L’économie régénérative comme fondement des entreprises, selon Pascale Guiffant, cofondatrice d’Open Lande

Plus que de réduire ses impacts, travailler à restaurer les écosystèmes. Tel est, en résumé, le principe de l’économie régénérative. L’entreprise et association Open Lande accompagne les organisations à s’approprier cette philosophie, sous l’égide de sa directrice générale Pascale Guiffant. Big média l’a rencontrée lors de la dernière édition de Jour E.  

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Pascale Guiffant, cofondatrice d'Open Lande

Redonner ses droits à la nature et au vivant : un objectif ambitieux mais auquel croit fermement l’entreprise à mission et association Open Lande. Par exemple, en Loire-Atlantique, elle œuvre pour une débitumisation des places de parking au profit d’une renaturation de la ville. Cette action va de pair avec une visée pédagogique : des indicateurs climat / biodiversité / ressources permettront d’évaluer et de communiquer sur l'impact écologique d'une telle transformation. Par ailleurs, elle s’inscrit dans le projet d’envergure lancé par Open Lande et baptisé Regenerate. Ce dernier mobilise ainsi, dans la région Pays de Loire, plusieurs acteurs privés et publics autour de la prise de conscience de l’état des écosystèmes locaux, illustrant la nécessité dun travail commun pour répondre aux besoins de régénérations des écosystèmes. « L’objectif est de transformer l’action des territoire régénératif aujourd’hui, c’est plutôt une ambition, une intention», souligne Pascale Guiffant, cofondatrice et directrice générale d’Open Lande, sur le plateau de Jour E, en avril dernier. 

Des transformations nécessaires 

Ancienne directrice adjointe du développement durable du groupe Suez, Pascale Guiffant a dirigé plusieurs programmes basés sur l’économie inclusive, parmi lesquels « Eau pour Tous » qui a permis de développer l’accès à l’eau et à l’assainissement pour des millions de personnes dans le monde. Elle est diplômée de l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers et de Sciences Po Paris. Avec Open Lande, elle accompagne la transformation et l’innovation d’organisations qui souhaitent embrasser les transitions écologiques et sociales nécessaires. « Nous nous sommes inspirés de la théorie du U, qui prône l’intelligence collective et formulée par le MIT – Massachusetts Institut of Technology: nous aidons l’entreprise à prendre conscience de ses enjeux de transition sur l’ensemble de sa chaine de valeur. Elle doit pouvoir se projeter vers un récit régénératif et, concrètement, savoir comment mettre en place les briques de transformation en collaborant avec ses fournisseurs ou ses équipes. Elle doit travailler à mettre le modèle économique au service du vivant, et non le contraire», poursuit-elle. 

La prise en compte des ressources naturelles grâce à l’économie régénérative 

Et c’est dans ce cadre-là qu’Open Lande déploie son projet Regenerate, qui se construit autour d’un travail d’analyse territoriale, incluant des entretiens qualifiés avec de nombreux acteurs, scientifiques, élus, dirigeants d’entreprises, etc. Leurs échanges portent sur l’eau, les sols, les forêts, le littoral, c’est-à-dire tout ce qui constitue la biocapacité du territoire. En les croisant avec les enjeux des entreprises du tourisme, de l’industrie, de la culture ou de la tech, pour ne citer qu’elles, ils reprennent les fondements de l’économie régénérative. 

Léconomie régénérativeest à la fois une philosophie et une méthode pratique pour les organisations et les territoires en quête de résilience. Elle les amène à s’interroger : à quoi contribuent-ils ? Elle « prend en compte la question de réduction des impacts (notamment sur les questions de climat, d’économie circulaire, de ressources, etc.) et la notion de dépendance aux ressources systémiques », rappelle la cofondatrice d’Open Lande. Autrement dit, comment les actions peuvent être dirigées dans le respect des liens à la nature et à l’humain, à l’instar de l’expérimentation menée en Loire-Atlantique. « La régénération, c’est aussi le renoncement de choses qui ne font plus sens », complète Pascale Guiffant, évoquant ainsi l’entreprise Expansience (groupe qui détient notamment la marque Mustela), qui accepté de se passer de 30 % de son chiffre d’affaires en arrêtant de vendre des lingettes. « Ce qui nous fait avancer, c’est de partager un enjeu et l’envie de changer, de prendre conscience que le chemin sur lequel nous sommes nous emmène à de plus en plus de crises. Cela nous oblige à nous adapter. Je crois beaucoup à l’idée de se mettre dans une logique des communs : comment nous allons tous nous organiser pour maintenir un commun qui nous est cher, dont nous dépendons », défend Pascale Guiffant. La directrice générale d’Open Lande veut croire en 2050 comme échéance où la neutralité carbone sera atteinte et où les territoires seront transformés par l’économie générative. 

Céline Tridon

Céline Tridon

Rédactrice en Chef