De cadre parisien à glacier marseillais : le parcours hors norme de Nicolas Decitre

En 2011, Nicolas Decitre, cadre supérieur, décide de faire le grand écart de sa vie professionnelle et personnelle en devenant glacier à Marseille. Aujourd’hui épanoui et fourmillant d’idées, il ne regrette pas d’avoir su se mettre en danger. Portrait.  

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vanille noire

La vie, c’est comme un cône glacé ; il faut savourer chaque bouchée”, disait l’auteur de bande dessinée américain Charles Monroe Schulz. Un adage que Nicolas Decitre semble suivre à la lettre, au sens propre, comme au figuré. Pourtant, rien ne prédestinait cet expert en télécommunications à troquer son clavier d’ordinateur contre une cuillère à glace. En 1994, fraichement diplômé d’une école de commerce, le jeune homme fait ses premières armes au sein du groupe de télécommunications Alcatel-Lucent. Le secteur est alors en plein boom avec l’avènement de la téléphonie portable. 
 
A cette époque, le jeune cadre ne s’économise pas et est, de son propre aveu, une vraie tête brulée. « J’avais des choses à me prouver ». Il veut monter les échelons, vite. Trop vite ? A 30 ans, il siège déjà au comité de direction d'une des filiale du groupe et devient responsable ventes des zones Asie et Afrique. En parallèle, il se lance dans un MBA à l’ESSEC pour compléter son cursus. A 35 ans, le jeune homme explose. « J’ai tout simplement fait un burn out », raconte l’entrepreneur. 

« C’était tout simplement le rêve d’un passionné ! » 

Philosophe et déterminé, il se relève rapidement. Fini pour lui les entreprises françaises. Il se tourne vers de groupes étrangers dans lesquels il évolue pendant six ans en tant que responsable grands comptes. À ce moment-là, Nicolas Decitre commence déjà à réfléchir à un projet bien à lui. Une envie d’entreprendre qu’il doit, selon lui, à son tempérament, mais également à son parcours, « car à l’export on doit savoir se débrouiller seul », note-t-il. « Quand on fait 10 % de chiffre d’affaires (entre 25 et 50 millions pour ma part), les grands patrons ne nous donnent que très peu de moyens, alors si on veut innover et remplir, voire surpasser, ses objectifs, il faut être agile. C’est un peu similaire à la vie d’entrepreneur », analyse-t-il. Il acquiert rapidement la conviction que sa vie de futur entrepreneur tournera autour du secteur de la restauration.  

Mais le vrai déclic, qui achève de le convaincre de lancer son entreprise, survient lors d'un voyage à New York en 2011. « Après la naissance de ma fille, nous sommes allés passer quelques jours à New York en famille. Un matin, en me baladant dans la rue, je suis resté scotché devant l’enseigne Il Laboratorio del Gelato. Il n'y avait rien de pareil en France. A ce moment-là, j’ai su qu’il fallait que je me lance dans la food». Une fois rentré à Marseille, où il vit depuis deux ans, Nicolas entame un CAP et se forme auprès de Bertrand et Xavier Rousselle, les dirigeants de Terre Adelice, « l’un des meilleurs artisans glaciers français », situé en Ardèche.  
« Quand j’ai préparé mon projet, j’ai fait des milliards d’études de marché et de business plan, alors qu’en réalité, ce n’était pas ça l’essence de ce que je voulais proposer. C’était tout simplement le rêve d’un passionné ! ». Rapidement, il trouve un local et commence à élaborer ses recettes. Le nom de Vanille Noire s’impose alors rapidement : un hommage au parfum qui deviendra le best-seller de l’enseigne.  
 
En avril 2014, l’entrepreneur ouvre un premier laboratoire/magasin puis un second au printemps 2018. « Bien sûr, ça n’a pas toujours était facile. Même si en quittant Paris, j’avais un coussin de sécurité financier, je n’ai pas pu me verser de salaire pendant près de deux ans ». Heureusement, Vanille Noire se développe rapidement et devient rentable dès 2017.  
Seul aux commandes de ses deux boutiques marseillaises et d’un laboratoire, l’entrepreneur continue de voir grand. En France, mais également à l’international. Un chemin presque naturel pour cet ancien cadre spécialisé en export. « La société a un potentiel de développement énorme. Aujourd’hui, le concept, la charte et les produits du magasin sont rodés, donc tout est prêt pour qu’on passe à la franchise. Sauf qu’à la différence de mes débuts dans la vie active, je n’ai pas envie de faire ma tête brulée et me lancer seul dans cette aventure », affirme le glacier qui se focalise, pour le moment, sur le fait de réussir à maintenir une activité à l’année et garantir à ses managers un poste stable.  

« Ma vraie ligne directrice, celle qui me motive et me guide au quotidien, c’est de faire les meilleures glaces possibles : la vanille noire mais pas que... » 

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Mélanie Bruxer Rédactrice web