La Fondation AMIPI embauche 40 nouvelles personnes en situation de handicap

La nouvelle usine AMIPI vient de sortir de terre et sera inaugurée à Cholet d'ici fin 2024. Cette ouverture permettra le recrutement de 40 employés porteurs d'un handicap cognitif. C’est la 7e usine créée par AMIPI - Bernard Vendre, Fondation investie pour l’insertion sociétale de personnes en situation de handicap par le travail. Big Média est parti à la rencontre de cet organisme philanthrope et inspirant.

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Fondation AMIPI

« Cette nouvelle usine, ce sera 140 personnes et 40 embauches », sourit Solenne Fleytoux, responsable communication marketing pour la Fondation AMIPI - Bernard Vendre. À Cholet (Maine-et-Loire), ce site de 3 600m2 dédié à l’assemblage de faisceaux automobiles, à l’électronique et au textile, sera inauguré fin 2024. AMIPI a déjà ouvert sept usines dans le Grand Ouest (Blois, Nantes, Tours, Angers Le Mans et Cholet), toutes d’apparence ordinaire mais qui ont pourtant une belle particularité… elles sont dites apprenantes et inclusives. En effet, sur un total de 830 employés, 680 sont porteurs d’un handicap ! 

« L’industrie se présente comme un formidable moyen pour les personnes à situation de handicap de se développer » 

Développer le cerveau de personnes qui sont porteurs d’un handicap cognitif par le travail manuel, c’est la stratégie d’AMIPI. Pour Solenne Fleytoux, « plus vous travaillez avec vos sens, plus vous allez les développer et amoindrir les effets du handicap. On organise tous nos postes de travail pour que la personne développe ses capacités psycho-gestuelles ». AMIPI recrute des personnes qui ont une reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH), et qui sont aptes à travailler. « Le handicap cognitif est assez large, il englobe la dyslexie, dysphasie, dyscalculie, schizophrénie, bipolarité, trouble du spectre autistique, trisomie 21, entre autres », explique Solenne Fleytoux.

Les employés en situation de handicap de la Fondation sortent d’instituts médicoéducatifs mais aussi beaucoup, et ce depuis quelques années seulement, de classes ULIS (Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire). « L’école est plus inclusive, ces classes sont une bonne chose, mais certains jeunes, à la sortie de leur bac ou BEP, ne veulent pas d’une étiquette handicap après avoir passé 15 ans dans des classes classiques. On constate depuis deux, trois ans que les jeunes arrivent plus tard chez nous, autour de 25 ans, après de multiples stages et déceptions dans le milieu professionnel classique. » 

Une entreprise adaptée reconnue d'utilité publique 

Avec 80 % de ses effectifs porteurs d’un handicap, AMIPI remplit de loin la condition des 55 % nécessaires pour être considérée comme une entreprise adaptée. Une telle entreprise fait partie du milieu ordinaire, a un chiffre d’affaires, verse des salaires à la différence d’un ESAT (établissement et service d'accompagnement par le travail) où les personnes ne sont pas salariées mais bénéficiaires. À ce titre, la Fondation, en plus des dons privés reçus, bénéficie d’aides du gouvernement (15 000€ par personne handicapée par an). « Notre chiffre d'affaires nous permet de verser les salaires et tout bénéfice est réinjecté au profit de la Fondation, par exemple pour ouvrir une usine ou dispenser des formations sur la confiance en soi », explique Solenne Fleytoux, « Le travail d’une entreprise adaptée est d’effacer l'étiquette que les personnes portent depuis qu'elles sont nées, et de servir de tremplin vers une entreprise classique. » 

AMIPI est également reconnue d'utilité publique car « elle insère dans le monde du travail des personnes porteurs d'un handicap, qui seraient sinon probablement chez elles à vivre grâce à une aide personnelle. » La Fondation, qui existe depuis 60 ans, a permis l’insertion de plus de 200 personnes depuis 2009, soit une vingtaine par an en moyenne. « C'est peu, mais on ne peut pas les forcer, ils sont en CDI à la Fondation AMIPI et ça peut être dur de changer de poste, même pour une personne non porteuse de handicap », souligne la responsable communication et marketing. 

Des scientifiques témoins de la réussite d’AMIPI

La collaboration avec des scientifiques spécialisés du cerveau est un volet très important d’AMIPI. « Des neuropsychiatres, neuroscientifiques et spécialistes des sciences cognitives vont nous aider à adapter nos postes de travail et nos méthodes d'apprentissage pour que les personnes puissent progresser », indique Solenne Fleytoux. Le premier partenariat avec un scientifique a été noué dans les années 60, autour du sujet de la plasticité cérébrale et par conséquent du meilleur fonctionnement des connexions neuronales grâce au travail manuel. L’initiative est venue du Fondateur d’AMIPI, Maurice Vendre, à la suite de l’exclusion de l’école de son fils atteint de trisomie 21. Ce père de famille avait l’intime conviction que son enfant pouvait apprendre autrement et avoir un travail utile pour la société.  

D’autres partenariats avec des scientifiques ont suivi, et aujourd’hui ce sont entre trois et cinq scientifiques qui travaillent régulièrement avec la Fondation sur des sujets divers, bien sûr autour du handicap. Récemment, par exemple, le psychiatre Jean-Michel Oughourlian a visité les usines d’AMIPI et en a écrit un livre, Le travail qui guérit, paru en 2018, dans lequel il décrypte les bienfaits du travail pour les personnes porteuses de handicap. « Il a vu que les employés de nos usines étaient responsables, autonomes, à la différence des personnes en clinique qui s’ennuient et ne se soignent qu’aux médicaments », explique Solenne Fleytoux. 

Des usines AMIPI spécialisées dans le câblage automobile, mais aussi le textile et l’électronique 

Historiquement spécialisée dans la production de câblage automobile, la Fondation a opéré un changement de cap en 2022 en commençant à se diversifier dans des activités comme le textile ou l'électronique. « Il y a plusieurs raisons à cela, pour sécuriser la Fondation et ne pas dépendre de grands donneurs d’ordre, mais aussi pour s’adapter à un changement de mentalité autour de la voiture, entre le développement du covoiturage et les mobilités douces… sans parler de la crise des composants », souligne Solenne Fleytoux. « On vise 70 % d'activité automobile et 30 % activité manufacturière d’ici trois ans. » L'automobile reste une force car l'exigence y est particulièrement élevée. « Nos usines produisent des câbles pour freiner, allumer les phares, baisser la vitre, ouvrir la porte... on est sur un niveau d’exigence très élevé, l’employé va être formé à travailler sur quelque chose d'extrêmement minutieux avec des normes qualité très élevées, il pourra donc par la suite travailler partout », conclut-elle.

Marion Bouche, Rédactrice Web
Marion Bouche Rédactrice Web