Awabot favorise l’inclusion grâce à ses robots de télé-présence

Awabot, l'entreprise française spécialisée dans la robotique de service s'est fait une place sur le marché de la télé-présence Ses robots sont notamment utilisés par l’Education nationale pour permettre à des personnes gravement malades d’assister aux cours.

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James Cameron mise sur les Na'vis pour avatar, Awabot se tourne plutôt vers les robots et ce n’est pas de la science-fiction. L’entreprise française fabrique et programme des robots de télé-présence au service de l’inclusion et du distanciel en entreprise et dans l’industrie. A travers son innovation, elle permet aux personnes atteintes d’un handicap, isolées ou éloignées de maintenir un lien social. « Ce n’est pas un outil concurrent à la visioconférence mais plutôt complémentaire qui permet à n’importe qui de s’incarner physiquement grâce au robot », explique Jérémie Koessler, président d’Awabot.

L’écran de la machine est monté sur deux roues, à hauteur d’homme et est équipé d’une webcam, d’un micro et de haut-parleurs. Piloté à distance depuis un ordinateur, le robot se déplace dans différents endroits en affichant le visage de la personne qui pilote. L’Education nationale a investi dans près de 2 000 robots pour permettre à des élèves de suivre les cours à distance. Awabot propose aussi ses services pour assister à distance à des événements majeurs comme les César, le Ballon d’Or ou encore des compétitions sportives. « Depuis cette année, nous sommes aussi présents aux Grands Prix de Formule 1 ».

D’intégrateur à fabricant de robots made in France

A sa création en 2011, la société se spécialise dans la recherche en robotique et plus particulièrement sur l’interaction entre les hommes et les machines. Mais rapidement, Jérémie Koessler et ses équipes veulent du concret et analysent les technologies existantes. « Quand on se lance dans la robotique, on se confronte à tout ce qui a été promis et la réalité du marché. Il y a beaucoup d’échecs parce qu’il faut être à la fois spécialisé en intelligence artificielle (IA) et en mécanique ». Ils découvrent alors la robotique de télé-présence qui met de côté l’IA. « Ces robots fonctionnent grâce à de la connectivité et de l’ingénierie tout en étant contrôlés par un humain ».

En pivotant sur ce nouveau marché, Awabot répond à un appel à projets de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour permettre à des enfants déscolarisés de suivre leurs cours à distance. « Nous avons commencé par trois robots. Puis la région nous en a demandé 57 autres ». Ce succès remonte alors jusqu’au sommet de l’Etat et plus précisément jusqu’au ministère de l’Education nationale qui souhaite en obtenir 1 750 pour des personnes gravement malades et pour de longues durées. Pour répondre à ce nouvel appel à projets, Awabot doit relocaliser sa production. Jusque-là, l’entreprise était intégratrice de logiciels et distributeur des robots produits à Palo Alto aux Etats-Unis.

En 2021, grâce au plan France Relance, Awabot inaugure une ligne de production à Vénissieux (Auvergne-Rhône-Alpes). « Grâce à ce plan, on a pu rapatrier la production et monter l’usine en un temps record. C’est une belle histoire de relocalisation des Etats-Unis vers la France, en pleine crise sanitaire », se réjouit Jérémie Koessler. En rachetant la licence de fabrication, Awabot évite des frais liés à la création from scratch. A titre d’exemple, la société américaine qui a conçu les robots avait, à l’origine, déboursé 100 millions de dollars pour les concevoir, tandis qu’Abawot a racheté la licence 1,5 million d’euros. « La robotique demande des fonds énormes au démarrage ».  Grâce à cette relocalisation, l’entreprise française remporte l’appel à projets TED-i (Travailler Ensemble à Distance et en Interaction) lancé par l’Education nationale.

Des robots présents dans les écoles, les stades et les entreprises

En répondant à ces appels à projets régionaux puis nationaux, Awabot se spécialise dans la télé-présence au service de l’inclusion. L’entreprise est notamment sollicitée par l’Institut d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique du Centre Léon Bérard à Lyon. L’objectif étant de mettre à disposition de jeunes patients hospitalisés des robots de télé-présence afin de maintenir le lien avec leur famille pendant les périodes d’isolements prolongées en unités protégées.

D’autres secteurs comme le monde du sport sont également intéressés. « En 2016, l’Olympique Lyonnais, à travers sa fondation, est le premier club de football européen à s’être équipé d’un robot de télé-présence », indique Jérémie Koessler. Depuis d’autres ont franchi le cap comme le FC Barcelone ou encore le Paris Saint-Germain, entre autres. Dernièrement, deux jeunes passionnés de football ont eu le privilège d’être invités par la Présidence de la République Française à la finale de la Coupe du Monde au Qatar. Connectés au robot de télé-présence de la Fédération Française de Football depuis leurs chambres d’hôpital, ils ont pu à tour de rôle échanger avec des personnalités présentes au stade.

La présence de ces robots lors d’événements majeurs offrent une certaine visibilité à l’entreprise dans le monde entier. Pour autant, la plus grosse part d’activité d’Awabot reste l’Education nationale. « Nous aimerions dupliquer ce modèle à l’international ». A l’avenir, Jérémie Koessler souhaite aussi développer de nouveaux robots, cette fois-ci de télé-opération à destination de secteurs comme l’industrie ou le bâtiment. « Nous voulons rendre « télétravaillable » des secteurs qui ne le sont pas pour réduire les inégalités d’accès à l’emploi ».