Bgene Genetics réinvente la production de cosmétiques

La biotechnologie émerge comme la clé de l'industrie cosmétique du futur. Marie-Gabrielle Jouan, fondatrice et PDG de Bgene Genetics, dévoile comment cette technologie redéfinit le paysage traditionnel de la cosmétique française. 

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Les associées Bgene Genetics

Scientifique de formation, Marie-Gabrielle Jouan se souvient encore des paroles inspirantes de l’un de ses enseignants. Fasciné par la biotechnologie, il rêvait de voir cette dernière révolutionner nos modes de production. Emportée par cette vision, elle aussi aspire, dès sa sortie de la fac, à voir la biotechnologie transcender les frontières disciplinaires.  

Bgene Genetics emprunte le segment inexploré de la biotechnologie  

Guidée par ses convictions et ses ambitions, Marie-Gabrielle Jouan concrétise sa vision en fondant Bgene Genetics en 2014. Avec Alexia Chandor-Proust et son associée principale Caroline Ranquet, elles nourrissent l'ambition de valoriser la biotechnologie, encore marginalisée à l’époque, comme l’explique la PDG de l’entreprise Marie-Gabrielle Jouan : « Avec Bgene Genetics, notre objectif était d'anticiper l'avenir en exploitant nos compétences variées, notamment dans la microbiologie, au sein d'un secteur encore en gestation. » 

La jeune société de services en biotechnologie navigue alors sur un segment encore peu connu au début des années 2010. « A l’époque, créer de nouveaux modes de production était un processus long en plus d'être coûteux et ne constituait pas encore une priorité. La pression écologique était moindre et les entreprises n'envisageaient pas encore de changer leurs paradigmes de productions. » raconte la fondatrice.  Avec Bgene Genétics, on s’est donc d’abord adressé à des entreprises déjà engagées sur le chemin de la bio-production, pour leur proposer nos compétences dans le but d’améliorer et d’optimiser le fonctionnement des micro-organismes qu’ils utilisaient déjà », nous rapporte la fondatrice de la startup biotechnologique. 

Révolutionner les modes de productions avec la biotechnologie  

Si Bgene Genetics propose des solutions nouvelles et résolument utiles, la jeune pousse se heurte cependant à plusieurs difficultés. D’abord celle de convaincre les entreprises du bénéfice de l’offre qu’elle propose. Ensuite, arrivent des problématiques relatives au secteur de la recherche lui-même, qui évolue très vite et nécessite une agilité constante. Et enfin, le projet fait face à un manque de crédibilité de taille, essentiel pourtant au secteur délicat dans lequel il évolue. En effet, les trois associées affrontent la dure réalité de l’entrepreneuriat féminin : « créer une entreprise technologique quand on est trois femmes ajoute une complexité supplémentaire à l’avancée du projet » affirme la PDG de la pépite technologique. 

Surnommées « Les drôles de dames » l’équipe de Bgene Genetics parvient tout de même à lever des fonds auprès de Business Angels leur permettant de voir plus grand et d’intégrer des compétences de bio-informatiques à l’entreprise. Une acquisition essentielle à la survie du projet qui devient de plus en plus autonome et solidifie son offre. En effet, en couplant ses compétences de microbiologie à la bio-informatique, la startup peut prouver que les modes de production qu’elle propose sont fiables : « Avec la bio-informatique, Bgene Genetics compresse le temps de développement et rend ses solutions plus attractives et plus optimisées pour des entreprises frileuses de changer leur modèle existant », explique Marie-Gabrielle Jouan. 

La biotechnologie au service des enjeux écologiques, géopolitiques  

Cependant, tout cela ne permet pas encore à l’entreprise technologique de générer un système économique sur lequel ses équipes peuvent s’appuyer totalement. Marie-Gabrielle Jouan et ses associées envisagent donc de se lancer en parallèle dans « l’innovation technologique des produits cosmétiques. » Un marché moins frileux et demandeur de solutions novatrices pour palier des réglementations de plus en plus strictes et un contexte géopolitique en mouvement, qui influence fortement la disponibilité des ingrédients cosmétiques. 

Les biotechnologies permettent en effet de contourner toutes ces difficultés : « Avec elles, on est capable de produire quelque chose sur une surface restreinte. On n’a pas besoin d’hectares de champs pour cultiver tel et tel ingrédient. On peut le faire toute l’année sans être impacté par les aléas climatiques et sans avoir à parcourir des milliers de kilomètres. » 

Soutenu par un fonds d’investissement familial, Bgene Gentetics parvient à investir ce nouveau champ d’activité dès 2018 et réussit à produire son propre catalogue d’ingrédients cosmétiques biotechnologiques. « Aujourd’hui, ils sont au nombre de quatre, prêts à la production et à être implémentés dans les usines, sans que les entreprises n’aient à complétement transformer leurs usines. En utilisant des machines existantes telles que de vieux fermenteurs, adaptés à la production de ces ingrédients futuristes. » Ce catalogue est une véritable victoire pour Bgene Genetics, qui évolue rapidement grâce à ses compétences en bio-informatique notamment. Si certains laboratoires mettent une dizaine d’années à produire un seul ingrédient, la startup en biotechnologie avance à pas-de-géant. 

Gwendeline Jerad
Gwendeline JERAD Rédacteur web