startups qui s’intéressent à l’écoresponsabilité dans le sport. Evidemment, il y a aussi une grosse tendance liée aux Jeux Olympiques et à l’héritage qu’ils vont laisser dans la société. Globalement, le panorama s’élargit sans cesse et démontre que le sport est partout.

« On a pu créer des liens entre le comité olympique et des startups du collectif »

BM : Vous-mêmes vous êtes entrepreneure dans le sport, comment avez-vous vu évoluer le regard sur les sportech en France ?

AD : On a cofondé notre startup Joinly en 2015. A l’époque on avait intégré le Tremplin, le premier incubateur mondial dédié au sport. Huit ans plus tard le secteur a connu bien des changements. D’autres incubateurs se sont créés dans le monde et il y a dorénavant des fonds d’investissement autour du sport. Des institutions comme Bpifrance soutiennent l’écosystème sportech, à travers la communauté des Meneurs, qui permet de créer plus de synergies entre les startups et les clubs. On voit aussi des sportifs du haut niveau comme Tony Parker, Hugo Lloris ou encore Blaise Matuidi qui investissent dans ces entreprises, ce qui offre une belle caisse de résonnance.

BM : Quel impact a l’organisation des Jeux Olympiques de Paris sur la sportech française ?

AD : Grâce à ces événements, tout le monde s’intéresse au sport et les gens se demandent s’il y a des choses à faire dans ce secteur. On a pu créer des liens entre le comité olympique et des startups du collectif qui participeront aux Jeux. Le grand défi sera de maintenir la flamme après les JO et de convaincre un peu plus encore les fonds d’investir dans ce secteur.

BM : Quel est le potentiel économique du sport en France ?

AD : Il touche plus d’une personne sur deux. Il est partout et permet de populariser des innovations, comme on a pu le voir avec les objets connectés par exemple. Il y a des investissements beaucoup plus forts en Asie et aux Etats-Unis par rapport à l’Europe. Il faut que ça bouge. C’est pour ça qu’on insiste et qu’on veut attirer de plus en plus d’investisseurs pour nous soutenir.

BM : Quel état des lieux faites-vous des investissements dans la sportech ?

AD : Bien qu’ils progressent chaque année, ils restent encore trop faibles par rapport aux besoins. Alors qu’en parallèle, des entreprises étrangères débarquent en France en ayant levé beaucoup d’argent et donc en prenant plus de part de marché. Aujourd’hui, le gaming et la “fan expérience” sont les domaines les plus avancés, notamment grâce à Sorare qui a permis de faire évoluer les mentalités et rassurer les investisseurs. Dans les autres verticales, la scalabilité existe mais on a besoin que les investisseurs croient en nos projets. Il faut être patient et optimiste, car le sport nous concerne tous et le secteur de la SporTech est en plein développement.