49 % des dirigeants industriels ont recruté des collaborateurs étrangers au cours des cinq dernières années

Une étude Bpifrance Le Lab, parue ce lundi 19 juin, lève le voile sur la tendance de recrutement de collaborateurs étrangers pour pallier le besoin de compétences au sein de l’industrie tricolore.

Emily in Paris - collaborateurs étrangers
® Elle

90 000, c’était le nombre de postes vacants dans l’industrie française en 2022, d’après une enquête de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Si le secteur recrute 250 000 personnes chaque année, tous niveaux confondus, il reste en tension constante. Dans ce contexte, les dirigeants de PME et ETI hésitent de moins en moins à faire appel à des collaborateurs étrangers, comme le rapporte la toute dernière étude Bpifrance Le Lab.
 

Des tensions de recrutement six fois supérieures à celles de 2015

L'industrie connaît des difficultés de recrutement supérieures aux autres secteurs d'activités, selon un récent rapport de la Dares. Les dirigeants de PME et ETI industrielles ayant répondu à l’enquête du Lab connaissent la même situation : 62 % disent rencontrer des problèmes réguliers. Parmi eux, 64 % rendent comptent des difficultés structurelles antérieures à la pandémie de Covid-19. Ces tensions pourraient s’accroître dans un futur proche pour deux raisons : l’évolution démographique (plus de départs à la retraite que d'entrées de jeunes sur le marché du travail) et la dynamique d'emploi des métiers de l'industrie (besoins sectoriels et réindustrialisation verte). À horizon 2030, la Dares estime que 49 métiers industriels seront en déséquilibre parmi les 80 métiers recensés. 
 

Les PME et ETI industrielles comptent 6 % de collaborateurs étrangers

Si l’industrie connaît des tensions de recrutement proches de celles du BTP, elle recourt moins aux compétences venues de l’étranger. Selon l’Insee, le secteur compte 6 % de collaborateurs non français dans ses effectifs, contre 13 % dans la construction. Cela masque une hétérogénéité de pratiques : 49 % des dirigeants industriels ont recruté des collaborateurs étrangers au cours des cinq dernières années, 29 % envisagent de le faire dans les cinq prochaines (54 % ne savent pas) et 32 % estiment qu'il faudrait plus d'immigration professionnelle (38 % ne se prononcent pas). Le cadre légal autorise le recours aux collaborateurs étrangers non ressortissants de l’Espace économique européen (EEE) uniquement pour les métiers en tension, reconnus par la loi, ou si le dirigeant parvient à démontrer des difficultés de recrutement à son échelle. 
 

Les collaborateurs étrangers recrutés par besoin

62 % des dirigeants de PME-ETI industrielles déclarent avoir recruté hors de nos frontières parce que le bon profil était disponible au bon moment. 43 % d’entre eux ont eu recours à cette pratique car aucun candidat français ne s’était montré intéressé. 
Par ailleurs, la part des collaborateurs étrangers dans les effectifs des PME et ETI industrielles est fortement corrélée à la part des étrangers dans la population régionale. L'Île de France arrive en première position, suivie par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Grand Est. 
 

Une majorité de dirigeants pragmatiques

Il y a tout d'abord celles et ceux qui ne rencontrent pas de difficultés de recrutement régulières et qui n’ont pas recours aux collaborateurs étrangers. Il s’agit des "éloignés", qui représentent 23 % des répondants à l’enquête du Lab. Parmi ceux qui rencontrent des problèmes pour trouver des compétences, on distingue les "pragmatiques" (52 %) et les "réticents" (25 %). Les premiers ont recruté des collaborateurs étrangers au cours des cinq dernières années et comptent le faire à l'avenir. Ils sont par ailleurs favorables à plus d'immigration professionnelle. Ils valident également les résultats de la recherche académique sur l'apport des collaborateurs étrangers à la création de valeur. Les seconds, les "réticents", ne recourent pas aux collaborateurs étrangers, ne comptent pas le faire à l'avenir et ne sont pas favorables à davantage d'immigration professionnelle. 
 

Une intégration facile

60 % des dirigeants considèrent l'intégration des collaborateurs étrangers comme facile alors que seuls 7 % ont mis en place un process d'intégration. Les collaborateurs étrangers nécessitent parfois un investissement supplémentaire de la part des dirigeants, que ce soit pour leur recrutement ou pour leur intégration. Il s’agit parfois, et de manière non cumulative, de les appuyer sur les démarches administratives (professionnelles ou domestiques), sur l’installation (logement éventuellement école) ou encore sur le suivi de cours de français. Des moyens sont également alloués au transport (en particulier dans les zones rurales), à la formation professionnelle, à l’intégration sur le territoire et dans les équipes. 
 

Une réponse partielle aux besoins de compétences des PME-ETI industrielles

Ce sont les profils techniques, tels que les ouvriers qualifiés et techniciens (ou agents de maîtrise), qui ont été les plus difficiles à recruter ces dernières années, cités respectivement par 74 % et 42 % des dirigeants industriels. Pour ces deux types de travailleurs, le recours aux collaborateurs immigrés ne permet pas de couvrir l’ensemble des besoins. Les ingénieurs et cadres de production constituent le troisième profil en déficit de main-d'œuvre étrangère. Les besoins sur l’ensemble de ces profils qualifiés vont s'accroître, compte tenu des évolutions technologiques et du verdissement des activités industrielles. 
 
L'immigration professionnelle semble donc être un des facteurs de réponse aux défis de la réindustrialisation de notre pays. Pour répondre efficacement aux besoins actuels et futurs de l’industrie française, elle doit néanmoins être associée à d'autres leviers, parmi lesquels la formation (initiale et continue) et l’attractivité des différents métiers industriels.

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