EP Climbing, l’innovation comme levier de développement de l’escalade

À l’origine des prises d’escalades artificielles, la société iséroise créée en 1985 EP Climbing (ex Entre-Prises) ne cesse d’innover pour faire évoluer la pratique. Future fournisseur du mur des JO de Paris 2024, Big média revient sur son histoire.

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mur d'escalade
Etape de la coupe du monde à Chamonix – Mur de vitesse et mur de difficulté – Copyright IFSC + Lena Drapella

En créant la première prise d’escalade artificielle dans les années 80, François Savigny ne s’attendait probablement pas à révolutionner l’activité. Devenues un véritable phénomène de société, les salles de blocs (une discipline qui consiste à grimper des “blocs” à faible hauteur) poussent comme des champignons dans les métropoles. En France, leur nombre a été multiplié par trois en vingt ans pour atteindre environ 200 enseignes sur l’ensemble du territoire (les Echos Start). L’Union des salles d’escalade (UDSE) revendique quant à elle une augmentation de 20 % du marché de l’escalade indoor l’année dernière dans l’Hexagone. “Bien que les formes évoluent constamment, la matière première et les process pour produire des prises n’ont presque pas changé depuis les premiers modèles développés par François Savigny”, s’amuse Tiphaine Lazard, responsable marketing international chez EP Climbing. Pour Big média, elle revient sur les rouages et spécificités du marché de l’escalade indoor, ainsi que sur les perspectives et défis de l’entreprise savoyarde.  

Permettre l’évolution de la pratique   

C'est d’abord la passion du sport qui pousse François Savigny, un jeune ingénieur des Arts et Métiers, à créer les premières prises d’escalades amovibles dès 1985. “ C'était un grimpeur passionné. Tous les weekends il voulait grimper les fameux spots de blocs naturels de Fontainebleau (77)”, raconte Tiphaine Lazard, qui précise que, c’est justement en cherchant à se faciliter la tâche que le fondateur d’EP Climbing eu l’idée de transformer des murs avec des agrès. Très vite, la jeune entreprise iséroise diversifie son activité et s'attèle notamment à la création de murs (on distingue sur ce marché, la vente du mur présentant des reliefs propres à la pratique et celle des prises amovibles). L’offre d’EP Climbing permet l’évolution de la pratique avec l’escalade indoor qui se développe rapidement outre-manche et de l’autre côté de l’Atlantique dès 1987.  

Aujourd’hui fortement implantée à l’international avec des bureaux en Angleterre, aux Etats-Unis, en Inde ou encore en Indonésie, EP Climbing compte près de 250 salariés. La société iséroise, en plus des murs et prises d’escalades vendus aux salles, réalise 20 à 30 % de son chiffre d’affaires en France auprès des écoles et collectivités. De plus, elle développe un réseau international de 350 salles avec sa marque “Clip'n Climb” qui mêle univers de l’escalade sans risques, avec décors d’aires de jeux.  

Les salles doivent proposer des nouveautés en permanence 

Au-delà de l’aspect technique des prises qui est en constante évolution, EP Climbing concentre aussi ses efforts de recherche et développement pour réduire autant que faire se peut l’impact environnemental de l’entreprise. “Aujourd’hui, les salles qui veulent performer doivent proposer des nouveautés en permanence. Il faut ouvrir de nouvelles voies très régulièrement. Ça entraîne chez nous une réflexion car les prises sont faites en plastique issu du pétrole”, explique Tiphaine Lazard. En effet, les passages répétés des grimpeurs provoquent une érosion sur les prises les rendant inutilisables.  

Pour allonger la durée de vie de ces agrès, la multinationale travaille main dans la main avec de jeunes entreprises comme Eco Climb’in dont le projet est de rajouter “du grain” sur les prises usées. Parallèlement, l’entreprise concentre aussi ses efforts pour réduire les émissions de carbone issues de ses tapis. Un enjeu pour le fabricant puisque, difficilement recyclable, ces derniers peuvent représenter jusqu'à 55 % de l'empreinte carbone d'une structure de bloc, prises d'escalade incluses. “En plus d’un tapis composé à 30 % de mousse recyclable prévu pour les JO de Paris, on travaille à la revalorisation des composantes pour éviter les incinérations”, précise Tiphaine Lazard, la chargée responsable marketing international.

TITAN, un mur de bloc co-construit avec l’IFSC  

Depuis sa création, EP Climbing a toujours beaucoup échangé avec les différentes fédérations pour permettre à la discipline de se développer. D’ailleurs, la première coupe du monde d’escalade indoor de 1989 à Leeds (Angleterre) a déjà été disputée sur un mur proposé par l’entreprise savoyarde. Cette année, la société s’est notamment illustrée avec la présentation de TITAN : un mur de bloc co-construit avec l’IFSC (fédération mondiale d’escalade).  

Présenté lors des championnats du monde de Bern en août dernier, ce mur répond au réel besoin pour les instances décisionnaires d’inscrire des standards entre les différentes salles. Ainsi, ce mur de 114 m², qui sera aussi utilisé pour les JO de Paris 2024 et dans les autres grandes compétitions à venir, pourrait bien se démocratiser dans une grande partie des salles de blocs. “certains de nos clients français, anglais, américains ou astatiques l'ont déjà acquis”, conclut Tiphaine Lazard, au sujet de cette innovation qui pourrait bien révolutionner la manière dont les fédérations préparent leurs athlètes aux grands rendez-vous sportifs.  

 

Martin Ferron
Martin Ferron Rédacteur Web