IA dans le secteur de la santé : les 5 avantages clés

De plus en plus d’entreprises de la Health Tech ont recours à l’intelligence artificielle. De la détection précoce des troubles au suivi des patients, l’IA a en effet le potentiel d’améliorer substantiellement le quotidien des patients et des professionnels de santé. Big média revient sur quelques-uns des nombreux bénéfices de l’IA dans ce domaine. 

IA et santé : cinq avantages clés

On entend parler d’elle dans tous les secteurs d’activité : transports, commerce, finance, environnement, défense, industrie… l’intelligence artificielle s’est imposée en quelques années comme un des tremplins technologiques majeurs des sociétés de demain. Si l’IA comporte son lot de risques, ce que vise d’ailleurs à encadrer le nouveau règlement européen sur l’intelligence artificielle (IA Act) adopté par le Conseil européen le 21 mai dernier, cette technologie profite indéniablement à de nombreux domaines – et la santé au premier chef. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) relève en effet que le marché mondial de l’IA en santé pourrait être multiplié par 16 d’ici 2030 et passer ainsi de 11 milliards de dollars en 2021 à… 188 milliards de dollars1. La France, de son côté, n’est pas en reste et semble particulièrement à la pointe de l'utilisation de l’IA dans la santé : d’après une étude de la medtech PulseLife2, plus d’un soignant sur deux (53 %) aurait recours à l’IA dans sa pratique. De plus, le pays compte plus de 2 600 PME innovantes dans la santé, dont pas moins de 450 sociétés de numérique en santé et IA3 (le double d’il y a quatre ans).

Mais concrètement, qu’est-ce que l’IA présente comme avantages pour le secteur ? 

L’IA comme aide à la détection, au diagnostic médical et au traitement d’une maladie 

L’intelligence artificielle doit permettre d’affiner les diagnostics des médecins mais aussi, en amont, de détecter une pathologie, une maladie rare ou invisible et ainsi d’établir le traitement le plus approprié. Selon un sondage IFOP réalisé pour Sanofi, 81 % des médecins pensent que l’IA pourrait contribuer à l’amélioration du diagnostic des maladies rares. En entraînant des algorithmes de deep learning ou encore d’apprentissage automatique sur les grandes quantités de données produites par les systèmes de santé, des dossiers des patients jusqu’aux actes d’imagerie médicale (plus de 96 millions générés en 2022 dans le secteur libéral4), les diagnostics pourraient être plus rapides, précis et personnalisés. Cela offrirait, de facto, plus de temps aux professionnels de santé pour le suivi de leurs patients. Les champs d’application sont d’ores et déjà nombreux : oncologie, ophtalmologie, cardiologie (à l’instar de la start-up santé Cardiologs) ou dermatologie, avec par exemple les startups françaises Therapixel et Damae Medical qui rendent respectivement possible, par l’implémentation de l’IA à leurs solutions, la détection précoce du cancer du sein et des cancers cutanés. L’IA présente également un intérêt certain pour la médecine génomique, qui manie d’importantes masses de données. 

Protéger les systèmes de santé contre les menaces cyber   

Les données de santé sont des données sensibles qu’il convient de protéger coûte que coûte. Or on ne compte plus les cyberattaques, notamment sur les hôpitaux. En avril dernier, l’hôpital de Cannes a par exemple subi une cyberattaque provoquant la fuite de 61 giga-octets de données. Sur les 581 incidents informatiques dans les hôpitaux et établissements médico-sociaux recensés en 2023 par l'Agence du Numérique en Santé, près de la moitié sont des cyberattaques. Le préjudice financier de ce type de malveillances pourrait atteindre, dans le monde, la somme colossale de 10 500 milliards de dollars5 d’ici 2025. Or il se pourrait que l’IA, à condition d’être utilisée à bon escient, puisse prévenir et contrer ce genre d’opérations. Détecter et bloquer les attaques en temps réel, anticiper un comportement suspect, renforcer la sécurité des données, sécuriser le réseau, voire prédire de futures failles… Si elle est parfois à la source du problème en matière de cyberattaque et suscite des inquiétudes à ne pas ignorer, l’IA semble également être, entre de bonnes mains, un outil efficace pour le renforcement de la sécurité des systèmes de santé. 

