Comment La Source Française valorise le Made in France

Mettre en relation les entreprises qui souhaitent faire produire ou relocaliser l’usinage dans l’Hexagone avec ceux qui peuvent assurer la fabrication : tel est l’objectif de La Source Française qui a soufflé sa première bougie en début d’année. Rencontre avec ses deux fondateurs.

L'équipe de La Source Française
© La Source Française

La réindustrialisation, fer de lance du gouvernement pour booster l’économie et renforcer la souveraineté de la France, ne saurait se faire du jour au lendemain, sans structure ou accompagnement des entreprises qui souhaitent participer au mouvement. En filigrane, il s’agit ici de raccommoder le tissu industriel français, ce réseau de professionnels et de savoir-faire, qui s’est élimé au fil des délocalisations et des décennies. C’est en partie la mission de La Source Française, une plateforme de mise en relation et d’accompagnement de projet entre entreprises et fabricants français, dans des secteurs variés allant du textile à la forge. Développée par Tiphaine Chouillet et Benjamin Lasserre, responsable sourcing, la solution a naturellement découlé de cette activité. 
 
« Même si les entrepreneurs et les marques s'intéressent beaucoup au Made in France, ils vont rarement au bout de la démarche de relocalisation de la production », explique la fondatrice. Pourquoi ? « Cela reste plus facile de faire produire en Chine ou en Europe et certains s’arrêtent au premier devis, parfois dissuasif. Il est également devenu compliqué de trouver les bons interlocuteurs et d’avoir des réponses claires et rapides. » En cause, des années de délocalisation qui ont, par extension, destructuré l’industrie et l’économie. Ce ne sont pourtant pas les savoir-faire qui manquent, toujours présents pour la plupart sur le territoire ; mais pour subsister face à la demande en baisse, les industriels ont dû rationaliser les coûts, souvent au prix de leur visibilité. Une tendance que veut inverser La Source Française.
 

Un accompagnement des projets de A à Z

 
La plateforme recense ainsi des fabricants sélectionnés, plus de 1 500 à ce jour, et permet aux professionnels de faire le pari du Made in France en trouvant l’entreprise qui rendra cette production possible. Au-delà de la mise en relation, la société propose un accompagnement personnalisé et un service de bureau d'études afin d’assurer la solidité et la faisabilité des projets, de l’idée au prototypage. « Ce qui fait notre force », analyse Benjamin Lasserre, le responsable sourcing, « c’est notre capacité à comprendre les enjeux techniques derrière la conception d’un objet et de pouvoir concilier cette phase en amont avec un écosystème de fabricants partenaires engagés et réactifs qui seront en mesure de donner suite au projet, voire de le développer avec nous. »  
 
La taille et la durée des projets, ainsi que le profil des entreprises faisant appel aux services de La Source Française, sont très variables, tout comme les spécialités et capacités de volume des industriels qu’elle regroupe. « Cela va du créateur d’entreprise en reconversion qui souhaite lancer un projet mais n’a pas le bagage technique ou l'écosystème pour sourcer, au grand groupe qui, par le biais d’une marque ou d’une business unit, veut se lancer sur un produit qui n’est pas sa spécialité », comme le décrit le co-fondateur. Depuis son lancement, La Source Française a ainsi impulsé plus de 200 projets. Parmi eux, la production d’un sac à dos vegan pour Viahero, la fabrication d’imperméables pour la jeune pousse Flotte ou encore le développement d’accessoires d’office pour l’entreprise de céramique culinaire Émile Henry. 

 

Œuvrer pour la relocalisation, la diversification et la coopération industrielle


Certains projets nécessitent de sortir des sentiers battus et de penser au-delà des domaines de spécialité des industriels : un fabricant de fers à cheval se retrouve ainsi à produire une gamme d'haltères, un confectionneur de pied de lit est amené à concevoir des pilons en bois tourné, un atelier de textile dédié à l'aviation se met à confectionner des vêtements de pluie… « Il faut penser en termes de savoir-faire et non pas de secteur ou de type d’objet », assure Tiphaine Chouillet. « Beaucoup d’entreprises sont prêtes à relever le défi de concevoir un produit sortant de leur catalogue habituel. En faisant revenir la fabrication en France, on rappelle aussi les compétences. »
 
Les volumes ne sont quant à eux pas un obstacle. Si pour l’heure la production est encore loin de celle de marques de « fast fashion » par exemple, la plateforme est déjà en mesure de faire fabriquer une série de plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, en mettant en place une collaboration entre plusieurs industriels. « C’est aussi important pour nous de remettre en avant cette solidarité industrielle, poursuit-elle. Ce qui nous tient particulièrement à cœur, plus que de répondre à un besoin, c’est de pouvoir donner de l'activité aux fabricants français, à des entreprises qui font vivre des territoires et des populations entières. »  
 
Le studio La Racine compte actuellement 11 personnes, dont la moitié environ travaille sur La Source Française. En janvier 2023, une nouvelle version enrichie de la plateforme a été lancée afin de représenter plus de secteurs et garantir un traitement plus rapide des demandes. Grâce un système d’adhésion annuelle, les fabricants peuvent désormais devenir partenaires et bénéficier d'un meilleur référencement sur Google. La prochaine étape : renforcer l’outil et y intégrer la mesure de l’impact économique, territorial et écologique des projets. « C’est une dimension que l’on veut mettre en avant car elle démontre très concrètement les avantages de la fabrication française. Sans compter que les grands groupes, que l’on vise avec La Source, sont demandeurs aujourd’hui de ces données permettant de communiquer en toute transparence auprès de leurs consommateurs et financiers », conclut Tiphaine Chouillet.

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