Utilisation de l'IA par les professionnels de santé dans leurs interventions 

On a vu que l’’intelligence artificielle pouvait aider concrètement les professionnels dans leurs pratiques, par exemple dans la détection anticipée de pathologies ou d’anomalies. Mais l’IA intervient également dans l’acte de soin en lui-même : en chirurgie, notamment, les avancées sont particulièrement remarquables. L’IA peut être à tous les stades de l’opération, de la planification à la modélisation jusqu’à la réalisation. Certains hôpitaux de l’AP-HP ont par exemple fait entrer au bloc opératoire Connected Surgery, une plateforme d’assistance chirurgicale basée sur l’IA – laquelle peut également servir à améliorer la sécurité des patients durant une opération, à l’instar du CHU de Strasbourg, qui a intégré à son bloc opératoire un dispositif innovant permettant de prévenir les risques d’hypotension artérielle (qui ne peut pas être anticipée avec les outils traditionnels de surveillance de la pression artérielle) lors des interventions chirurgicales. L’intelligence artificielle n’est pas la seule technologie novatrice à venir en aide aux praticiens (casque de réalité mixte, robots-chirurgiens, impression 3D, etc.). De nombreux hôpitaux ont déjà adopté ce type de dispositifs, qu’il convient évidemment d’encadrer d’un point de vue éthique et déontologique.  

L’intelligence artificielle générative pour pousser la découverte de nouveaux médicaments 

La découverte de médicaments est un processus coûteux et (très) chronophage. Ainsi la mise en vente d’un nouveau médicament peut-elle prendre des dizaines d’années (R&D, phase clinique, etc.) et coûter plusieurs milliards de dollars. Ces dernières années ont vu fleurir de nombreuses startups et « techbio » innovantes qui, associées à l’industrie pharmaceutique, misent sur l’intelligence artificielle générative pour accélérer drastiquement la recherche et le design de nouvelles molécules. C’est par exemple le cas des startups françaises Bioptimus, fondée par deux anciens de Google et Owkin, qui a récemment réalisé une levée de fonds de 35 millions de dollars, Iktos ou encore Aqemia, dont le nouveau partenariat avec Sanofi s’élève à 140 millions de dollars. D’autres, comme la britannique Exscientia, se focalisent plus spécifiquement sur le design de médicaments, avec une solution d’IA générant des propositions de composés. Réduction des coûts, des délais, des échecs cliniques, optimisation des performances des molécules ou identification de nouvelles cibles thérapeutiques, l’IA a définitivement un rôle à jouer dans la découverte des médicaments de demain.   

Utiliser l’IA pour veiller sur la santé mentale des patients  

L’intelligence artificielle a également sa place dans le suivi des personnes souffrant de troubles mentaux. En 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que plus de 150 millions de personnes souffraient d’un problème de santé mentale en Europe, une situation qui ne s’est certainement pas arrangée avec le Covid-19. Or l’IA semble pouvoir appuyer – et en aucun cas remplacer – le travail des professionnels de santé dans la détection et le suivi de troubles mentaux. Cela peut passer par le ciblage de certaines catégories de populations particulièrement sujettes à la dépression, l’anxiété ou des troubles neuropsychiatriques : une deeptech comme Emobot a par exemple mis au point un petit robot équipé d’une IA capable d’anticiper les troubles de l’humeur chez les personnes âgées vivant en Ehpad, quand d’autres, telles que Présage ou Oso-Ai, permettent d’anticiper les situations de détresse ou les risques d’hospitalisations. Des recherches scientifiques s’aidant de l’IA ont également lieu en ce qui concerne la détection de troubles anxieux à l’adolescence, à l’instar de cette étude du laboratoire Trajectoires développementales et psychiatrie (Inserm/ENS Paris-Saclay) et du Centre Borelli (ENS/CNRS/Université Paris-Saclay). En analysant conjointement les données de la génétique, de l'épigénétique et de l'imagerie médicale, les outils d’intelligence artificielle pourraient globalement permettre aux chercheurs de constituer une connaissance plus précise des pathologies mentales et de détecter d’éventuels signes avant-coureurs. 

Sources 

  1. OCDE : l’IA dans le domaine de la santé 
  2. Baromètre IA en santé : alliée ou menace ? - PulseLife 
  3. Panorama France HealthTech 2023 de France Biotech  
  4. L’imagerie médicale : Un atout pour la santé, un atout pour l’économie - FNMR (Fédération nationale des médecins radiologues) 
  5.  OCDE : l’IA dans le domaine de la santé 

 

Felix Tardieu

Felix Tardieu

Rédacteur Web